Des images diffusées par la société israélienne BlueBird Aero Systems a ravivé les interrogations sur l'existence d'une future usine de drones au Maroc. D'une netteté calculée, elles montrent plusieurs techniciens marocains en combinaison claire, concentrés sur le montage d'un fuselage métallique. Derrière eux, des ingénieurs israéliens observent la scène tandis qu'à l'arrière-plan des drapeaux miniatures – marocain et israélien – se font face sur un établi encombré d'outils de précision. Dans le texte accompagnant cette publication, BlueBird écrit :«Nous avons eu le plaisir d'accueillir l'équipe technique marocaine pour une session d'apprentissage approfondie sur le processus de fabrication de nos aéronefs sans pilote. Cette formation précède le lancement du programme SPY-X et la mise en place d'une unité de production au Maroc.» La société ajoute encore :«Notre rencontre s'est conclue par un match amical entre nos collaborateurs israéliens et marocains – une manière de célébrer la coopération sur et hors du terrain.» L'entreprise, filiale du groupe Israel Aerospace Industries (IAI), n'a pas précisé le lieu exact ni la durée de la formation. Mais cette image, largement relayée dans les milieux spécialisés, a été interprétée comme le signe d'un transfert technologique déjà amorcé. Des annonces officielles, peu de certitudes Quelques mois plus tôt, la revue espagnole Zona Militar rapportait les propos d'un ancien commandant de l'armée de l'air israélienne, selon lequel :«Une unité de production d'aéronefs sans pilote (ASP) a été établie au Maroc et commencera à fonctionner dans un avenir proche.» Aucun détail n'a cependant filtré sur la localisation de l'installation ni sur la date de lancement des activités. Interrogés par Barlamane.com, les représentants de BlueBird Aero Systems n'ont pas donné suite à ces déclarations. Le ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de l'administration de la défense nationale, Abdellatif Loudiyi avait alors exposé le projet d'édifier une industrie militaire nationale centrée sur la production d'aéronefs sans pilote, considérée comme un axe stratégique de souveraineté technologique. Les modèles pressentis et les enjeux militaires Selon Asher Fredman, directeur pour Israël de l'Institut des accords d'Abraham pour la paix cité par la presse, le Maroc produirait les modèles WanderB et ThunderB, principalement destinés aux missions de reconnaissance, de renseignement et de désignation de cibles. Toujours selon cette source, Rabat aurait commandé 150 exemplaires en 2022, dont une partie serait assemblée localement. Si les indices de coopération s'accumulent, l'ensemble demeure entouré de zones d'ombre. Ni la nature juridique du partenariat, ni l'ampleur du transfert industriel ne sont connues. Pour l'heure, seule une photographie – celle d'hommes en blouse blanche autour d'un drone argenté – atteste visiblement d'une collaboration déjà engagée, sans que l'on puisse encore affirmer où, quand et sous quelle forme le Maroc fera voler ses propres appareils.