Hanane Akaou, 28 ans, affirmant fuir la violence de son mari, vit à Ploufragan (Côtes-d'Armor) depuis 16 mois. Une décision de justice ordonne le renvoi des quatre enfants près de leur père au Maroc. La mère et ses enfants sont dans l'angoisse. A Ploufragan, élus, services sociaux, et médecins se mobilisent. « J'ai quitté le Maroc avec mes quatre enfants pour échapper à la violence de mon mari. »Hanane Akaou fait cette déclaration au commissariat de Saint-Brieuc en septembre 2015, quelques jours après s'être enfuie avec ses quatre enfants, de 9, 7, 4 ans et 19 mois, tous nés en France où son mari l'accompagnait pour accoucher. Mariée à 16 ans, il en avait 43 Mariée à 16 ans à cet homme de 43 ans, Hanane Akaou témoigne : « En février 2015, il a tenté de m'étrangler, je ne pouvais plus respirer, dit-elle. J'ai dit au médecin que j'avais fait un faux mouvement, c'est mon mari qui a dit de dire cela. Les violences ont continué jusqu'en juillet. Quand il me frappait, il m'insultait et me disait qu'un jour il me tuerait. » Elle témoigne de « violences physiques, psychologiques et de viols », mais n'a pas déposé plainte dans son pays « car il me dominait, j'étais soumise. M'enfuir est la seule chose que j'ai pu faire pour protéger les enfants. » Le mari d'Hanane Akaou « nie ces violences, explique son avocate Marine Gravis. Les enfants qui vivent depuis un an avec leur mère peuvent avoir été manipulés. J'ai des témoignages et des photos qui attestent de bonnes relations des enfants avec leur père. » « Les enfants ont peur de leur père » Vivant à Ploufragan près de Saint-Brieuc depuis août 2015, la jeune femme et ses enfants sont, aux dires des intervenants médicaux et sociaux, un modèle d'intégration. La jeune mère travaille pour la mairie et les enfants sont bien intégrés à l'école. Peu après leur arrivée en France, leur père, professeur détaché de l'Education nationale au Maroc, saisit la justice pour demander le retour des enfants. Le 16 mars 2016, à Rennes devant le juge des affaires familiales, l'expertise psychologique indique que « les enfants ont peur de leur père. » Un éducateur relate « des propos inquiétants des enfants ». Et la psychiatre évoque un « stress majeur ». Le juge ne demande pas leur retour au Maroc. La cour d'appel ordonne le retour des enfants au Maroc Le 8 novembre, la Cour d'appel décide qu'au contraire, ils doivent retourner avec leur père, à la lueur de témoignages de médecins connaissant les enfants, qui n'ont constaté « aucune forme de maltraitance. » Décision applicable dans les quinze jours. À Ploufragan, élus, services sociaux, et médecins estiment que « ces enfants peuvent être en danger. » Ils craignent une intervention des forces de l'ordre : « Je ne m'oppose évidemment pas à une décision de justice, explique le maire Rémy Moulin. Mais l'avenir des enfants me préoccupe. Ils sont convoqués par le juge des enfants le 1er février, je souhaite qu'ils puissent être entendus avant toute mesure de retour. » Un rassemblement de soutien est attendu ces jours prochains.