La rumeur qui enflait dans le milieu des affaires à Casablanca a fini par se confirmer. L'ONA et son partenaire français Auchan ont signé leur acte de divorce. L'ONA reprend la totalité du capital de Marjane et d'Acima. Partira ou pas, Auchan est en train de plier bagages. Le groupe de distribution français vient de se retirer du tour de table de Marjane/Acima. Associé à l'ONA depuis 7 ans, il a fini par céder à son partenaire marocain les 49 % qu'il détenait dans la chaîne de supermarchés Acima et le réseau d'hypermarchés Marjane. Dans un bref communiqué, les désormais ex-partenaires se sont contentés d'annoncer leur divorce ce 24 août 2007, décidé d'un commun accord, à en croire le document. Même si les deux parties ont tenté de mettre les formes à leur séparation, la pilule a été dure à avaler du côté français. «Cette cession faisait suite au différend qui opposait notre groupe à l'ONA. Auchan, numéro 10 mondial du secteur de la grande distribution, aurait préféré une autre issue mais nous avons fait le constat qu'on ne pouvait plus travailler ensemble. La logique d'Auchan est de gérer ou de co-gérer ses activités. Dans la mesure où ce n'était plus possible, il n'y avait plus aucune raison de rester. Au cours de ces derniers mois, nous avons fait toutes les tentatives pour régler ce conflit, mais sans résultat», souligne un porte-parole d'Auchan contacté en France. Du côté du groupe marocain, on ne souhaite pas commenter, du moins pour l'heure, cette séparation à l'amiable. Relations plus que tendues… Rappelons que le conflit entre les deux associés remonte à mars 2006. A l'époque, lors d'un conseil de surveillance, l'ONA avait fait voter, à une majorité simple, et ce contre l'avis d'Auchan, une résolution prévoyant le passage du nombre des membres du directoire de Marjane et d'Acima de 2 à 3, soit deux membres ONA et un Auchan. Le désaccord avait abouti devant le collège arbitral qui avait tranché fin janvier 2007 en faveur de l'ONA. Depuis, les relations étaient plus que tendues, l'ONA allant même jusqu'à affirmer que le dialogue avec son partenaire français était rendu «plus difficile par les termes forts déplaisants» d'Auchan après la décision d'arbitrage. De son coté, le groupe français avait parlé de «coup de force» de l'ONA. Toujours est-il que les deux ex-associés continueront à travailler ensemble jusqu'au début de l'année prochaine, date à laquelle le divorce sera total. En effet, le groupe français doit honorer ses contrats d'assistance et sourcing qui courent jusqu'au début 2008. Selon le porte-parole d'Auchan, ces contrats ne seront pas renouvelés. Dans ce divorce, Auchan s'en est bien tiré en termes de rémunération. A en croire le porte-parole du groupe français, la cession a été réalisée à un prix satisfaisant qui générera une plus-value sur le compte d'Auchan en 2007. Mais ce dernier préfère taire le montant de la transaction. Notons qu'à la fin 2006, les 22 supermarchés Acima et les 13 hypermarchés Marjane représentaient ensemble un chiffre d'affaires hors taxes de 613 millions d'euros et comptaient quelque 5.200 salariés. Quant au premier groupe privé du Royaume, il a désormais les «mains libres» pour asseoir comme il l'entend sa stratégie de développement dans un secteur qui a le vent en poupe ces dernières années. D'ailleurs, l'un des reproches de l'ONA au groupe français est la lenteur de ce dernier à accélérer la cadence d'expansion du réseau. «Auchan et l'ONA ne partagent plus la même vision à ce niveau. Le groupe français a montré un intérêt particulier pour un développement en Europe et surtout en Europe de l'Est. Il se démarque ainsi de son partenaire adepte de l'accélération du rythme d'ouverture de nouvelles surfaces Marjane et Acima au Maroc», explique une source proche du dossier. En effet, l'ambition de l'ONA pour la grande distribution est grande. Ce holding, présent en force dans plusieurs secteurs de l'économie nationale, veut ouvrir un Marjane chaque trimestre et un Acima chaque mois. En l'espace de neuf mois, cette séparation avec le groupe Auchan est le deuxième divorce de l'ONA avec un groupe français. En décembre 2006, le groupe ONA sortait du tour de table d'AXA.