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«Un confinement généralisé ne serait ni économiquement ni socialement viable»
Publié dans Finances news le 11 - 09 - 2020

◆ Les autorités doivent non seulement préserver la santé des citoyens, mais aussi le tissu économique et la cohésion sociale du pays.
◆ Suite aux premières mesures d'assouplissement post-confinement à partir de juin, des signaux de redressement ont été perçus particulièrement dans l'agriculture et agroalimentaire, l'électronique et le textile et habillement.
◆ Tour d'horizon avec Selin Ozyurt, Economiste senior, responsable de la région Afrique au sein de Euler-Hermes.

Propos recueillis par B. Chaou

Finances News Hebdo : Comment a évolué la situation économique du Maroc après le dé-confinement ?
Selin Ozyurt : Les indicateurs économiques signalent l'émergence d'une reprise «timide» et graduelle de la demande interne. Cependant, la perte significative des revenus et des emplois, liée à la crise sanitaire, limite la probabilité d'un fort rebond de la demande interne.
Au deuxième trimestre 2020, où le confinement a été prolongé jusqu'au 11 juin, les pertes d'emplois ont atteint 589.000 postes (520.000 postes en milieu rural et 69.000 en milieu urbain). Ceci engendre un reversement de tendance, car les trois dernières années étaient marquées par la création de 64.000 postes par an en moyenne. La reprise demeure fragile, car l'impact négatif de la crise sanitaire s'est rajouté à la succession de deux mauvaises années agricoles.
En conséquence, nous constatons une hausse du taux de chômage à 12,3% au T2-2020 et une baisse des crédits à la consommation (-1,6% à fin juin 2020), malgré la poursuite du ralentissement de la hausse des prix à la consommation (+0,5% à fin juillet).

F.N.H. : Quels sont les secteurs d'activité qui ont marqué une reprise ?
S. O. : Suite aux premières mesures d'assouplissement post-confinement à partir de juin, les signaux de redressement ont été perçus particulièrement dans les secteurs de l'agriculture et agroalimentaire, l'électronique et le textile et habillement. Dans le secteur tertiaire, contrairement aux secteurs du tourisme et du transport, qui continuent d'être sévèrement pénalisés par la crise sanitaire, nous constatons une évolution globalement favorable dans les télécommunications.
Quant aux exportations, elles montrent des signaux de redressement à partir du mois de juin, particulièrement dans les secteurs de l'agriculture et agroalimentaire, l'électronique et le textile et habillement. Les exportations du secteur manufacturier maintiennent leur évolution négative à fin juin 2020, mais enregistrent une décélération de leur rythme de déclin.
Au deuxième trimestre, la baisse des exportations (en glissement annuel) frappe particulièrement les secteurs de l'automobile (-33%), le textile et cuir (-34,9%), l'aéronautique (-18,1%), l'industrie alimentaire (-6,4%) et l'électronique et électricité (-5,2%).
Au niveau mondial, nous prévoyons une contraction des échanges commerciaux de 15% en volume en 2020, avec une reprise de + 8% en 2021 et + 4,1% en 2022. Les pertes à l'exportation (4,5 trillions de dollars en 2020) révéleront de grandes asymétries entre les pays et les secteurs.
Les activités de services mettront beaucoup plus de temps à se redresser (2023 pour les services de voyage et de transport) par rapport au commerce de biens qui va revenir à son niveau d'avant la crise d'ici la fin de 2022.

F.N.H. : Face à l'inquiétante situation sanitaire au Maroc, les autorités évoquent un possible retour au confinement. Quel impact cela aurait-il sur l'économie ?
S. O. : Les autorités se trouvent devant un arbitrage difficile entre préserver la santé publique, mais aussi le tissu économique et la cohésion sociale du pays. Or, sans une amélioration significative de la situation épidémiologique, le confinement pourrait devenir inéluctable.
Un éventuel retour au confinement risque d'avoir des conséquences économiques négatives en termes de perte d'emploi et de pouvoir d'achat, ce qui pourrait fragiliser la cohésion sociale du pays. D'ailleurs, pendant le confinement, la majorité des emplois perdus a été observée dans le secteur informel (les secteurs de l'agriculture, de la construction et des services) où les revenus sont déjà faibles et la précarité élevée.

F.N.H. : Un deuxième confinement serait-il soutenable selon vous, au regard de la nature du tissu économique national ?
S. O. : Tout d'abord, il est important de souligner le sérieux avec lequel la crise sanitaire a été gérée par les autorités marocaines, avec un confinement de la population (couvre-feu généralisé, mesures de distanciation sociale dans les lieux publics, interruption des transports publics…) qui a eu lieu très tôt dans le temps et a permis de sauver des milliers de vies.
Cependant, compte tenu de la situation économique actuelle, chez Euler-Hermes, nous trouvons qu'un retour au confinement généralisé serait difficilement viable au Maroc, mais aussi dans les pays avancés. De ce fait, au niveau mondial, nous attendons des cycles «stop and go» de confinement en fin 2020 et début 2021, en lien avec la sévérité de la progression du virus.
Il faut reconnaître qu'en six mois, nous avons pas mal appris sur les modalités de circulation du virus et accumulé de l'expérience pour contenir sa transmission. Ceci suggère de privilégier les mesures de confinement ciblées et efficaces pour éviter les séquelles économiques et sociales désastreuses.

F.N.H. : Aujourd'hui le tourisme, un des moteurs de la croissance économique, est en grande difficulté. Si la fermeture des frontières perdure jusqu'à la fin de l'année, quel impact cela aurait sur ce secteur sur le long terme ? Et quand peut-on espérer sa reprise ?
S. O. : Au niveau mondial, le tourisme a été le secteur le plus gravement affecté par la pandémie de Covid-19. L'Organisation mondiale de tourisme (OMT) estime pour l'année 2020 un retrait des arrivées internationales des touristes de l'ordre de 60%-80%. Ceci va se traduire par une baisse au niveau mondial des dépenses touristiques de 800-1.000 milliards de dollars (soit -60%de baisse en glissement annuel). Au Maroc, le secteur du tourisme, qui contribue au PIB à hauteur de 7%, a enregistré un recul de 71,7% au deuxième trimestre 2020 (en glissement annuel), soit une perte de 11,8 milliards de dirhams.
En 2020, nous estimons un recul d'environ 70% des arrivées touristiques au Maroc en raison des restrictions liées à la Covid-19. En 2020-2021, cette mauvaise performance du secteur se traduira par des pertes importantes d'emplois, mais aussi par le recul des entrées de devises.
En revanche, nous n'attendons pas de changement structurel (long terme) du tourisme au Maroc une fois que le virus aura disparu vers fin 2021. Les perspectives de croissance mondiale restent, toutefois, entourées de grandes incertitudes, liées notamment à l'évolution de la pandémie. Nous attendons une reprise de l'activité du tourisme à partir de la deuxième moitié de 2021, mais il faudrait attendre 2022 pour atteindre la performance de l'année 2019.

F.N.H. : Quelles sont vos perspectives de croissance cette année pour l'économie marocaine ?
S. O. : L'économie marocaine a été touchée par la crise Covid-19, en particulier par le canal du commerce international. Les perturbations des chaînes de production et d'approvisionnement en intrants ont entravé la production pendant le confinement, en particulier dans le secteur agroalimentaire et manufacturier. Finalement, la baisse des revenus du tourisme (secteur à l'arrêt représentant 8% de l'emploi total) et des transferts des émigrants ont naturellement freiné les entrées de devises.
Depuis le deuxième trimestre, les indicateurs conjoncturels soulignent l'existence d'une reprise graduelle mais fragile en raison de l'incertitude sanitaire qui perdure. Au Maroc, nous attendons un recul historique du PIB de -5,2% en 2020, qui sera suivi d'un rebond de 4,5% en 2021. Cette reprise économique sera tirée par la normalisation des récoltes céréalières, le redémarrage des projets d'infrastructures et la reprise progressive de la demande mondiale et de l'activité du tourisme.


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