L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été condamné mardi à cinq années de réclusion par la cour d'appel d'Alger, confirmant la peine prononcée en première instance le 27 mars, ont indiqué plusieurs sources judiciaires. Âgé de 80 ans et atteint, selon ses proches, d'un cancer de la prostate, M. Sansal avait été arrêté à Alger le 16 novembre 2024. Le procès en appel s'était tenu à la demande conjointe du parquet et de la défense. Le ministère public avait requis dix années d'emprisonnement. Les poursuites trouvent leur origine dans un entretien accordé en octobre 2024 au média français Frontières, au cours duquel l'écrivain affirmait que l'Algérie avait hérité, sous la colonisation française, de territoires relevant auparavant du Maroc. Il a été reconnu coupable d'«atteinte à l'unité nationale», d'«outrage à corps constitué», de «pratiques de nature à nuire à l'économie nationale» et de «détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays». L'affaire a ravivé une querelle diplomatique persistante entre Paris et Alger. En juillet 2024, la reconnaissance officielle par la France d'un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara a provoqué une onde de choc diplomatique. Depuis, les relations bilatérales se sont gravement détériorées : rappels de diplomates, restrictions imposées aux titulaires de passeports spéciaux et suspension de toute coopération technique. Le 6 mai, l'Assemblée nationale française a adopté une résolution appelant à la «libération immédiate» de l'écrivain, et à subordonner toute «coopération renforcée» au respect par Alger de ses «engagements internationaux en matière de droits humains». En France, M. Sansal bénéficie d'un important soutien politique et intellectuel. En Algérie, en revanche, peu de figures publiques ont pris sa défense. Certaines de ses déclarations perçues comme favorables à Israël, largement relayées sur les réseaux sociaux, lui ont valu une vive hostilité, dans un pays où la cause palestinienne conserve une portée sacrée. Les demandes de libération, y compris celles émanant directement du président Emmanuel Macron, qui a plaidé pour un «geste d'humanité», sont demeurées sans réponse. Des proches de l'écrivain espèrent encore une grâce à l'occasion du 5 juillet, date anniversaire de l'indépendance algérienne.