La Cour suprême du Brésil a donné jusqu'à vendredi soir à la défense de l'ancien président Jair Bolsonaro, pour fournir des explications sur un document retrouvé dans son téléphone portable, dans lequel il envisageait de solliciter l'asile politique auprès du président argentin Javier Milei. Le juge Alexandre de Moraes, rapporteur de l'affaire contre Bolsonaro, a fixé un délai de 48 heures aux avocats, invoquant des violations répétées des mesures restrictives imposées à l'ancien président, notamment l'interdiction d'utiliser les réseaux sociaux, même par l'intermédiaire de tiers. « La défense de Jair Bolsonaro est sommée d'apporter des éclaircissements concernant la réitération de comportements illégaux et le risque avéré de fuite », a indiqué le magistrat. Le document incriminé, long de 33 pages mais ni daté ni signé, a été retrouvé dans le téléphone de l'ancien chef de l'Etat, selon le rapport de la Police fédérale. Lire aussi : Brésil : Bolsonaro nie son rôle dans les événements du 8 janvier 2023 et demande son acquittement Outre cette découverte, les enquêteurs citent des échanges de messages entre Bolsonaro et ses proches, dont son fils Eduardo et l'ex-général Braga Netto, interdits de contact direct. Mercredi soir, la Police fédérale a annoncé l'inculpation de Jair Bolsonaro pour tentative d'abolition de l'Etat de droit et coercition pendant le procès. L'ancien président et son fils sont soupçonnés d'avoir collaboré avec des responsables américains pour placer la Cour suprême brésilienne « sous le contrôle d'un autre Etat étranger ». Les enquêteurs ont versé au dossier plusieurs enregistrements et messages échangés avec le pasteur évangélique Silas Malafaia et Eduardo Bolsonaro. Dans ces conversations, l'ex-président liait l'amnistie des condamnés pour les événements du 8 janvier 2023 à des négociations avec Washington sur la suppression des droits de douane visant des produits brésiliens. La défense de Bolsonaro s'est dite « surprise » par ces accusations, affirmant dans un communiqué que son client n'a jamais enfreint les mesures conservatoires imposées par la Cour suprême et qu'il apportera toutes les clarifications nécessaires dans le délai imparti. Cette nouvelle étape judiciaire s'ajoute aux multiples procédures visant l'ancien président, déjà mis en examen pour son rôle présumé dans les événements de janvier 2023, lorsque des milliers de ses partisans avaient envahi les sièges des trois pouvoirs à Brasilia.