Un collectif rassemblant une centaine de personnalités algériennes, dont des responsables politiques d'opposition, des chefs d'entreprise et d'anciens militaires, a lancé un appel au peuple dénonçant «un système politique privé de légitimité réelle» et réclamant plus de libertés, d'égalité et de justice. Les signataires, parmi lesquels figurent Aimane Mazouz du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et Malek Sadali du mouvement Militants et anciens cadres du Front des forces socialistes (FFS), affirment que «l'espace public demeure verrouillé, la parole démocratique étouffée et la souveraineté populaire confisquée». Ils estiment que le pouvoir use «du conservatisme et de l'obscurantisme comme remparts». Le texte, diffusé par les médias internationaux et rendu public cette semaine à l'occasion du soixante-neuvième anniversaire du congrès de la Soummam, souligne que «les aspirations exprimées par le mouvement de février 2019 n'ont reçu aucune réponse proportionnelle à l'élan citoyen qui les animait». Les auteurs exhortent en conséquence à «renouer avec la promesse originelle» de fonder «un Etat républicain, civil, ni militaire ni théocratique, reposant sur la justice sociale, l'égalité et la dignité pour tous». Des revendications politiques et sociétales Parmi les revendications avancées, l'appel réclame notamment «l'égalité en droits entre l'homme et la femme», la «valorisation des diversités culturelles du pays» ainsi que «la libération des détenus politiques» et «l'abrogation des lois liberticides». Il plaide également pour l'établissement d'une «justice indépendante». Les auteurs de cet appel enjoignent «les Algériennes et les Algériens, les mouvements civiques, les intellectuels, les artistes, les syndicats et la diaspora à s'unir autour de cette déclaration afin d'amorcer une mutation démocratique crédible et unitaire». Interrogé récemment par l'hebdomadaire Marianne, Aimane Mazouz a indiqué vouloir «ouvrir une brèche dans le mur de silence imposé par le pouvoir». Le président du RCD a par ailleurs déclaré que plusieurs militants de son parti avaient été interpellés par les forces de l'ordre. Il appelle de ses vœux la formation d'une Algérie «indépendante, démocratique, et laïque».