Les prix de l'acide sulfurique en Europe ont poursuivi leur chute, divisés par deux depuis le sommet atteint en décembre 2024, alors que l'absence de débouchés traditionnels contraint les opérateurs à écouler leurs cargaisons sur des marchés plus lointains. Les cotations en sortie d'Europe du Nord ont reculé à 65 dollars la tonne le 6 mars, soit une baisse de 50 dollars par rapport aux niveaux de fin d'année. En Méditerranée, le repli atteint 60 dollars sur la même période. Ce mouvement résulte de la nécessité de repositionner des volumes initialement destinés au Maroc, tandis que les expéditions se réorientent vers l'Amérique du Sud à des prix inédits depuis mai 2024. En Bulgarie et en Turquie, des cargaisons cédées entre 65 et 70 dollars la tonne pour des livraisons immédiates ou jusqu'en mai ont dû être redirigées, faute d'acheteurs réguliers. Depuis six à huit semaines, l'intérêt ponctuel du marché marocain s'est estompé, modifiant l'équilibre des flux commerciaux. En Chine, principal fournisseur d'acide sulfurique au Maroc l'an dernier, la contraction de la demande nord-africaine ne s'est pas encore répercutée sur les prix à l'exportation. Un marché intérieur robuste limite la disponibilité des volumes, soutenant les cours, qui ont atteint 55 dollars la tonne au 6 mars, leur plus haut niveau depuis octobre 2024. Cette évolution coïncide avec la montée en puissance d'une nouvelle unité de combustion du soufre d'une capacité de 500 000 tonnes par an, mise en service au dernier trimestre 2025. L'an dernier, les importations marocaines avaient atteint un sommet de trois ans avec 2,01 millions de tonnes réceptionnées, selon les données douanières. Quelque 430 000 tonnes devraient encore parvenir à Jorf Lasfar au premier trimestre, avant une réduction attendue des volumes annuels, estimés entre 1 et 1,1 million de tonnes en 2025.