Mondial féminin U17 : Maroc – Brésil pour l'ouverture ce vendredi    Entre record et doutes, les Lions de Regragui gagnent mais ne rugissent pas    Classement FIFA : Le Maroc reculera d'un rang malgré sa série record ?    Le Chef du gouvernement reçoit une délégation de hauts responsables et d'opérateurs économiques de la province chinoise d'Anhui    Le groupe espagnol Ávoris établit un partenariat avec Atlas Voyage pour stimuler le tourisme marocain vers les Caraïbes    EasyJet ouvrira sa première base africaine à Marrakech au printemps 2026, avec 4 millions de sièges annoncés la première année    Stellar AfricaGold annonce un placement privé de 30,3 millions de dirhams pour financer l'exploration aurifère de Tichka Est    Etablissement de paiement : Chari lève 12 millions de dollars et décroche l'agrément de Bank Al-Maghrib    Céréales : 300 MDH pour l'irrigation de complément dans le Loukkos    Tourisme : Nouveau record avec 15 millions d'arrivées à fin septembre 2025    Xinjiang : l'émancipation féminine, un moteur pour la région    Moyen-Orient : le Caucus des accords d'Abraham salue la paix entre Israël et le Hamas et confirme la participation de Rabat au processus    Akhannouch : «Allez à la rencontre des citoyens»    Maroc-Russie: Une rencontre Bourita-Lavrov prévue ce 16 octobre à Moscou    L'Equipe écrit : Yassine Jassim, le joyau de Dunkerque qui émerveille le monde sous le maillot du Maroc au Mondial des moins de 20 ans    Le mot-dièse «#هنيونا» embrase les réseaux et dénonce les appels au boycott du match Maroc–Congo    Regragui : L'équipe nationale continue de tirer des enseignements et de progresser pour la CAN    Eliminatoires Mondial 2026 : Le Maroc surclasse le Congo et bat un record mondial    Record mondial : les Lions de l'Atlas en majesté après une seizième victoire consécutive    Accès aux soins oncologiques au Maroc : disparités territoriales, insuffisance des ressources et lenteur du parcours thérapeutique face à une charge cancéreuse croissante    La cour d'appel d'Agadir inflige de lourdes peines après les événements d'Aït Amira    Alerte météo: Averses orageuses fortes avec rafales de vent attendues à Figuig et Boulemane    AFRI'CAN : Afrique en transe design    Le Maroc accueille la Conférence régionale africaine sur le droit de suite des artistes    Feijóo du PP propose de durcir l'accès à la nationalité espagnole pour une meilleure intégration    Maroc : Un étudiant condamné pour le piratage des panneaux d'affichage de la CAN 2025    New Safran facilities, another step in Morocco's rise as a global aerospace hub    AFCON 2025 : 58,000 tickets sold so far, organizing committee vows improvements to Yalla app    Palestine : Quelle suite au cessez-le-feu entre Israël et le Hamas ?    CAN 2025 : 58 000 billets vendus jusqu'à présent, le comité d'organisation promet des améliorations à l'application Yalla    Grammy Awards 2025 : Youssef Guezoum en lice avec la BO de la série «The Deep State»    Interview avec Anace Heddan : «On ne répare pas le système de santé en deux ans ni en deux réformes»    Casablanca : Le festival Comediablanca s'internationalise !    Subvention de la musique des arts chorégraphiques: Ouverture du dépôt des candidatures au titre de la deuxième session de 2025    Sénat malgache : Richard Ravalomanana destitué de sa présidence    Schneider Electric : le Maroc, un hub stratégique et un laboratoire à ciel ouvert    Sahara Marocain. Le Burkina Faso appuie le Maroc    Quatre femmes, mille rires : "Ménopause" au studio des arts vivants de Casablanca    L'art moderne nigérian s'expose à Londres    Peines alternatives : 450 personnes condamnées dont 9 transgressions    Lancement d'une campagne de vaccination anti-grippe ciblant 19 millions de Français    Tournant diplomatique : La Russie se rapproche du soutien au plan d'autonomie marocain    Le HCP prévoit une croissance de 4,7% au T4-2025    Le Maroc mentionné dans une enquête israélienne sur un ressortissant accusé d'espionnage au profit de l'Iran    Comediablanca announces international tour starting at Paris Olympia    Baitas : « Le taux d'interaction du gouvernement avec les questions écrites du Parlement atteint 70% »    Maroc : Message de condoléances du roi Mohammed VI à l'émir du Qatar    Armement : Nouveau test du drone SpyX sur le sol marocain    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le géant d'Erfoud
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 08 - 08 - 2003

L'ambassade d'Allemagne organise, en automne 2003, une exposition de l'un des artistes les plus célèbres dans le monde. Hannsjörg Voth a construit trois œuvres monumentales dans le sud-est du Maroc. Elles sont admirées dans le monde entier, sauf ici.
Au milieu du désert marocain, une ville surgit soudain. Le voyageur pense à un mirage ! Il a beau se rapprocher de la cité, elle ne s'évapore pas. Bien au contraire, elle lui révèle des détails. Ses tours ne vacillent pas. Ses murs ne tremblent pas.
Les creux opérés dans les murs pour l'évacuation de l'eau deviennent nets à mesure que le voyageur se rapproche. Il se frotte les yeux pour faire disparaître l'apparition, mais ne réussit pas. Il s'avance d'un pas décidé, et se retrouve tout près des tours qui le dominent de plusieurs mètres.
Il en appelle au toucher pour se persuader qu'il ne rêve pas ! Ses mains lui communiquent une sensation rugueuse. Il se résout enfin à accepter qu'il est en présence de constructions qui ne sont pas le fruit de son imagination ou d'une insolation.
Il entre dans la ville où il constate que les bâtiments sont conservés dans un état impeccable. Le voyageur se met à courir dans tous les sens, à crier sans que personne ne lui réponde. Il n'y a pas âme qui vive ! Il est sûr alors d'être le premier témoin de la réapparition d'une cité mythique, enfouie dans le désert pendant des siècles. Il court annoncer la bonne nouvelle à Erfoud où il est stupéfait de constater que personne ne s'enthousiasme pour sa découverte. «C'est la ville de l'Allemand Voth», lui répond un maçon.
Cet ouvrier sait de quoi il parle, parce qu'il a pris part à la construction de la « Cité d'Orion ». Son concepteur, Hannsjörg Voth, est l'un des artistes contemporains les plus célèbres dans le monde, et particulièrement dans la forme d'art dite “land art”. Cette expression désigne des interventions, souvent gigantesques, d'artistes contemporains dans des paysages naturels. Les œuvres participant du “land art” ne peuvent ni se commercialiser, ni se transporter vers d'autres endroits. Il existe deux façons seulement d'en prendre connaissance: la diffusion par la photographie ou la visite du lieu pour lequel elles ont été conçues.
Au demeurant, la « Cité d'Orion », réalisée en 2003, n'est pas l'unique œuvre que Voth a réalisée dans le sud-est marocain. Il en existe deux autres. « L'escalier céleste » date de 1987. Haut de 16 mètres, il constitue l'un des ouvrages les plus représentatifs de l'artiste allemand. Cette œuvre exprime l'inclination de l'Allemand pour la chose ancienne. La vision de cet escalier renvoie immédiatement le spectateur à l'Histoire. Pas n'importe quelle histoire, mais celle où les hommes n'étaient pas clairement distingués des dieux, où ils pouvaient toucher dieu, où ils s'érigeaient en dieux. L'escalier céleste est une espèce de pendant de la tour de Babel. On n'y parle pas toutes les langues, mais il permet une ascension. Cette œuvre ne peut s'appréhender indépendamment du soleil. Les escaliers dessinent des scies lorsqu'ils sont éclairés à certains moments de la journée. D'ailleurs, il arrive que des bergers se reposent à l'ombre de l'escalier céleste. La troisième œuvre de Voth s'intitule « la spirale en or ». Il s'agit d'un mur sous forme de spirale qui mesure 60 x 97 mètres. Il s'appréhende en une seule fois seulement par une vue aérienne.
« La spirale en or » ressemble à quelques vestiges des civilisations anciennes friandes des géométries strictes. Elle rappelle les tracées laissées sur des vestiges précolombiens.
« Il est impossible de regarder les œuvres de Hannsjörg Voth sans penser qu'une autre civilisation est passée par là », nous précise l'écrivain et critique d'art espagnol Emmanuel Borja qui vit à Rabat. Il ajoute que la facination de l'architecture sur Voth tient au métier de son père. « Je pense que Hannsjörg Voth est à la fois nourri par la nostalgie de son père qui était architecte, et celle des origines de l'art qui sont consubstantielles à l'acte de bâtir », dit-il. Pour construire ses œuvres près d'Erfoud, Voth fait appel à la main d'œuvre de la région et aux techniques de construction locale. Pas de grue, ni de bulldozers, mais des hommes qui répètent un geste millénaire, consistant à mettre une pierre au-dessus de l'autre pour élever un bâtiment. « La cité d'Orion », « L'escalier céleste » et « la spirale en or » ont été financés, selon Emmanuel Borja, grâce à la vente des esquisses et dessins de l'artiste. Ils sont bien connus des habitants d'Erfoud, mais inconnus de la plupart des Marocains. L'artiste ne tiendrait pas d'ailleurs à ce qu'ils soient repérés par des touristes. Mais est-ce une raison suffisante pour qu'un artiste célébré dans le monde entier, et dont les œuvres construites au Maroc ornent des catalogues lourds de plusieurs kilos, ne suscite pas d'intérêt chez nous ?


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.