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Crédits bancaires : Les banques serrent la vis
Publié dans Challenge le 16 - 05 - 2009

C'est indéniable. Le marché bancaire est en situation de tension. Une baisse sensible de liquidités marquée par une chute des dépôts à vue a poussé les banques de la place à élever leur ratio de risque concernant l'octroi de crédits pour des projets immobiliers ou touristiques. Les détails.
Qu'est-ce qui pousse aujourd'hui les banques de la place à se montrer plus regardantes et prudentes quant aux capacités de remboursement des crédits ? La question mérite d'être posée en ces temps de crise. L'octroi de crédits pour des projets privés dans les secteurs de l'immobilier et du tourisme est conditionné par des règles de prudence de plus en plus drastiques. Dans les grandes banques de la place, la prudence est de mise. Un banquier avoue que l'impact de la crise financière est une des raisons de cette mesure. Il avance que les grandes banques ne financent plus que des opérateurs solvables. Et pour cause ! Il explique : « le secteur de l'immobilier, le moteur de l'économie depuis quelques années, est en stagnation. Cette conjoncture difficile a poussé les grandes banques de la place à émettre chacune une pratique ou des règles spécifiques de gestion des risques. On ne prête plus qu'aux opérateurs solvables. Les banques ne s'aventurent plus. Elles sont devenues plus regardantes quant au risque de contrepartie ».
La pré-commercialisation et l'apport en fonds propres
L'octroi de crédits pour des projets dans les secteurs de l'immobilier et du tourisme est devenu très sélectif, ajoute-t-il. Un crédit pour financement d'un terrain à bâtir est passé au peigne fin. Notamment lorsqu'il s'agit d'habitat secondaire ou balnéaire, confie un haut responsable du CIH (Crédit immobilier et hôtelier). « On étudie comme d'habitude les dossiers de crédits en prenant en considération l'évolution du secteur dans les villes. Dans le cas de grands projets immobiliers, on met plus l'accent sur l'aspect pré-commercialisation et commercialisation, notamment pour les projets qui n'ont pas encore démarré. En d'autres termes, on voit la sortie attendue du projet. C'est pourquoi les grands promoteurs immobiliers lancent la pré-commercialisation. Il faut qu'il y ait un engouement significatif. Un projet de 300 ou 500 villas qui, lors de la pré-commercialisation, ne vend que 10 ou 20 villas n'est pas très encourageant », explique-t-il. Et d'ajouter que dans le cadre du financement d'un terrain à bâtir, la banque regarde 2 à 3 fois plus si l'acquisition rentre dans le cadre global d'un projet immobilier viable.
Ce qu'il faut savoir, et c'est un constat général, c'est que la liquidation des stocks des biens immobiliers est très lente voire stagne. Les ventes sont donc en stand by. D'autant plus que certaines banques ont constaté que les prix déclarés de certains terrains fonciers sont farfelus. Déclaré par exemple à 30 MDH, le terrain, une fois hypothéqué, ne vaut pas plus de 8 ou 10 MDH au meilleur des cas. Il y a aussi un autre exemple, celui d'un promoteur immobilier qui s'endette pour acquérir un terrain à bâtir. Il commence à construire puis déclare sa société en faillite.
Dans le secteur du tourisme, l'étau des dossiers de financement se resserre aussi. Ce verrouillage est justifié sur le plan macro par la baisse des arrivées des touristes intensifiée par la crise économique, mais aussi par la baisse dans la durée ou le budget de la période des vacances.
Dans le détail des dossiers de crédit, on relève que les banques ne financent plus le foncier à hauteur de 80 ou 90%. Elles exigent aujourd'hui un apport conséquent en fonds propres et ne financent pas plus de 50%.
Puisqu'il était difficile de toucher d'autres responsables au niveau des grandes banques comme la BMCE, Attijariwafbank ou la BP, il a fallu se tourner vers les petites banques de la place en leur posant la même question. A ce niveau-là, c'est un autre constat à relever, toujours est-il que leur part de marché est minime. Contacté par Challenge, Mohamed Saher, directeur général de Arab Bank Maroc, une petite banque de la place de par sa taille, a déclaré que les dépôts de sa banque ont relativement augmenté en 2008 de 1,5%. Même cadence constatée au premier trimestre 2009. Mais qu'en est-il du ratio de risque concernant l'octroi des crédits. «Chez nous, ce n'est pas le cas. Nous sommes depuis toujours assez sélectifs, c'est l'avantage de la taille aussi. Nos créances en souffrance baissent et l'encours des crédits a augmenté de 5% », indique-t-il.
La liquidité en baisse
Au-delà du critère de la capacité de remboursement des crédits, le placement de la barre du ratio du risque un peu plus haut s'explique aussi par une conjoncture difficile marquée par une baisse de liquidité. La liquidité, c'est la sommation des dépôts à vue auprès des banques. A ce point nommé, il ne faut pas ignorer l'impact de la crise économique et financière sur le système bancaire marocain. Le même responsable du CIH a déclaré à Challenge que le marché est en situation de tension. Il suffit de voir, selon lui, les injections hebdomadaires de Bank Al Maghrib et la baisse des dépôts à vue pour s'en persuader. Mais il ajoute qu'il faut reconnaître que BAM joue pleinement son rôle de régulateur du marché. La liquidité en baisse, les chiffres publiés pour le premier trimestre 2009 en témoignent. En effet, les dépôts ont chuté de 1,5% par rapport à décembre 2008. La publication des états des ressources et emplois du secteur bancaire, à fin mars 2009, étaye la thèse d'une tendance à la baisse. Après 4 années marquées par une surliquidité (2004-2008), la baisse de liquidité s'installe. D'ailleurs, pour éviter les tensions sur le marché monétaire, Bank Al Maghrib injecte chaque semaine de 10 à 15 milliards de DH et ce, malgré la baisse du taux de la réserve monétaire censée mettre les banques plus à l'aise.
Pour Mohamed Saher, le directeur général de Arab Bank Maroc, on n'en est pas au stade d'assèchement de liquidité. Bank Al Maghrib régule le marché monétaire. Il n'y qu'à voir la taille des crédits en 2008, qui a atteint 550 MMDH, et les avances de BAM, qui se situent entre 12 et 14 MMDH, pour s'en convaincre.Contacté par Challenge, le directeur général de Capital Gestion a déclaré que la situation de la liquidité est bien suivie par Bank Al Maghrib, qui injecte des avances tous les 7 jours. La banque centrale répond aux besoins en fonds à hauteur de 14 à 15 MMDH. La surliquidité, qui a prévalu de 2004 à 2008, a cédé la place à une situation d'équilibre, soutient-il. Car il n'y a plus de privatisations qui engendraient un effet de dividendes. « Aujourd'hui, on décaisse les dividendes. Les importations progressent et les exportations régressent. Ce qui veut dire qu'il y a une sortie de liquidité. Il y a aussi ce qu'on appelle un soap de crédit. Les entreprises (privatisées) s'endettent au Maroc pour rembourser leurs crédits à l'étranger. L'Agelec rembourse son crédit à l'international. Par contre, les dépôts actifs OPCVM ont augmenté. Les clients investisseurs ont acheté beaucoup d'OPCVM monétaires et obligataires et Bank Al Maghrib (BAM) a baissé le taux directeur à 3,25 pour qu'il n'y ait pas de hausse du taux d'intérêt. A mon avis, la liquidité va revenir», rassure-t-il.
Le responsable de Capital Gestion explique en outre qu'avant, BAM avait une politique non claire. Aujourd'hui, elle suit la liquidité à travers des ajustements hebdomadaires, des politiques trimestrielles... Les banques ont augmenté leurs fonds propres pour accorder plus de crédits à travers l'émission d'emprunts obligataires subordonnés, comme c'est le cas de la BCP. La liquidité est selon lui conditionnée par plusieurs facteurs: les recettes MRE, le tourisme, les importations exportations, les dividendes à l'étranger...
Ce qui est inquiétant, c'est que l'encours des dépôts a été en régression pendant tout un trimestre de l'année en cours. Se situant à 557,2 milliards de DH à fin mars 2009, ces dépôts sont en recul de 1,5% par rapport à fin 2008 et ce, principalement du fait des comptes courants qui dévissent de 9,5% à près de 84 milliards de DH. « Nous sommes dans une conjoncture difficile, marquée par une baisse de liquidité. La baisse des dépôts auprès des banques étaye le fait de l'effritement de la liquidité sur le marché bancaire. Elle est due à plusieurs facteurs. D'abord, ce constat dans les grandes banques de la place, a commencé depuis le 4e trimestre 2008 et se poursuit encore jusqu'à ce jour. Les épargnants puisent dans leur épargne pour maintenir leur niveau de vie », explique un banquier de la place.
En avançant dans le détail, il apparaît que les comptes chèques sont également en berne, avec des encours qui régressent de 1,1% à 216,2 milliards de DH. La question est sensible, car il s'agit des ressources non rémunérées. Quant à la part des MRE dans les dépôts de la clientèle, elle se fixe à 20,4%, à 5,1 milliards de DH, contre une moyenne de 22,2% au cours des trois dernières années.Du coup, une question fuse. La baisse de liquidité a-t-elle eu un impact sur l'encours des crédits ?
L'encours des crédits
progresse moins
Selon les statistiques publiées, toujours au premier trimestre 2009, l'on constate un ralentissement de la croissance des encours qui s'établissent à 527,8 milliards de DH, soit une évolution de 1,8% par rapport à fin décembre 2008 et +20,2% par 12 mois glissant. Ce qui attire l'attention en passant, c'est que les crédits à l'immobilier (promotion immobilière et accès à la propriété), qui gagnent 10,6% en trois mois à 158,4 milliards de DH, boostent cette activité. On en déduit que la crainte d'une vraie récession immobilière annoncée n'est pas encore d'actualité. Mais chez certaines grandes banques de la place, ce n'est pas la joie. Leur part de marché a été revue en légère baisse. Cela s'explique notamment par les ventes des biens immobiliers qui connaissent une inquiétante stagnation. Les chantiers sont lancés certes, mais la commercialisation ne suit pas le même rythme.
Il faut aussi reconnaître que les crédits à la promotion augmentent à un rythme beaucoup plus rapide que les financements de l'acquisition. Les premiers se sont appréciés de 24,3% par rapport à décembre à 56,3 milliards de DH alors que les seconds n'ont évolué qu'à hauteur de 4% à 102 milliards de DH. Ces chiffres montrent clairement que le financement par les banques des terrains à bâtir dans le cadre d'un projet immobilier ou touristique connaît un recul. Les établissements de crédit exigent un apport en fonds propres plus important que jamais.
Les mesures de prudence prises aujourd'hui par les banques de la place confirment leur souci de la liquidité. Elles sont devenues plus regardantes au vu des chantiers lancés ici et là, et qui n'aboutissent pas à la commercialisation. La non liquidation de biens immobiliers étouffe la liquidité sur le marché. Les injections hebdomadaires de Bank Al Maghrib interviennent pour empêcher un effet d'éviction. Cependant, une question demeure posée : le système bancaire, quoique protégé, peut-il résister face à la crise extérieure en s'étayant sur la consommation intérieure?


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