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Saïd Elakhal : «Le prosélytisme évangélique n'entre pas dans le cadre des droits des minorités»
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 11 - 12 - 2009

L'islamologue Saïd Elakhal estime que l'expulsion par les autorités marocaines des prosélytes évangélistes est conforme à la loi.
ALM : Cinq ressortissants étrangers, dont deux Suisses, viennent d'être expulsés pour prosélytisme évangéliste. Quel commentaire faites-vous de cette décision des autorités marocaines?
Saïd Elakhal : La décision d'expulsion prise par les autorités marocaines à l'encontre des ressortissants étrangers à cause du prosélytisme évangéliste est une initiative qui rentre dans le cadre des prérogatives garanties par la loi aux autorités. Ces prérogatives engagent les autorités à assurer la protection et la garantie de «la sécurité spirituelle» des citoyens. En fait, la Constitution marocaine fait de la protection de la religion l'un des devoirs primordiaux de la Commanderie des croyants. Ainsi, l'intervention des forces de sécurité visant à mettre fin aux activités de ces prosélytes et leur expulsion en dehors du territoire national s'inscrit dans ce cadre. Certaines parties diraient que cette mesure constitue une violation des droits de l'Homme. Toutefois, l'essence de cette affaire doit être perçue selon un autre angle, celui de la préservation des constantes communes aux Marocains. Les autorités marocaines traitent les prosélytes d'après leurs activités qui portent atteinte à ces constantes.
Pensez-vous que le prosélytisme évangéliste constitue un danger pour le Maroc?
Il faut rappeler tout d'abord que les Marocains ont toujours cohabité avec des personnes de confession non-musulmane et jamais ils n'ont eu peur d'eux. Cependant, le danger provient, désormais, de deux facteurs. Le premier facteur c'est que les activités de prosélytisme connaissent de plus en plus une intensification et une expansion au niveau de plusieurs régions et sous diverses dénominations. Ces activités ne sont plus limitées dans le temps et dans l'espace. L'intensification du prosélytisme le met à découvert et inspire désormais la panique. Ce qui oblige, ainsi, les autorités marocaines à agir. Le deuxième facteur est l'exploitation politicienne de ces activités, aussi limitées soient-elles, par les organisations islamistes. Le prosélytisme constitue une opportunité pour ces organisations pour prouver aux citoyens qu'elles défendent les croyances islamiques. Ceci est en mesure de garantir une certaine légitimité à ces organisations et rend leur existence utile. Ainsi si les autorités ferment l'œil sur ces activités, cela donne un soutien considérable aux islamistes et ne profite pas, bien évidemment, aux autorités constitutionnelles de la Commanderie des croyants responsable de la protection de la religion. C'est pour cela que les autorités appliquent la loi contre les prosélytes afin de retirer la carte de la protection de la religion des mains des islamistes.
Contrairement à la communauté juive, les chrétiens résidant au Maroc ne jouissent pas d'un statut. Quelle analyse faites-vous de ce constat ?
Ce constat est lié à des facteurs historiques. Les juifs marocains sont des citoyens à part entière depuis plusieurs siècles. Personne n'est en mesure de contester cela. C'est pour cette raison qu'ils ont eu droit à un statut juridique à part qui protège leurs droits en tant que minorité, et ce en plus des droits qui leur sont garantis par la citoyenneté. Ainsi lorsque la Moudawana a prévu le respect du statut législatif des Marocains juifs, ceci n'a pas suscité d'opposition. L'existence des chrétiens au Maroc est, par ailleurs, liée essentiellement à la colonisation. Ce qui veut dire qu'ils ont conservé le statut des étrangers résidant au Maroc. Ceci ne leur a pas permis de bénéficier d'un statut juridique qui garantit leurs droits en tant que minorité, ni par la Constitution, ni par la Moudawana. Certes, ils ont le droit de pratiquer leurs religions dans les églises mais en tant que communauté ou en tant qu'individus seulement. En plus de cela, les citoyens chrétiens n'ont pas encore réussi à s'organiser dans le cadre d'une association qui défend leurs intérêts et qui travaille dans le cadre de la loi. Pire encore, ils se trouvent le plus souvent dans l'embarras d'évoquer leur appartenance religieuse en plein public.
Peut-on établir une comparaison entre cette expulsion et l'interdiction des minarets en Suisse ?
En réalité, nous ne pouvons pas établir une comparaison entre deux faits incomparables. L'expulsion des évangélistes rentre dans le cadre de la préservation de la sécurité spirituelle des Marocains. Alors que l'interdiction faite par les autorités suisses de construire des minarets a d'autres motivations et n'a rien à voir avec le droit des musulmans de pratiquer leur religion. En effet, la Suisse n'a pas interdit la construction des mosquées mais des minarets. Il y a là une grande différence. Les autorités suisses ont leurs propres arguments. Si seulement les minarets réduisaient le volume de l'appel à la prière du «Sobh», ou même si l'on cessait carrément la diffusion de l'appel dans cet environnement chrétien, je ne crois pas que les Suisses auraient pris cette décision. Il faut dire que même dans les pays musulmans, certains citoyens se plaignent souvent du volume élevé de l'appel à la prière du Sobh. Je me rappelle que feu Hassan II avait interdit le «Tehlal», l'appel fait par les mosquées une demi-heure avant l'appel du Sobh. D'autres pays arabes avaient également pris des mesures visant à minimiser le dérangement occasionné par les amplificateurs de son. C'est le cas de l'unification de l'appel à la prière en Égypte et l'interdiction du «Tehlal» il y a un an en Arabie Saoudite. Les musulmans en Europe devraient au mieux élaborer une jurisprudence à propos de l'appel à la prière. Une jurisprudence qui correspond à leur situation en Suisse et ne les mettant pas dans l'embarras vis-à-vis des autorités suisses. On ne peut pas faire subir le dérangement des amplificateurs de son à des non-musulmans.
Le Maroc a dénoncé fermement le vote suisse contre les minarets. Le Maroc est-il un pays qui garantit pleinement les droits des minorités ?
Comme j'ai eu l'occasion de le mentionner, le prosélytisme évangélique n'entre pas dans le cadre des droits des minorités. Cependant, les minorités ne sont pas interdites d'exercer leurs rituels au Maroc. D'ailleurs, la législation marocaine garantit les droits religieux de ces minorités. En effet, la loi ne sanctionne qui que ce soit pour avoir fréquenté une église ou une synagogue pour pratiquer le culte. De même, les juifs et les chrétiens résidant au Maroc ne se sont jamais plaints de l'intervention des autorités sécuritaires ou judiciaires pour les empêcher de pratiquer leurs cultes. D'ailleurs, le Maroc se déclare un pays garant et protecteur de la liberté de culte des minorités. Et pour qu'il n'y ait pas de confusion, il fallait distinguer entre le prosélytisme chrétien au Maroc et la liberté de culte des chrétiens. Car faire la propagande du christianisme dans le rang des musulmans ébranlera leur foi. Et ceci est incompatible avec la loi. Quant à la pratique des rituels chrétiens dans les églises au Maroc, celle-ci est garantie par la loi.
Le Maroc expulse les chrétiens pour prosélytisme évangélique, alors que les musulmans en Europe, par exemple, pratiquent souvent la prédilection en toute liberté. Qu'en dites-vous ?
A vrai dire, ceci est un paradoxe que le monde musulman connaît dans son intégralité et non seulement le Maroc. Cela a des racines historiques et politiques. En effet, les racines historiques remontent au conflit sur le pouvoir qui a pris naissance entre les musulmans à la suite du décès du Prophète Sidna Mohammed sur Lui Salut et Bénédiction. Et face à l'intensité de ce conflit et pour affaiblir la position des tribus ayant opposé le pouvoir central nouvellement constitué, il a été décidé de leur apostat d'où l'exécution des personnes apostasiées. Depuis, les musulmans sont devenus sévères à l'encontre de toute personne ayant décidé de se convertir à une religion quelconque. Tandis que les racines politiques se manifestent à travers la modernité des institutions constitutionnelles et leur fragilité ou leur image voire leur inexistence dans les pays islamiques.


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