Abdellah Saloui a testé plusieurs créneaux avant de choisir de faire carrière dans la promotion immobilière. Du taxi, aux bouchons pour des bouteilles de champagne en passant par les maillots de bain, ce triathlète ne s'arrête devant rien. Abdellah J. Slaoui est un promoteur immobilier qui n'a pas fait dans le juste milieu pour marquer son évolution. Ayant démarré dans l'économique et le social à travers les logements Sakani, il semble afficher en 2006 un grand revirement de tendance et étonne tout en lançant un complexe résidentiel de luxe. Basé à Bouznika, ce projet dénommé Eden Island s'étale sur une superficie de 22 hectares et renferme une mer intérieure. Le nec plus ultra ! Aujourd'hui, les premiers résultats de commercialisation semblent satisfaire le jeune Abdellah. Ce dernier a pris un risque en se lançant dans un type de logements qui correspond à un cycle de commercialisation assez long et nécessite de surcroît une assise financière solide afin d'équilibrer la trésorerie. «J'aurai pu investir dans un projet type lotissements, mais je voulais faire beau et différent», s'en targue ce triathlète de 47 ans. Et d'ajouter, «ma philosophie est de toujours faire les choses différemment des autres, y compris dans le social. Malheureusement, dans ce créneau et compte tenu des prix de vente, ma marge de manœuvre est réduite, mais je fais de mon mieux pour être irréprochable sur le plan technique et j'essaie d'innover en matière d'architecture et d'aménagement de l'espace». D'ailleurs, Abdellah Slaoui n'est pas plus fier d'avoir réalisé Eden Island que d'avoir construit des milliers de logements économiques. «Il y a un peu de moi dans les deux», confie-t-il, du haut de ses vingt années passées dans le secteur immobilier. Deux décennies avant lesquelles il a exercé plusieurs autres métiers. Déjà étudiant à l'université de Pennsylvanie en Philadelphie, alors à peine âgé de 18 ans, il s'endette pour acheter deux taxis, en s'associant avec un ami. Un business qui lui permet de bien gagner sa vie tout en fréquentant les bancs de l'école, mais qu'il liquide une fois la décision de rentrer au Maroc prise. L'ingénieur doté d'un Master of Electrical Engineering and Science suit le parcours ordinaire de tout un Marocain de son époque et passe son service civil. Six mois plus tard, il lance son entreprise et choisit comme créneau les maillots de bain pour femmes. Un domaine dont il se rassasie au bout de trois années seulement. Direction : encore une fois le pays de l'oncle Sam ; encore une fois les bancs de l'université. Il s'inscrit à l'université Columbia à New York et passe son MBA avec succès. Aussitôt les études terminées, il rentre au Maroc et crée l'entreprise Sibel, spécialisée dans la fabrication de bouchons pour bouteilles de champagne, devenue après «le numéro un dans le monde». En parallèle, il fait ses premiers pas dans l'immobilier en construisant des logements à Sidi Moumen. Ce Business le passionne à tel point qu'il prend la «douloureuse» décision de sacrifier Sibel afin de pouvoir se consacrer à sa nouvelle activité. Une passion qui, par moment, a été démesurée au point d'engendrer une défaite. Il peine encore à déstocker des appartements qu'il avait construits, il y a des années de cela, «faute d'adéquation entre l'offre et la demande». Une erreur qui, sans le freiner, lui a appris à prendre le pouls du marché afin de mieux répondre à ses besoins. C'est certainement en sondant ce même marché qu'il a pris dernièrement la décision de s'orienter davantage vers le moyen standing en délaissant l'économique.