Selon le rapport publié vendredi 13 juin par IndexBox, la filière africaine de la noix décortiquée connaît une progression modérée, portée par une consommation soutenue en Afrique de l'Ouest. Dans cet ensemble en mutation, le Royaume du Maroc se distingue par une situation paradoxale : une production en repli, une consommation intérieure en recul, et des exportations encore embryonnaires, totalisant à peine 0,7 million de dollars (soit environ 7 millions de dirhams) en 2024. Un marché continental dominé par le Burkina Faso En volume, le marché africain de la noix décortiquée a atteint 179 000 tonnes en 2024, en baisse de 2 % par rapport à l'année précédente. Toutefois, sur une décennie, la croissance moyenne s'est établie à +4,3 % par an, traduisant un intérêt croissant pour ce produit, notamment au Sahel. Le Burkina Faso, avec 140 000 tonnes consommées, concentre à lui seul 78 % de la demande du continent. Il devance très largement l'Egypte (25 000 tonnes) et le Maroc (11 000 tonnes). En valeur, le marché africain a généré 1 milliard de dollars en 2024, soit une légère hausse de +2,6 % par rapport à l'exercice précédent. La croissance prévue du marché est estimée à +3,3 % par an en volume et +3,6 % en valeur d'ici 2035. À cet horizon, la consommation devrait atteindre 256 000 tonnes, pour une valeur estimée à 1,5 milliard de dollars. Production nationale en recul et part marginale du Maroc dans les exportations Le Maroc a produit 11 000 tonnes de noix décortiquées en 2024, soit 2,4 % du volume africain. Cette production est en net recul sur dix ans (–2,4 % par an en moyenne), tandis que le Burkina Faso enregistre une progression de +6,2 % sur la même période. En termes d'exportation, le Royaume demeure très en retrait. Sur les 616 tonnes de noix expédiées hors du continent en 2024 (soit une augmentation annuelle de +14 %), le Maroc n'en représente que 94 tonnes, générant un chiffre d'affaires de 0,7 million de dollars (environ 7 millions de dirhams). À titre de comparaison, la Côte d'Ivoire a exporté 278 tonnes pour 2,4 millions de dollars, et l'Afrique du Sud 223 tonnes pour 1 million de dollars. Le prix moyen d'exportation marocain s'établit à 7 447 dollars par tonne, légèrement au-dessus de la moyenne continentale (6 883 dollars par tonne), mais inférieur à celui pratiqué par la Côte d'Ivoire (8 477 dollars par tonne). Importations stables mais structurellement faibles Le Maroc ne figure pas parmi les cinq premiers importateurs africains de noix décortiquées. En 2024, les importations continentales ont atteint 4 400 tonnes, représentant une valeur globale de 21 millions de dollars. Trois pays concentrent 86 % de ces flux : l'Algérie (1 400 tonnes, 5 millions de dollars), l'Egypte (1 400 tonnes, 6,6 millions de dollars) et la Libye (1 000 tonnes, 6,1 millions de dollars). Le prix d'importation marocain, non spécifié dans le rapport, peut être estimé à un niveau intermédiaire, compte tenu des écarts observés : la Libye importe au prix moyen le plus élevé (5 801 dollars par tonne), tandis que l'Algérie reste sous la barre des 3 540 dollars par tonne. Malgré une consommation intérieure évaluée à 49 millions de dollars, le royaume chérifien ne parvient pas à convertir cet appétit national en levier économique à l'export. La contraction de la production, conjuguée à la stagnation des ventes extérieures, cantonne encore le Maroc à une position périphérique sur le marché continental de la noix décortiquée, largement dominé par les puissances sahéliennes.