Rien ne va plus entre Boeing et Airbus. Le différend opposant les Etats-Unis à l'Union européenne à propos des subventions versées à leur constructeur aéronautique respectif est désormais porté devant lOrganisation mondiale du commerce. Lété risque dêtre chaud, alors que des experts étudient les deux demandes. Une autre affaire délicate sajoute à la liste des problèmes sur lesquels doit statuer lOMC, puisque cette organisation a accepté, mercredi 20 juillet, de trancher à propos du différend qui oppose le constructeur américain Boeing à son rival de toujours Airbus, le constructeur européen. Bruxelles et Washington avaient annoncé le 31 mai dernier leur intention de demander l'arbitrage de l'OMC, après avoir déposé plainte devant l'organisation en octobre 2004. Cest maintenant chose faite puisque les148 pays membres de l'OMC, réunis au sein de l'organe de règlement des différends, ont accepté une demande américaine de mise en place d'un "groupe spécial" d'experts pour examiner les subventions versées par quatre pays de l'Union européenne (Allemagne, Espagne, France et Royaume-Uni) à Airbus. A son tour, Bruxelles a déposé une demande similaire à l'encontre des subventions américaines à Boeing que lOMC a également approuvée. L'examen de ces deux dossiers par l'OMC prendra au moins six mois. Les Etats-Unis demandent à cette organisation de condamner les aides remboursables au lancement de nouveaux appareils versées par les Européens à l'avionneur de Toulouse. En réaction, les Européens demandent à l'organisation de dénoncer les aides versées à Boeing sous la forme de déductions fiscales par plusieurs Etats américains, notamment lIllinois, le Kansas et lEtat de Washington, ainsi que par la NASA et le Pentagone au titre de la recherche et développement. La décision des pays membres de lOMC, qui était automatique, lance deux procédures parallèles qui pourraient s'avérer parmi les plus lourdes, les plus longues et les plus complexes jamais engagées par cette institution, compte tenu du montant des subventions incriminées. LOMC aura à nommer par la suite les trois ou cinq experts de chacun des groupes dans un délai de 20 jours. Si les parties ne parviennent pas à s'entendre sur ces nominations, il reviendra au Directeur général de l'OMC, le Thaïlandais Supachai Panitchpakdi, de nommer d'office ces arbitres, dans un délai supplémentaire de 10 jours. Cette première étape franchie, les groupes spéciaux auront ensuite six mois pour trancher les différends, mais ils pourraient demander des délais supplémentaires, au regard de la complexité des dossiers. La semaine dernière, le commissaire européen pour le Commerce, Peter Mandelson, avait réitéré sa préférence pour un règlement négocié du différend en dehors de l'OMC. Les ministres du Commerce allemand, britannique, espagnol et français se sont rencontrés lundi 18 juillet à Bruxelles pour tenter de définir une stratégie qui permettrait de sortir de ce contentieux avec les Etats-Unis, avait annoncé la ministre française, Christine Lagarde. «Nous avons étudié toutes les options», avait-elle répondu, interrogée sur la possibilité de trouver un mécanisme alternatif aux avances remboursables. Mais le différend pourrait connaître un dénouement inattendu. En effet, plusieurs spécialistes du commerce international estiment que le contentieux pourrait se retourner contre les deux compagnies, dont les subventions pourraient être simultanément condamnées par l'OMC.