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Selon Oxford Analytica, "les perspectives d'amélioration des relations entre le Maroc et l'Algérie restent sombres, Rabat modernise son armée à un rythme plus soutenu notamment en matière de guerre électronique"
Rabat bénéficie d'un accès privilégié aux équipements américains et israéliens, modernisant rapidement ses capacités en matière de guerre électronique, de drones et de défense aérienne. «En cas de conflit, le Maroc pourrait compter sur un soutien d'urgence des Etats-Unis, d'Israël et de la France, tandis qu'Alger resterait tributaire de la Russie», note Oxford Analytica. Les tensions entre le Maroc et l'Algérie demeurent vives, entretenues par des rivalités stratégiques et un antagonisme profond qui rendent toute réconciliation improbable à court terme. «La retenue mutuelle prévient l'éclatement d'une violence ouverte mais l'accumulation d'armements et les démonstrations de force entretiennent un climat de défiance», souligne Oxford Analytica dans son dernier rapport. Si les deux puissances évitent soigneusement l'affrontement direct, le risque d'une escalade accidentelle n'a jamais été aussi préoccupant. Un dialogue rompu et une méfiance accrue Depuis la rupture des relations diplomatiques en août 2021, Alger rejette toute médiation, accusant sans preuve Rabat de menacer sa sécurité nationale en raison de son rapprochement avec Israël. L'Algérie exige du royaume des gestes de réparation tandis que le Maroc poursuit une politique étrangère très active. Sur la scène internationale, les deux pays s'emploient à soutenir leurs alliances respectives, rivalisant d'efforts pour accroître leur influence au Sahel et en Europe. «L'Algérie et le Maroc cherchent à s'attirer les faveurs des puissances étrangères par le biais d'investissements, de partenariats sécuritaires et d'une diplomatie active, souvent dans l'optique de contenir l'influence de l'autre», note le rapport. Le Sahara, point de friction majeur La question du Sahara occidental constitue le principal foyer de discorde. «Le Maroc et l'Algérie pourraient frôler une escalade accidentelle dans le Sahara après l'effondrement du cessez-le-feu en novembre 2020», avertit Oxford Analytica. Le rapport rappelle que «en novembre 2021 et en octobre 2023, des incidents sécuritaires ont failli provoquer des réactions militaires qui auraient pu dégénérer hors de tout contrôle.» En 2022, la mission des Nations unies au Sahara (Minurso) avait même envisagé un retrait de la zone tampon, ce qui aurait pu précipiter une offensive marocaine et une intervention algérienne. «La crise a été évitée après que les séparatistes ont permis le ravitaillement des sites de surveillance de la Minurso situés dans la zone, annulant ainsi sa décision précédente de bloquer ces opérations», souligne Oxford Analytica. Un déséquilibre militaire aux implications incertaines En 2023, Alger a consacré 18,3 milliards de dollars à la défense, contre 5,2 milliards pour Rabat. L'Algérie possède ainsi environ 520 000 militaires, contre 200 000 pour le Maroc. Cependant, Rabat mise sur des équipements de pointe pour combler cet écart. «Le Maroc bénéficie de ses achats réguliers d'armes et d'équipements américains, ainsi que de sa coopération avec Israël. Cela laisse entendre qu'il modernise son armée à un rythme plus soutenu que l'Algérie, notamment en matière de guerre électronique, de drones et de défense aérienne», détaille la même source. En cas de conflit, les alliances extérieures joueraient un rôle clé. «Le Maroc pourrait obtenir un soutien d'urgence des Etats-Unis, d'Israël et de la France, tandis que l'Algérie resterait dépendante de la Russie», précise le rapport. Le rôle de Washington et l'incertitude Trump Jusqu'à présent, l'administration Biden a cherché à contenir les tensions en maintenant un équilibre dans ses relations avec les deux pays. «Les diplomates américains sont régulièrement intervenus pour empêcher que les incidents sécuritaires au Sahara ne dégénèrent», rappelle Oxford Analytica. Dans les semaines ayant suivi l'élection de Trump, les tensions se sont accentuées. «Le Maroc a accusé l'Algérie de se préparer à la guerre tandis que le président algérien Abdelmadjid Tebboune a nommé le chef d'état-major Saïd Chengriha ministre de la défense, une décision qui accentue la mainmise des forces de sécurité sur la prise de décision à Alger», décrit Oxford Analytica. M. Chengriha, qui avait été fait prisonnier au Maroc pendant six mois après la bataille d'Amgala en 1976, demeure profondément marqué par cet épisode. L'Algérie, selon le document, tente d'améliorer ses relations avec les Etats-Unis. «En janvier, son ministère de la défense a signé un mémorandum d'entente sans précédent avec le Commandement des forces américaines en Afrique (Africom). En février, Tebboune a loué Trump dans un entretien médiatique et a mis en avant la réticence de son pays à fournir des armes au Front Polisario comme preuve de son engagement en faveur de la stabilité régionale», mentionne le rapport. Deux scénarios sont envisagés concernant la politique américaine en Afrique du Nord : «Washington pourrait simplement se désengager de la région, comme Trump l'a fait pendant la majeure partie de son premier mandat ou il pourrait soutenir ouvertement le Maroc, comme le laissent présager la déclaration de décembre 2020 et les positions passées de Marco Rubio», expose Oxford Analytica. Un avenir marqué par des tensions persistantes Le Front Polisario, accusé souvent de terrorisme, peut passer à l'action. «L'opposition interne du Front appelle ouvertement à l'escalade contre le Maroc», observe Oxford Analytica. Certains au sein du mouvement estiment que la stratégie actuelle n'apporte aucun résultat et craignent que l'autodétermination ne s'éloigne encore. Cette pression interne pourrait mener à une escalade militaire. Face à cette montée des tensions, Alger devra peser ses décisions avec soin pour éviter un engrenage militaire incontrôlable. «L'Algérie devra réfléchir à la meilleure manière d'éviter une guerre totale», conclut Oxford Analytica.