Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Zohour Alaoui : «Il est impératif de mobiliser la communauté internationale pour faire de l'apprentissage tout au long de la vie une priorité universelle»
Face aux bouleversements contemporains – qu'ils soient climatiques, technologiques ou géopolitiques –, l'apprentissage tout au long de la vie apparaît comme un rempart contre les inégalités et un facteur de stabilité. C'est ce qu'affirme Zohour Alaoui, ambassadrice du Maroc en Allemagne et vice-présidente du Conseil d'administration de l'Institut de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture chargé de l'apprentissage tout au long de la vie. Un impératif face aux mutations du monde actuel Selon Mme Alaoui, l'apprentissage ne peut être limité à la période scolaire et doit accompagner chacun tout au long de son existence. «Les défis auxquels nous sommes confrontés imposent de concevoir les sociétés comme des espaces d'apprentissage permanent, où chaque individu acquiert, renouvelle et approfondit ses connaissances tout au long de sa vie.» Elle souligne que cette approche dépasse la seule dimension professionnelle : «Un individu qui apprend en continu améliore sa qualité de vie, consolide son autonomie et participe pleinement à la vie publique.» À l'échelle collective, ajoute-t-elle, l'apprentissage tout au long de la vie réduit les inégalités, facilite l'accès à un travail digne et contribue au bien-être général. «Il permet aussi aux villes de devenir plus inclusives et plus résilientes face aux crises.» Le Maroc, une volonté affirmée Le Maroc, rappelle Mme Alaoui, a fait de l'apprentissage tout au long de la vie une priorité. «Notre engagement est ancien et s'est illustré à travers des initiatives majeures, dont l'accueil à Marrakech, en 2022, de la septième Conférence internationale sur l'éducation des adultes. Dans son message, le roi Mohammed VI a réaffirmé que le Maroc considère l'apprentissage tout au long de la vie comme un fondement de son développement.» Le pays a également vu plusieurs de ses villes rejoindre le Réseau mondial des villes apprenantes de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, et d'autres se portent candidates. Sur le plan continental, poursuit-elle, «le Maroc a pris l'initiative de créer l'Alliance des Commissions nationales et des villes apprenantes d'Afrique, afin de favoriser l'échange et la coopération.» L'ambassadrice met également en avant la création d'un institut dédié à l'apprentissage tout au long de la vie, en partenariat avec l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture et plusieurs institutions africaines. «Ce centre a vocation à encourager la coopération entre les pays du Sud et à valoriser les pratiques les plus prometteuses.» Enfin, l'université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès s'est dotée d'un observatoire consacré à l'apprentissage tout au long de la vie, placé sous l'égide d'une chaire de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, afin d'approfondir la recherche et l'innovation dans ce domaine. Un engagement international après CONFINTEA VII L'adoption, en 2022, du Cadre d'action de Marrakech lors de la Conférence internationale sur l'éducation des adultes constitue une avancée majeure pour les Etats membres. Toutefois, Mme Alaoui souligne que sa mise en œuvre exige des efforts soutenus et adaptés aux réalités nationales. «Il est essentiel de mieux informer, d'accompagner les pays et d'encourager le partage d'expériences pour que les engagements pris se traduisent en actions concrètes et durables. L'Institut de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture chargé de l'apprentissage tout au long de la vie a un rôle clé à jouer, notamment dans les pays confrontés à des situations d'urgence.» Elle insiste sur la nécessité d'un dispositif d'évaluation rigoureux pour mesurer les avancées et ajuster les stratégies. «C'est pourquoi la mise en place d'une commission interministérielle après CONFINTEA VII, comme le recommande le message royal, apparaît indispensable pour accélérer l'application du Cadre d'action de Marrakech, notamment en Afrique.» Une feuille de route centrée sur la coopération et l'innovation Dans ses nouvelles fonctions au sein du Conseil d'administration de l'Institut de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture chargé de l'apprentissage tout au long de la vie, Mme Alaoui s'attache à promouvoir une approche résolument tournée vers l'action. «Il est impératif d'assurer un suivi rigoureux du Cadre d'action de Marrakech et d'adapter son application aux contextes locaux.» Elle souligne également l'importance d'accentuer les échanges entre les pays du Sud et de renforcer la coopération avec les pays du Nord afin de mutualiser les savoirs et de diffuser les pratiques les plus efficaces. Enfin, le recours aux technologies numériques constitue, selon elle, un levier incontournable pour élargir l'accès à l'apprentissage et garantir des dispositifs souples et inclusifs. «Dans un monde marqué par des incertitudes croissantes, l'apprentissage tout au long de la vie ne relève plus uniquement de l'éducation : il est devenu un instrument de transmission, d'adaptation et de résilience.» Et de conclure : «En soutenant les économies et en réduisant les inégalités, l'apprentissage tout au long de la vie préserve la cohésion sociale et favorise la stabilité politique. Or, sans ces conditions, aucun développement durable ni aucune paix durable ne sont possibles. Il est donc impératif de mobiliser la communauté internationale pour faire de l'apprentissage tout au long de la vie une priorité universelle.»