L'ambassadeur du Maroc en Inde, Mohamed Maliki, a appelé New Delhi à rejoindre les pays qui soutiennent le plan d'autonomie proposé par Rabat pour le Sahara, mettant en avant la reconnaissance récente de cette proposition par le Royaume-Uni, membre permanent du Conseil de sécurité. «Lorsque l'on évoque la question du Sahara, il faut souligner les évolutions majeures de ces dernières années», a déclaré M. Maliki lors d'un entretien avec la chaîne indienne WION. «L'une d'entre elles est la reconnaissance par le Royaume-Uni du plan d'autonomie marocain comme la solution la plus crédible pour résoudre ce différend». «Le Royaume-Uni siège au Conseil de sécurité, et désormais, sur les cinq membres permanents, trois soutiennent ce plan», a-t-il ajouté, en allusion aux positions similaires des Etats-Unis et de la France. «Le Ghana a suivi et, hier encore, l'ancien président sud-africain Jacob Zuma a déclaré que le plan marocain représentait l'unique issue réaliste à ce conflit, appelant les autorités sud-africaines à reconsidérer leur position». Le Maroc appelle New Delhi à s'aligner M. Maliki a exprimé le vœu que l'Inde se joigne à ce qu'il décrit comme une consolidation diplomatique en faveur du plan marocain. «J'espère que l'Inde rejoindra cette tendance des pays soutenant le plan d'autonomie marocain pour résoudre ce différend artificiel qui perdure depuis trop longtemps», a-t-il déclaré. Le Sahara, une région stratégique pour l'Afrique et l'Europe «Le Maroc n'a jamais mis en péril son intégrité territoriale ni fait de concessions sur ce sujet. Il a toujours recherché des voies permettant de faciliter une résolution équitable», a-t-il souligné. «Le Sahara et le Sahel sont des régions critiques. Elles peuvent devenir des foyers de crise, non seulement pour l'Afrique, mais aussi pour l'Europe». «Le Maroc a démontré qu'il est un Etat stable, doté d'institutions solides et crédibles. Il est dans l'intérêt de la communauté internationale de résoudre ce problème tel que le Maroc le conçoit, notamment sous l'angle économique», a affirmé l'ambassadeur. Des relations économiques en pleine expansion Abordant la relation bilatérale, M. Maliki a rappelé l'essor des échanges entre Rabat et New Delhi. «Lorsque Sa Majesté a effectué sa visite en marge du sommet Inde-Afrique en 2015, notre commerce bilatéral s'élevait à 1,1 ou 1,2 milliard de dollars. En 2023, nous avons atteint 4,2 milliards», a-t-il indiqué. «Nous sommes passés de treize entreprises indiennes installées au Maroc à plus de 45 aujourd'hui. Le Maroc attire de plus en plus d'industries», a-t-il poursuivi. «Les relations entre nos peuples sont anciennes et le commerce les a longtemps nourries. Le Maroc a ouvert l'e-visa aux ressortissants indiens. L'an dernier, nous avons enregistré une hausse de 43 % des arrivées indiennes, et nous prévoyons une progression supérieure à 50 % cette année», a noté M. Maliki. «Il existe même des cinémas au Maroc qui ne diffusent que des films indiens. Certains Marocains parlent hindi, appris grâce au cinéma», a-t-il invoqué. Coopération sécuritaire et religieuse Interrogé sur la lutte contre le terrorisme, M. Maliki a souligné le soutien immédiat apporté par son pays à l'Inde après l'attentat de Pahalgam. «Le Maroc a été l'un des premiers pays à exprimer officiellement sa condamnation du terrorisme sous toutes ses formes», a-t-il déclaré. «La communauté internationale ne peut prendre ce fléau à la légère. Il entrave le développement économique, déstabilise les sociétés et compromet la paix». «Notre approche repose sur trois piliers : le développement des régions pauvres pour tarir les viviers de recrutement, l'échange de renseignements pour prévenir les attaques, et enfin, l'éducation», a expliqué le diplomate. «Nous avons mis en place un programme de formation pour les imams, dont bénéficient des religieux indiens. Nous leur transmettons les fondements d'un islam tolérant, fidèle à sa vocation originelle, loin des déformations extrémistes». Soutien à l'entrée de l'Inde au Conseil de sécurité Enfin, M. Maliki a réitéré l'appui de Rabat à la réforme du Conseil de sécurité. «Le monde actuel n'a plus rien à voir avec celui qui a vu naître l'ONU au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il faut prendre en compte les nouvelles puissances émergentes et les réalités géopolitiques contemporaines», a-t-il insisté. «L'Inde est la voix du Sud. Quant à l'Afrique, avec ses 54 pays, elle mérite elle aussi une représentation équitable. Le Maroc soutient pleinement l'accession de l'Inde à un siège permanent», a conclu l'ambassadeur.