En pleine consolidation à l'international de la position du Maroc autour du Sahara et l'addition de nouveaux acteurs dans l'appui à l'initiative d'autonomie proposée en 2007 devant le Conseil de sécurité, l'Algérie déroule le tapis rouge à une délégation de parlementaires indiens, menée par des figures du BJP pour tenter de contrebalancer une réalité politique mondiale croissante. L'objectif affiché : courtiser l'Inde, acteur influent du sud global, au risque de se mettre le Pakistan à dos. La diplomatie algérienne tente de séduire l'Inde et de prendre son parti dans son conflit avec son voisin, le Pakistan, en accueillant avec faste une délégation parlementaire indienne dirigée par des figures du BJP, parti nationaliste hindou au pouvoir à New Delhi. Alger cherche visiblement à rallier l'Inde à la cause du polisario, néanmoins cette manœuvre politique et diplomatique soulève de sérieuses contradictions dans un pays supposé être à majorité musulmane, membre actif de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), étant donné qu'il tend la main à un parti accusé de promouvoir des politiques ouvertement islamophobes, y compris contre sa propre minorité musulmane en Inde. L'Algérie ne semble reculer devant rien pour tenter de glaner désespérément quelques victoires de façade, jusqu'à aller envers et contre tout ce qu'elle est censée représenter et le positionnement diplomatique qu'elle fait. En effet, Alger veut se montrer comme un acteur défendant les « peuples opprimés » comme les Palestiniens – bien que sa défense se limite à des discours, mais va accueillir une délégation de politiciens indiens membres du parti accusé de « martyriser » la minorité d'indiens musulmans et de continuer à promouvoir le système de castes, les reléguant en bas de l'échelle sociale. La délégation de parlementaires indiens, emmenée le député Nishikant Dubey (BJP), était en déplacement en Algérie jusqu'à ce lundi 2 juin, dans le cadre d'une tournée placée sous le thème de la lutte contre le terrorisme mais cherchant le soutien international et des alliances contre le Pakistan. Dans ce cadre, l'Algérie n'a pas lésiné sur les moyens pour faire miroiter à la délégation indienne que cet objectif d'alliance pourrait se faire. Le député Nishikant Dubey du BJP l'a clairement indiqué dans des déclarations à la presse qui ont fait fuiter le comportement algérien durant cette visite. Dans des déclarations à l'agence de presse indienne ANI, il a affirmé: « l'Algérie veut nous soutenir (contre le Pakistan) », révélant que le pays a organisé une visite dans plusieurs sites importants, notamment l'église Notre-Dame, « où ils ont allumé des bougies à la mémoire des victimes de l'attentat terroriste ignoble de Pahalgam », selon The Tribune India. Il a ajouté que les relations entre l'Inde et l'Algérie étaient très anciennes, remontant à la guerre de décolonisation, soulignant que l'Inde soutenait la lutte pour la liberté de l'Algérie et qu'elle se souvenait de cette aide. « L'Inde a soutenu le Front de libération nationale (FLN)... La France nous avait menacés à l'époque. Ensuite, le gouvernement indien et l'opposition ont décidé de soutenir la lutte pour la liberté de l'Algérie. L'Algérie le reconnaît », a-t-il indiqué. Par ailleurs, le député a révélé samedi dans des déclarations à l'agence ANI que l'Algérie avait joué un très « grand rôle » dans la résolution qui a été adoptée contre le Pakistan au Conseil de sécurité de l'ONU après les événements de Pahalgam. Dans sa démarche souhaitant glaner le soutien de l'Inde pour le mouvement séparatiste du polisario, l'Algérie a redoublé d'efforts dans l'accueil de ses hôtes. « Une très haute priorité a été accordée à notre délégation. Tous les agents du protocole algérien ont été mis à notre service », a affirmé Dubey, révélant ce qui s'est passé lors de leur séjour en Algérie. « Nous avons été accueillis comme invités d'État », a-t-il encore précisé, se félicitant du soutien de l'Algérie, « membre temporaire du Conseil de sécurité de l'ONU... (et) membre +très important+ de l'OCI ». Pour rappel, la délégation multipartite indienne s'est rendue en Algérie du 30 mai au 2 juin pour « renforcer la coopération mondiale dans la lutte contre le terrorisme », selon l'agence de presse indienne ANI. Les efforts diplomatiques du gouvernement indien visent à renforcer les partenariats avec plusieurs pays mais en particulier ceux d'Asie de l'Est et du Sud-Est. Le pays a lancé l'opération Sindoor le 7 mai, suite aux événements de Pahalgam du 22 avril, au cours desquelles 26 personnes ont été tuées. Lors de cette opération militaire, les forces armées indiennes ont ciblé des infrastructures au Pakistan et dans le Jammu-et-Cachemire, faisant plus d'une centaine de morts.