Naïma Samih est morte samedi, laissant derrière elle l'éclat d'une voix qui a marqué des générations. Figure emblématique de la chanson marocaine, elle a su imprimer à son répertoire une émotion rare, portée par une interprétation d'une sincérité bouleversante. La diva Naïma Samih s'est éteinte le 8 mars à l'âge de 74 ans, ont déclaré des membres de sa famille et de son entourage, emportant avec elle l'éclat d'une voix qui, des décennies durant, a résonné dans le cœur de millions de Marocains. Figure majeure de la chanson populaire, elle laisse un répertoire d'une richesse inestimable, marqué par des interprétations d'une intensité rare et une sensibilité à fleur de peau. Née en 1953 à Casablanca, elle grandit dans un environnement où la musique est une mémoire vivante, tissée de nostalgie et de ferveur. Très jeune, elle impose son timbre profond et vibrant, s'inscrivant dans la lignée des grandes dames du chant arabe. C'est Jrit ou Jarit qui, dès les années 1970, la propulse au rang d'icône : un hymne déchirant à l'exil et à la douleur de l'éloignement, dont l'écho ne s'est jamais éteint. D'autres succès viendront sceller sa place dans le patrimoine musical du Maroc. Yak A Jarhi, où la plainte amoureuse prend des accents de tragédie, El Khatem, empreint de mélancolie ou encore Ala Ghafla, chef-d'œuvre de délicatesse, témoignent d'une artiste dont chaque note semble extraite d'un vécu profond. À l'opposé des effets de mode, Naïma Samih privilégie l'authenticité, s'ancrant dans une tradition qu'elle sublime sans jamais la figer. Loin des artifices du vedettariat, elle demeure une figure d'une grande simplicité, préférant l'émotion brute aux démonstrations spectaculaires. Peu à peu, la scène s'éloigne, la maladie l'épuise, mais son empreinte demeure. Son répertoire, souvent repris par des voix nouvelles, continue de bercer les âmes et de peupler la mémoire collective. Avec sa disparition, le Maroc perd l'une de ses voix les plus précieuses, une artiste dont la présence discrète n'a jamais entamé l'immensité du talent.