"Dbibina" suit les événements des jeunes en colère et il tombe sur la manifestation organisée à Paris. "Dbibina" comprend les soucis des jeunes mais il voit la récupération comme une tache sombre sur la jeunesse marocaine immaculée. La jeunesse marocaine en France scande des slogans et présente les mêmes revendications que celle du Maroc, la santé et l'éducation d'abord, la lutte contre la corruption après, et elle réclame aussi le départ du gouvernement. Normal, mais là où "Dbibina" est surpris, c'est quand il voit certains manifestants connus brandir des affiches à la gloire des séparatistes du sud ou du nord du pays, les amis du Polisario ou des deux pelés et trois tondus qui rêvent d'un Rif indépendant et qui habitent Alger ou Paris, et il y a même des types isolés qui parlent au nom du "peuple" et ils lui font dire qu'il veut le changement de régime. Rien que ça. "Dbibina" regarde tout ça, et la manifestation, et l'infiltration, puis se met à réfléchir sur cette gen'Z, d'où elle vient et comment elle est née. Il se pose ces questions parce qu'après la première semaine de manifestations, les choses sont plus claires. Pourquoi coller l'étiquette de toute une génération sur des manifestations, si ce n'est pour mobiliser et – "Dbibina" aime être savant – pour essentialiser une catégorie de la population marocaine. Et alors, réfléchissons, se dit "Dbibina". Si c'est la jeunesse qui manifeste, pourquoi alors tant d'enfants dans les manifestations à Rabat et dans d'autres villes ? Qui peut imaginer qu'un enfant puisse crier 'silmia' sans qu'on le lui dise, et comment des enfants soigneusement alignés peuvent demander la chute du gouvernement sans qu'on leur souffle ? "Dbibina" a un malaise. Tiens, se rappelle-t-il, le gars qui est monté dans un véhicule de police en tenant sa petite fille dans les bras, pourquoi personne ne s'y intéresse ? Ce monsieur qui n'est pas du tout un jeune tenait, devant un cordon de policiers, un discours militant, enragé, et il hurlait, et c'est là que sa fille a commencé à pleurer, puis il s'est dirigé lui-même vers le fourgon après s'être assuré que ses amis photographes étaient bien là. Et alors le monde a vu le méchant Maroc embarquer un bébé !!! On voit l'organisation et la répartition des rôles. Il y a bien quelqu'un derrière, et c'est ce quelqu'un, ou ces personnes, quand elles ont constaté que la première journée il y avait quand même peu de monde à manifester, qui ont activé les jeunes des banlieues et les ont incités à sortir, mais dans la violence. "Dbibina" se dit qu'heureusement que les forces de l'ordre ont su gérer les débordements et le communiqué du parquet sur le rôle des familles a joué aussi son rôle. Mais il relève que l'absence d'avis sur les lieux de rassemblement était destiné à créer un vide sécuritaire qui laisserait les adolescents mobilisés à leur insu s'adonner à tous types de violences, et c'est aussi pour cela que de petites villes sont choisies pratiquement au dernier moment, pour surprendre et même submerger les forces de l'ordre en nombre réduit dans ces villes éloignées. ⸻ Et voilà qu'un truc a attiré l'attention de "Dbibina", et c'est le premier appel à manifester. L'appellation du lieu de rassemblement a fait tiquer "Dbibina" : 'le jardin de l'université arabe', au lieu de 'parc de la ligue arabe', et cette traduction googlienne reflète le fait que ce sont des non-Marocains qui ont initié cet appel. Des non-Marocains en France ou en Algérie, mais des non-Marocains, ou des Marocains qui ne connaissent pas Casablanca. 'Jardin de l'université arabe', rigole encore "Dbibina", qui est Rbati mais connaît bien le parc de la Ligue arabe. Cela fait penser "Dbibina" à cette idée qu'il a lue quelque part sur le rapprochement entre le Z de la génération Z et le film intitulé Z, et qui est le prolongement des manifestations de mai 1968 en France. L'idée séduit "Dbibina" car en faisant le rapprochement avec la manifestation de Paris et ceux qui y étaient, et aussi en voyant des Omar Radi et Boubker Jamaï impliqués, cela permet à "Dbibina" de se faire une idée plus précise de l'origine de ce mouvement appelé genZ, qui rappelle la trame du film Z et qui est certainement manipulé depuis l'étranger. Et il y a aussi cette mobilisation en bon ordre des fameux youtubers, qui font comme s'ils avaient reçu le mot d'ordre de parler quand il faut, quand on leur dit, et d'accompagner les événements au Maroc heure par heure, chacun à sa place. On a vu l'activité débordante des Jerando, Radi, Bouachrine, Mahdaoui, Monjib et même le 'prince' pendant ces deux jours de violence la semaine dernière. On dirait qu'ils se passaient la balle pour renforcer leurs messages. Après tout, "Dbibina" se dit que la France et l'Algérie, qui vont très mal en ce moment, auraient intérêt soit à infiltrer des mouvements au Maroc, soit à les orienter indirectement. La preuve en est cette mobilisation de France24, qui sponsorise sur Facebook en arabe et en français tous les articles qu'elle publie sur son site ; et la preuve en est aussi cet appel à attaquer une caserne de gendarmerie pour voler les armes qui s'y trouvent, comme au bon vieux temps des bolchéviks et des anarchistes de gauche français qui cherchent le chaos ; et la preuve aussi est cette insistance à vouloir retirer le Mondial 2030 et la CAN 2025 au Maroc, comme le souhaite obsédément l'Algérie des généraux. En pensant à tout cela, "Dbibina" se rappelle le modus vivendi des révolutions de couleur en Europe : les mêmes slogans, les mêmes procédés, avec les couleurs et les lieux de rassemblement. Utiliser Discord comme au Népal, ou en France avec ce mouvement appelé 'la barricade' et qui défend — et est noyauté — par la France insoumise et l'extrême gauche, qui sont les tendances qui soutiennent les séparatistes du Polisario, amis de l'Algérie, et recevant souvent nos 'militants' condamnés. Tiens donc, se dit "Dbibina", les choses s'éclaircissent ! Il comprend mieux maintenant pourquoi des adolescents sont sortis, téléguidés sans le savoir, et pourquoi il y a autant de loubards masqués, torses nus, qui bloquent les routes et s'attaquent aux locaux des forces de l'ordre. "Dbibina" se rappelle de toutes ces manifestations que le Maroc connaît depuis des décades et où les manifestants ne font jamais ça. Chaque mois, des centaines de milliers de personnes défilent à Rabat pour soutenir la lutte du peuple palestinien contre l'occupation, à quelques mètres du Parlement et quelques dizaines de mètres du Palais royal, sans que jamais ça ne déborde : pas de types masqués, pas d'attaques contre les commissariats. Non. Tout ça — les genZ et les violences — ce n'est pas marocain. Et "Dbibina" finit sa réflexion par un grand merci aux forces de l'ordre qui ont su déjouer les pièges et agir avec calme, et aux jeunes qui manifestent calmement et pacifiquement pour leurs droits.