L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, détenu depuis huit mois, a vu sa condamnation à cinq années de réclusion ferme confirmée le 1er juillet par la justice algérienne pour «atteinte à l'intégrité nationale». Cette décision intervient dans un climat de répression accrue où, selon Le Canard enchaîné daté du 3 juillet, «la Mecque de la liberté» n'a jamais autant ressemblé à une prison à ciel ouvert. La cour d'appel d'Alger a entériné une peine initialement prononcée en première instance, à l'issue d'un procès marqué par l'état de santé alarmant de l'auteur et par son refus de renoncer à l'usage du français. Le Canard enchaîné souligne que «Sansal, ce suppôt du sionisme international, a peut-être bien aggravé son cas en répondant en français lors de son procès en appel», précisant qu'il lui a été refusé de se faire représenter par son avocat habituel, indisponible pour raison médicale. L'écrivain paye aussi, selon l'hebdomadaire satirique, «avoir reconnu la marocanité de l'ex-Sahara espagnol», une position devenue, dans l'Algérie actuelle, un motif suffisant d'exclusion et de sanction. M. Sansal, dont l'engagement en faveur de la liberté d'expression ne s'est jamais démenti, avait également effectué un voyage en Israël, ce qui n'a pas manqué d'aggraver l'ire du régime. Le football comme chef d'accusation Dans le même article, Le Canard enchaîné évoque aussi le cas de Christophe Gleizes, journaliste sportif français, pigiste pour So Foot et Society, condamné le 29 juin à sept années de prison. Son crime : avoir enquêté sur la Jeunesse sportive de Kabylie, club soupçonné de liens avec le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK). Gleizes est accusé d'«apologie du terrorisme» et de «possession de publications dans un but de propagande nuisible à l'intérêt national.» «C'est rudement grave d'être arrivé en mai 2024 pour raconter l'histoire du club de foot de la Jeunesse sportive de Kabylie», ironise Le Canard enchaîné, qui rappelle que le journaliste avait déjà séjourné en Kabylie entre 2015 et 2017, période au cours de laquelle il aurait eu des conversations «suspectes» avec des responsables locaux du MAK. Ces deux condamnations traduisent une hostilité croissante à la liberté de la presse et à l'usage du français, dans un pays qui, selon les mots de Le Canard enchaîné, «n'en finit pas de criminaliser l'usage de sa propre histoire».