Le Maroc parmi les candidats arabes au conseil de l'OACI    Clôture à Praia de la cinquième réunion ministérielle du Processus des Etats africains atlantiques : un appel réaffirmé à la coordination régionale    Huit aires marines protégées officiellement instituées par le Maroc, affirme Leïla Benali    Le géant espagnol Iberdrola fonde une filiale au Maroc et inscrit l'axe Rabat–Madrid dans la géographie de l'énergie verte    Le Samsung Galaxy S25 Edge : L'Innovation du Verre Céramique Gorilla® 2 pour une Durabilité Inégalée    LG Prend une Longueur d'Avance dans l'Industrie des Ecrans OLED avec le PhOLED Bleu    ONU/ODD : Hilale co-préside à New York le Forum de l'ECOSOC sur la science, la technologie et l'innovation    Leila Benali : « Le Maroc a mis en place officiellement huit Aires marines protégées »    Football : le Maroc s'offre un triplé européen inédit    Fès: Neuf morts dans l'effondrement d'un immeuble résidentiel    CNN encense Taroudant, la « petite Marrakech » où le calme le dispute à un charme authentique    Informations publiques : un rapport dénonce l'inertie des institutions face aux demandes d'accès    Le Maroc engage une refonte de ses infrastructures routières entre Fès et Casablanca    FICAM 2025 : Loading... L'animation et le gaming s'entrelacent avec audace    La Cour suprême espagnole classe l'affaire de génocide contre le Polisario    Botola D1 / J29 : Statu quo favorable aux FAR en tête, le HUSA barragiste !    Demi-finale Conférence League / Fiorentina - Bétis : Zalzouli buteur et finaliste en vidéos !    CAN U20 / Groupe A : quel adversaire pour les Lionceaux en quart de finale ?    À l'occasion de son vingt-deuxième anniversaire : chaleureuses félicitations au Prince Moulay El Hassan    Le processus de l'Afrique atlantique, initié par le Maroc, se met en marche au Cap vert    Du débat à l'action : l'Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES) catalyse la vision nucléaire du Maroc pour une souveraineté énergétique durable    L'ONMT vise le marché chinois à travers le label China Ready    La Chine et la Russie renouvellent leur alliance par une déclaration commune globale    Un vaccin révolutionnaire contre la grippe mis au point par des scientifiques chinois : une protection complète sans aiguilles    Les prévisions du vendredi 9 mai    Larache-Tetouan police foil attempt to smuggle two tons of cannabis resin    L'ONMT apunta al mercado chino a través de la etiqueta China Ready    Comment le Pakistan a tracé sa voie vers l'arme nucléaire    Ligue Europa : Manchester United atomise Bilbao et se qualifie en finale    Maroc - Sahel : Au-delà des alliances de circonstance... [INTEGRAL]    Réforme du système éducatif : Aziz Akhannouch attendu à la Chambre des Représentants    Léon XIV, le nouveau souverain pontife, un Américain modéré    Libéria : Tanger Med Engineering s'occupera de la modernisation des ports    Diplomatie : Pedro Sánchez salue l'appui du Maroc lors du blackout en Espagne    Sonarges : allier performance et inclusion sociale, un défi stratégique    Corruption dans le tourisme : Benalilou tire la sonnette d'alarme    Conclave : Fumée blanche, un nouveau pape est élu    Le monde a connu son second mois d'avril le plus chaud jamais enregistré    S.A.R. la Princesse Lalla Hasnaa célèbre les femmes de culture à Bakou    Le Caftan marocain, de l'héritage saharien au label mondial    Souveraineté culturelle : une nouvelle législation pour protéger l'histoire marocaine    Industrie cinématographique : il était une fois Ouarzazate ?    FITC : Vingt ans sur les planches et pas une ride    Rose à parfum : une production annuelle de 4.100 tonnes    IBM Accélère la Révolution de l'IA Générative en Entreprise avec des Capacités Hybrides    Prix des Médias Arabes : Les gagnants dévoilés le 27 mai    L'aviation pakistanaise affirme sa supériorité en abattant des chasseurs indiens avancés dans leur propre espace aérien    Achraf Hakimi marque le but de la victoire, le PSG en finale de Ligue des champions    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La monarchie : Institution pivot
Publié dans Challenge le 15 - 08 - 2014

Fête du Trône, Fête de la Jeunesse, fête de la révolution du Roi et du peuple, le hasard du calendrier concentre ces trois commémorations. Ce qui les lie, c'est le rôle historique mais aussi institutionnel de la monarchie. Celle-ci est à la fois un symbole et un prescripteur. C'est ce qui lui permet d'évoluer, tout en faisant évoluer toute l'architecture institutionnelle donnant à l'expression «le changement dans la continuité» tout son sens. jamal berraoui
L
'actualité politique cette année, nous a offert plusieurs occasions pour saisir l'interprétation que le Roi donne au texte de la loi fondamentale, la constitution du 1er juillet 2011. C'était important parce que la pratique fait office de jurisprudence dans l'interprétation des textes, surtout quand ils sont ouverts sur plusieurs interprétations.
Deux éléments retiennent plus particulièrement l'attention. Ce que l'on a appelé la crise des cahiers des charges dans les médias publics et le divorce Istiqlal-PJD.
Dans le premier cas, le souverain a reçu le Chef du gouvernement et le ministre concerné. Ceux qui ne s'attachent qu'à l'écume, ont lié cette intervention à un éventuel désir du contrôle du secteur et à une prétendue proximité de ses dirigeants avec le palais. La réponse vient de la bouche de Benkirane lui-même «S.M le Roi a attiré notre attention sur certaines erreurs ». En fait, c'est l'application même de l'article 42. Le Roi est intervenu parce que le gouvernement se substituait à une institution indépendante : la HACA. Il suffit de voir les changements opérés par Mustapha Khalfi, le ministre de la Communication sur son projet initial, pour constater que l'intervention Royale a défendu les prérogatives de la HACA, institution constitutionnelle. Ce qui relève des compétences de l'exécutif est resté, même s'il fait l'objet de controverse.
Par contre, quand Hamid Chabat a fait appel à l'arbitrage Royal, dans son différend avec le Chef du gouvernement et la décision de son parti de quitter la majorité, il faisait une interprétation extensive de l'article 42. Politiquement, cela nous ramenait à une époque où l'institution monarchique intervenait dans la vie interne des structures partisanes. Cette interprétation extensive de l'article 42 contredisait l'esprit de la constitution du 1er juillet et du consensus autour du discours du 9 mars.
Le Roi a tranché en refusant d'intervenir. Mieux, il a rappelé à Hamid Chabat, selon les propres mots de celui-ci, que «le parti de l'Istiqlal, comme tous les autres, était souverain dans ses décisions ». De la même manière, la palais n'a indiqué aucune préférence entre les deux choix qui s'offraient au PJD, à savoir reconstruire une majorité ou aller vers des élections anticipées. C'est le conseil national du PJD qui a tranché.
Nous sommes face à une interprétation démocratique, d'un article sensible parce qu'il fixe les relations entre l'institution monarchique et les autres. Le Roi en a défini concrètement les contours, en défendant la HACA contre la tentation hégémonique et en s'interdisant toute intervention dans la vie interne de l'exécutif. Cela contredit tous ceux qui laissent à penser que l'application démocratique, le fameux « Tanzil », serait l'occasion d'un bras de fer avec le Palais. Celui-ci a une interprétation qui va plus dans le sens de la démocratie que les partis politiques, y compris le PJD.
Une monarchie prescriptrice
Que les commentateurs ne saisissent pas cet aspect, est étonnant, parce qu'il est essentiel. Mais cette attitude royale est en adéquation avec la nature de l'institution et ce que l'on sait de celui qui l'incarne, Sa Majesté Mohammed VI. La monarchie marocaine a de tous temps cherché à coller aux aspirations populaires. Elle ne s'en fait pas l'écho, ne les instrumentalise pas comme des slogans, mais les décline en projet national. L'événement le plus éclatant a été la lutte pour l'indépendance. Dès le début des années 40, le mouvement national a trouvé auprès du souverain de l'époque, le plus grand des soutiens. Le discours de Tanger en 1947, la grève de signatures puis la révolution du Roi et du peuple ont scellé, ou plutôt renouvelé le pacte entre la Nation et l'institution. La légitimité historique de la monarchie ne procède pas de sa durée, mais de sa capacité à être en adéquation avec son temps, les aspirations du peuple et à s'ériger en force prescriptrice, en définissant un cap et des modalités des rythmes, qui sont rarement des ruptures sèches.
Les convictions démocratiques de celui qui l'incarne aujourd'hui sont indiscutables. Dès son intronisation, il a décliné son projet qui tient autour d'un triptyque : démocratie, développement, modernité. Pour qui sait lire avec honnêteté, tout est dans les premiers discours. L'adhésion à la conception universelle des droits de l'homme et de la démocratie, un développement centré sur l'humain dans le respect de la cohésion sociale et de l'environnement, une modernité dans le respect de nos valeurs mais sans aucune concession au conservatisme rétrograde, au nom de la spécificité.
Et il a tenu parole. Le choix de la justice transitionnelle par le biais de l'IER et le renforcement continu du rôle du Conseil national des droits de l'homme est non pas pragmatique, mais stratégique. Il a permis de solder «les années de plomb» sans poser la question de l'impunité. Elle aurait occasionné des tensions ingérables et n'avait pas de pertinence, puisqu'il n'y avait pas de changement de régime. Par contre, dès le début, le processus, l'objectif final dépassant la réconciliation et posait les jalons d'un Etat de droit qui interdisait tout retour aux pratiques passées. Sur le plan institutionnel, la régularité des élections, le respect de la démarche démocratique, la stabilité des gouvernements dans le cadre des législatures, annonçaient un mode de gouvernance respectueux des autres institutions.
Les grands travaux et l'INDH déclinaient la vision du développement intégré. Le code de la famille, l'attention apportée à la promotion de la femme, à l'éducation des petites filles surtout en milieu défavorisé, les efforts consentis en faveur des handicapés, des prisonniers, de manière structurelle et continue posent le cadre de la vision d'une société moderne, solidaire, apaisée en construction.
La manière dont a été gérée la question du code de la famille est l'expression même du rôle de l'institution monarchique. Rappelons-nous de la division de la société autour du plan d'intégration de Saïd Saâdi. Celui-ci a été abandonné par son camp. Le Roi a nommé une commission et l'a dirigée vers un compromis positif, aux acquis nombreux pour les femmes, en particulier l'égalité juridique des époux. Quels que soient ses penchants personnels, celui qui incarne la monarchie doit tenir compte de l'ensemble de la Nation. A chaque carrefour historique, c'est ce qui a permis à l'institution d'être prescriptrice, sans diviser, ni s'aliéner une partie importante du peuple. C'est la tendance lourde de siècles d'histoire. Les exceptions, un cavalier seul du Souverain contre les aspirations, correspondent exactement aux périodes de troubles. C'est ce que l'histoire nous apprend.
Un dépositaire en mouvement
Quand on dit du Maroc que c'est l'un des plus vieux Etats-nations du monde, ce n'est pas un exercice de style, un trophée, ou une couche narcissique pour nos egos. C'est un véritable atavisme qui imprime, avec force, tous les processus de changement.
Tous les Rois du Maroc ont eu à gérer l'ambition de la Nation par rapport à sa place dans le Monde. Souvent en termes de rayonnement, parfois défensivement. Les tribus, même en froid avec le Palais, répondaient massivement à tous les appels pour défendre le pays. La Marche Verte est l'exemple contemporain de ce lien. Le Roi, symbole et incarnation de la Nation, ce n'est pas un slogan pour fête commémorative, mais un véritable poids historique. Le monarque est le dépositaire de la volonté de la Nation. C'est inscrit dans l'acte d'allégeance, qui est synallagmatique, depuis des siècles.
Mais cette charge, ce devoir du Roi, n'est pas une excuse pour l'immobilisme, bien au contraire. Le Trône a obligation de s'adapter aux aspirations populaires, à trouver les équilibres positifs. Même les souverains absolus ont, de tous temps, composé avec les Oulémas, les notables, leurs propres caïds, qui eux-mêmes étaient sous la pression des populations. C'est le seul moyen de comprendre pourquoi le Maroc a résisté pendant des siècles à la fois aux européens et au califat et qu'il a même pu s'étendre au sud, tout en maintenant en interne une stabilité relative, mais réelle.
C'est dans ce contexte qu'il faut resituer les processus actuels. Mohammed VI est un démocrate résolu, mais il est aussi celui qui incarne la monarchie. Le poids de l'histoire est une réalité.
La constitution de 2011 n'est pas uniquement le fruit du contexte régional et de ses ébullitions. C'est le produit d'une maturation qui a démontré que l'ancienne constitution devenait trop exiguë pour le processus de construction démocratique. L'USFP a réclamé une monarchie parlementaire, tout en étant au gouvernement et sans créer la moindre tension, preuve qu'au Palais la réflexion existait. Le texte, rédigé par une commission, alimenté par les propositions des partis et des associations, plébiscité par les électeurs, répond à deux contraintes :
- Celle de l'évolution démocratique en consacrant la souveraineté populaire, en renforçant les prérogatives de l'exécutif issu des élections.
- Le respect du rôle de l'institution monarchique, tel qu'il a évolué dans l'histoire.
C'est encore un équilibre positif très avancé, encadré par l'adhésion aux valeurs universelles qui fixent le cap et imposent à tous les acteurs, une lecture prospective.
L'interprétation donnée par le Roi à l'article 42, démontre sans surprise, que l'institution monarchique s'inscrit dans cet esprit et milite pour ce devenir. Les réticences des uns sont à contre-courant et finiront par être balayées. Les impatiences formulées par d'autres ne tiennent pas compte des différents courants qui traversent la société, et qui sont souvent contradictoires et du rôle réel, historique, de la monarchie, celui d'un dépositaire condamné à la synthèse positive, à la marche vers la concrétisation du projet national, avec l'adhésion de l'immense majorité.
Croire qu'on peut jeter l'histoire par dessus bord à coup de slogans est immature. Avec des pédigrées beaucoup moins chargés, ceux qui s'y sont essayés ont fini dans le drame.
Ce n'est pas un appel au passéisme, loin de là, mais à la prise en compte réelle de l'exception marocaine, à la fois une chance et un atavisme. La monarchie ne peut diriger les ruptures violentes, mais elle a fixé le cap : celui d'une véritable démocratie, solidaire.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.