Coopération sanitaire renouvelée entre le Maroc et la Chine : Rencontre de haut niveau entre le ministre marocain de la Santé et le maire de Shanghai    Du voisinage à l'alliance : le Maroc appelle à un partenariat euro-méditerranéen efficace fondé sur une vision commune    Le projet du siècle démarre depuis le Maroc : le mégaprojet de gazoduc lie énergie et développement en Afrique    Attijariwafa bank et MadfoatCom s'allient pour moderniser le paiement des factures    Akhannouch: La réforme fiscale, un levier stratégique pour la soutenabilité des finances publiques    Saham Bank porte sa participation à 57% du capital d'EQDOM    Coopération aérienne maroco-française : Clôture d'un exercice conjoint illustrant l'harmonie opérationnelle entre les forces aériennes    La diplomatie royale trace la voie de la réconciliation : la visite de Zuma au Maroc incarne un tournant historique dans les relations entre Rabat et Pretoria    La République kabyle annoncera son indépendance avant la fin de 2025... Ferhat Mehenni : Le régime algérien doit quitter les terres kabyles    Décès de l'ancien international marocain Ahmed Faras    CAF / FRMF : Une session de recyclage pour la mise à jour de la licence CAF Pro organisée à Rabat (mardi 15/07/25)    Ligue 1 : Youssef El Arabi en passe de rejoindre le FC Nantes    La police marocaine interpelle à Casablanca un ressortissant français recherché pour blanchiment et trafic international    Benkirane et la reproduction de la tutelle sur les femmes : un discours traditionnel drapé de légitimité religieuse    La pièce marocaine "Jidar" en compétition au Festival international du théâtre libre à Amman    Interview avec Faraj Suleiman : « La musique doit laisser une empreinte »    La chanteuse marocaine Jaylann ciblée par une vague de racisme après son hommage au Maroc    Concours d'admission en août : L'INSMAC accueille les futurs artistes    Canada : Le YouTuber marocain Hicham Jerando condamné pour diffamation    Maroc : les dépenses sociales atteindront 39 milliards de dirhams en 2025    Le Maroc remet aux autorités écossaises un grand trafiquant impliqué dans un vaste réseau de stupéfiants    Le FC Nantes signe l'expérimenté attaquant marocain Youssef El Arabi    Amman organise une mission économique à Rabat pour approfondir les relations commerciales avec le Maroc    Marathon-2025 : plus de 130 aviateurs français déployés au Maroc avec les Forces royales air    Alerta meteorológica en Marruecos: Ola de calor de hasta 47°C esta semana    Crédits et dépôts : la dynamique bancaire confirme sa résilience    Perspectives économiques : des voyants au vert mais un déficit qui plonge    Khalid Zaim : «Notre principal défi réside dans la commercialisation»    Coopération : Casablanca et Toulouse relancent leur partenariat    14 juillet à Fès : quand l'histoire et la culture tissent les liens franco-marocains    Accidents de la circulation : 24 morts et 2.944 blessés en périmètre urbain durant la semaine dernière    Les lauréats de l'édition 2025 d'Inwi Challenge récompensés à Rabat    La relance du Comité de libération de Ceuta et Melilla arrive au Parlement espagnol    Sahara marocain. Le parti MK et Zuma font bouger les lignes en Afrique du Sud    Quand l'Algérie redessine la CAN à la gomme    La reactivación del Comité de Liberación de Ceuta y Melilla llega al Parlamento español    Chambre des représentants: Adoption du projet de loi portant création de la « Fondation Maroc 2030 »    Cause palestinienne : Al-Tamimi salue le soutien indéfectible du Maroc    L'affaire Nacer El Djen : quand le pouvoir algérien dévore ses généraux    Plaidoyer international pour les Marocains expulsés d'Algérie : «50 ans et après : Non à l'oubli !»    Le président du CESE reçoit une délégation de l'organisation de libération de la Palestine    Consécration : Abdelhak Najib honoré à Kigali pour la paix et le dialogue des cultures    Préparatifs CAN 2025 : dernier virage pour les travaux    Décès de Muhammadu Buhari : le Roi Mohammed VI adresse un message de condoléances au président du Nigeria    Crash d'Air India: L'Inde ordonne une inspection d'urgence des interrupteurs de carburant des Boeing    CAN féminine de football : le Maroc affronte le Mali en quart de finale    L'UNESCO inscrit les tombeaux impériaux de Xixia au patrimoine mondial... La Chine poursuit la valorisation de son héritage civilisationnel    Festival des Plages 2025 : Maroc Telecom donne le coup d'envoi    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Moutons écrasés : Le verdict est-il équitable ?
Publié dans L'observateur du Maroc le 20 - 05 - 2020

Un mois de prison et une réparation de 20.000 dhs à verser aux plaignants, c'est le verdict « controversé » de l'affaire du ressortissant français qui a écrasé le bétail d'un jeune berger, à la commune de Mansouria. Les réactions
Par Hayat Kamal Idrissi
Début mai, la vidéo choc du massacre ébranle l'opinion publique. La scène s'est déroulée à plage David. Un homme à bord d'une voiture roulant sur une piste, fonce sur un troupeau de moutons en les écrasant sous le regard effaré de leur berger, un enfant. Le tueur est un ressortissant français établi au Maroc. En quelques secondes, Michel S. Pizzaïolo tue plusieurs moutons, avant de s'adresser au petit berger en le menaçant «Casses-toi, car sinon tu vas faire comme les moutons !». Des images choquantes qui ont provoqué l'indignation des internautes sur les réseaux sociaux et ont aboutit à l'arrestation du coupable.
Crime et châtiment
Au bout d'une vingtaine de jours, le verdict tombe lundi 18 mai. Le juge du tribunal de première instance de Benslimane a condamné Michel S Pizzaïolo à un mois de prison ferme assorti de dommages et intérêts de l'ordre de 20.000 dirhams, à verser aux plaignants. Les chefs d'accusation étaient « menace de commettre un crime, tuerie et mutilation d'animaux ». Et rebelote, une seconde vague d'indignation. « La peine n'est nullement à la hauteur du crime commis ! », martèle Yassine, acteur associatif de la société civile de Mohammedia. Les internautes n'y vont pas de main morte non plus. Pour Paula, « Ce monsieur est dangereux et c'est une menace pour la société. Les gens qui tuent les animaux pour le plaisir, finissent parfois par tuer des gens. Beaucoup d'études l'on prouvé. Un mois ce n'est pas assez. Six mois, ça aurait pu être beaucoup mieux !», argumente la jeune femme. « Nous avons confiance en nos juges, mais des fois il y a des choses que nous ne comprenons pas. Si c'était un Marocain qui avait fait ça, est-ce qu'il aurait eu le même jugement ? Si c'était un Marocain qui avait fait ça en France, quel aurait été son châtiment ? », s'interroge perplexe, Saïd.
Pour la communauté « Protection et actions pour la défense des animaux », très active dans la dénonciation de la maltraitance et de la cruauté envers les animaux, ce jugement ne prend pas en considération la gravité des actes commis envers cette famille mais aussi contre les pauvres bêtes. « Nous sommes horrifiés par ce que cet homme a fait à ces moutons. C'est un massacre. C'est de la cruauté pure et dure envers des animaux ! Un mois de prison, ce n'est pas assez. Il aurait mérité plus, avec retrait de permis de conduire et une amende de l'ordre de 3000 à 5000 euros », plaide l'administrateur de cette communauté comptant des milliers d'abonnés en France et au Maroc.
Une indignation qui se comprend mais qui n'est pas tout à fait fondée, comme nous l'explique Dr Youssef Rabhi, juriste. «A mon avis, le verdict d'un mois de prison est assez équitable », dit-il. Quant aux dommages et intérêts, il faut quantifier les vraies pertes subies par la famille pour que l'on puisse juger, dit le juriste. Ceci dit, par lui, le juge a du prendre en considération les différents éléments de l'enquête, ses tenants et aboutissants mais aussi les conditions sanitaires et sociales de l'accusé.
Dommages et intérêts
Une analyse qui est, apparemment, loin de convaincre les onze associations de droits humains qui se sont portées partie civile dans cette affaire. « Ces associations ne sont nullement satisfaites par ce verdict. Mais pour moi en tant qu'avocat de la famille victime et représentant de l'association « Notre avenir », ce procès a été gagné.
Maitre Youssef Rharib, avocat des victimes
Youssef Rharib, l'avocat du barreau de Casablanca, a annoncé avoir fait appel mercredi 20 mai. « Notre recours à l'appel sera plutôt pour les dommages et intérêts, nous avons fait ce qu'on a à faire et nous avons confiance en la justice », précise Bouchra Chakir qui assure qu'un mois de prison, « ça peut se comprendre, surtout que la personne en question a 77 ans et qu'elle est déjà malade ». « N'importe quel juge au monde prendra ça en considération », admet-elle
Le avocats ont demandé une expertise vétérinaire pour évaluer les pertes surtout que les bêtes mortes étaient d'une bonne race assez coûteuse. « Mais cette requête a été refusée par le tribunal. Comment donc peut-on évaluer des dommages et intérêts en l'absence de telles données ? », s'interroge Rharib. Pour l'avocat, au-delà de la valeur matérielle du troupeau, la famille victime a subi un profond traumatisme psychique. « Encore sous le choc, l'enfant berger ne dort pas la nuit. Ses parents non plus. C'est une famille qui a été sinistrée à plusieurs niveaux. Nous avons présenté des certificats médicaux qui le prouvent, pourtant ça n'a pas été pris en considération pour la détermination du de la réparation », déplore Y. Rharib. Outre le fait de voir périr ses moutons, l'enfant a du affronter, impuissant, une menace de mort. « Et c'est un crime grave. Les articles de loi 425 et 427 sont clairs là dessus. La peine peut aller jusqu'à deux ans », ajoute le représentant des victimes « qui ne sont pas seulement les humains lésés mais également les moutons massacrés », précise-t-il.
Droit animalier… Parent pauvre
Seul avocat au Maroc à intenter des procès de droit animalier et détenteur de plusieurs jurisprudences comme il l'affirme, Youssef Rharib fait valoir l'article 603 et insiste sur le droit à la justice pour tous, même pour les animaux. « Je suis triste du sort de ces pauvres bêtes… Les humains sont capables de se faire justice eux-mêmes mais ces animaux n'ont pas cette chance », regrette pour sa part Bouchra Chakir.
Une affaire qui fait remonter à la surface le grand débat sur le droit animalier dans notre pays et surtout sur son application. Pour Dr Souad Tiali, juriste et activiste des droits humains, la loi marocaine reste loin d'offrir une protection efficace aux animaux et son application encore moins. « Quelques textes (trois) seulement se réfèrent à la maltraitance des animaux et ce n'est pas très élaboré. Aussi ce qui aggrave la situation, c'est la culture de protection de ces créatures qui fait défaut chez les citoyens. C'est rare que l'on pense à déposer plainte et à poursuivre quelqu'un pour avoir maltraité ou commis une atrocité envers un animal. J'encourage d'ailleurs mes étudiants doctorants à élaborer des thèses de doctorat dans le droit animalier pour insuffler un débat sur ce sujet très important », nous explique Dr Tiali.
Entre les droits de la famille victime et ceux de leurs bêtes massacrées, l'avocat réclame justice. « C'est tout ce que nous attendons de cet appel : Que justice soit faite pour que cette famille puisse redémarrer et reprendre du bon pied le cours de sa vie. Nous avons d'autres cartes à jouer. Elles seront montrées au moment opportun », promet Y. Rharib.
Affaire à suivre !


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.