Née au Maroc, Catherine MacGregor incarne une des figures les plus singulières du capitalisme européen. À la tête d'Engie – géant français de l'énergie présent dans plus de trente pays – elle pilote depuis 2021 une réorientation majeure de 55 milliards d'euros, substituant aux hydrocarbures les énergies renouvelables, l'hydrogène et les réseaux dits «intelligents». Une trajectoire exemplaire de Casablanca à Paris Diplômée de CentraleSupélec, Mme MacGregor s'est forgé une expertise technique et managériale de premier plan au sein du groupe pétrolier Schlumberger, où elle a exercé durant près de vingt ans sur plusieurs continents. Elle y a occupé des fonctions opérationnelles de haut niveau, dans un secteur réputé hermétique aux femmes, raconte le site Billionnaires Africa. En 2019, elle rejoint Technip Energies, dont elle devient présidente, avant d'être choisie deux ans plus tard par le conseil d'administration d'Engie pour conduire la mue énergétique de l'entreprise. Une rupture stratégique d'envergure mondiale Depuis son arrivée, Mme MacGregor a cédé plus de dix milliards d'euros d'actifs fossiles et engagé le groupe dans une conversion résolue vers les énergies décarbonées. Engie affiche aujourd'hui 43,6 gigawatts de capacités renouvelables installées, auxquels s'ajoutent 6,2 gigawatts en développement. L'objectif est d'atteindre 80 gigawatts à l'horizon 2030, dans la perspective d'une neutralité carbone à l'horizon 2045. Au premier trimestre 2025, Engie a réalisé un chiffre d'affaires de 25,8 milliards d'euros, en hausse de 3,2 %, et sa valeur boursière dépasse désormais les 55 milliards de dollars. L'action du groupe a progressé de plus de 60 % depuis 2021, traduisant l'adhésion des marchés à cette réorientation. L'investissement total prévu sur la période 2023-2025 s'élève à 22 à 25 milliards d'euros, dont un tiers est dédié aux renouvelables. Une figure d'autorité dans un secteur masculinisé À la tête de 97 000 collaborateurs, Mme MacGregor est l'une des très rares dirigeantes – et la seule d'origine africaine – à gouverner une entreprise figurant au palmarès Fortune Global 500 dans le secteur énergétique européen. Elle incarne une nouvelle génération de leadership fondé sur la compétence technique, la vision long terme et l'autorité calme. En 2024, sa rémunération globale a atteint 4,3 millions d'euros, reflet de la confiance durable du conseil dans son action. Elle détient par ailleurs 106 000 actions du groupe, pour une valeur estimée à 2,07 millions d'euros. Une voix pour l'égalité et l'excellence scientifique Mme MacGregor utilise son influence pour promouvoir la place des femmes dans les filières scientifiques et industrielles. Elle parraine des ingénieures en devenir, intervient dans les grandes écoles et dénonce les obstacles systémiques auxquels se heurtent les talents féminins dans les métiers techniques. «L'énergie ne saurait rester le monopole d'un genre», affirme-t-elle régulièrement. «Il est temps que les conseils d'administration reflètent la société qu'ils prétendent servir.» Son engagement ne se limite pas à la parole. En contribuant à redéfinir les contours du pouvoir économique, elle incarne une ambition nouvelle pour le pilotage au féminin – plus inclusif, plus exigeant, plus tourné vers l'avenir, conclut la même source.