Le gouvernement nigérien a officiellement demandé l'assistance du Maroc pour la mise en place d'un transporteur aérien national, projet destiné à doter Niamey d'un instrument souverain de desserte et d'intégration régionale. Cette requête a été formulée lors d'une rencontre dans la capitale marocaine entre le ministre du transport et de la logistique, Abdessamad Kayouh et son homologue nigérien du transport et de l'aviation civile, Abdourahamane Amadou, a-t-on indiqué. Un échange centré sur l'expertise marocaine Le Maroc, fort d'une expérience reconnue dans la structuration de son réseau aéroportuaire et dans l'élaboration de cadres réglementaires conformes aux normes internationales, s'est dit disposé à fournir un appui technique et une formation spécialisée. «Le Niger souhaite s'inspirer du savoir-faire marocain pour édifier une compagnie nationale et bâtir une infrastructure apte à surmonter les contraintes de son enclavement», a indiqué M. Kayouh. Pour sa part, M. Amadou a souligné la portée stratégique de cette démarche : «Notre objectif est d'édifier un système de transport cohérent et efficace, capable de relier nos populations et d'ouvrir de nouvelles perspectives économiques». Un projet qui s'insère dans une vision régionale Cette coopération s'articule avec le plan dit «Atlantique», annoncé par le roi Mohammed VI en 2023, qui entend offrir aux Etats sahéliens privés de façade maritime – tels que le Niger, le Mali ou le Burkina Faso – un accès direct aux ports de l'Atlantique. L'expérience du Maroc dans l'essor de ses plates-formes aéroportuaires, notamment à Casablanca et Marrakech, constitue un atout majeur pour un pays dont les précédents transporteurs – Air Niger et Niger Airlines – ont cessé leurs activités en 1993 et 2022. Les autorités nigériennes œuvrent, en outre, à promouvoir une compagnie régionale commune avec le Burkina Faso et le Mali, membres de l'Alliance des Etats du Sahel (AES). Ce projet, centré sur les liaisons Niamey–Ouagadougou–Bamako, viserait à améliorer la mobilité transfrontalière et à réduire la dépendance à l'égard des compagnies étrangères. Défis financiers et concurrence accrue La réalisation de ce programme demeure toutefois confrontée à d'importantes contraintes : lourdeur des investissements initiaux, fragilité du marché local, concurrence des transporteurs africains bien établis et incertitudes réglementaires. Les séquelles de la crise politique de 2023 – qui avait entraîné la fermeture temporaire de l'espace aérien nigérien – continuent d'affecter la desserte du pays, notamment l'interdiction maintenue des aéronefs immatriculés en France et la suspension des vols d'Air France, dont la reprise n'est prévue qu'en septembre 2025. Malgré ces obstacles, Rabat et Niamey affichent une détermination commune à approfondir leur coopération dans le domaine du transport et de la logistique, considérant la création d'une compagnie nigérienne comme un levier de rapprochement économique et de stabilité régionale.