Leila Berrada, Directeur général adjoint de la société immobilière Omnidior, revient sur l'activité multi segments de celle-ci et nous explique les difficultés commerciales du secteur pendant le mois de Ramadan. Elle décortique aussi, sans langue de bois, la réalité actuelle du secteur. Finances News Hebdo : Cette période de l'année est généralement caractérisée par la prospection des MRE. Est-ce la même chose cette année encore ? Laila Berrada : En effet, cette période de l'année est une période importante pour le secteur de la promotion immobilière car les Marocains résidents à l'étranger rentrent généralement au pays pour la période estivale et en profitent pour rechercher des opportunités foncières ou un pied à terre dans leur pays d'origine. Cette année, comme la précédente, est un peu particulière du fait du Ramadan qui coïncide avec le mois de juillet. Cela décale légèrement les données puisque, alors qu'avant, l'arrivée des MRE était bien connue à l'avance avec un pic des arrivées en juillet et début août, les choses deviennent moins claires car les arrivées ne se font plus systématiquement de manière simultanée. Aussi certains MRE choisissent-ils de venir passer le mois de Ramadan au Maroc, d'autres préfèrent venir pour l'Aïd et pendant le mois d'août. Il est donc difficile d'établir un pronostic. F. N. H. : Comment se comporte ce marché de manière générale ? L. B. : Globalement, il reste un marché à fort potentiel, et on ressent toujours autant l'envie des MRE de disposer du foncier au Maroc. Toutefois un petit bémol se fait ressentir au niveau de leur confiance vis à vis des promoteurs. En effet, un bon nombre de Marocains résidents à l'étranger sont déçus par le non respect des engagements et des promesses qui leur ont été faites. C'est une chose que nous avons beaucoup ressentie au niveau des Salons marocains à l'étranger. C'est pour cette raison qu'un bon nombre d'opérateurs se mobilisent pour redorer le blason du métier. Nous espérons, dans ce sens, que les démarches administratives seront désormais plus fluides, car les délais des procédures restent le maillon de la chaîne que nous ne pouvons malheureusement pas maîtriser. Chez Omnidior, tenir nos engagements est une obligation, pas un choix. Nous préférons communiquer sur les délais optimaux pour être sûrs de ne pas faire de fausses promesses. F. N. H. : Les promoteurs immobiliers ont officiellement demandé audience à la Banque centrale pour dénoncer le durcissement des conditions de crédits auprès des banques. Le financement devient-il si difficile que cela ? Qu'en est-il pour votre Groupe ? L. B. : En effet, depuis 2009, on ressent moins d'engouement et plus d'austérité au niveau des bailleurs de fonds. En 2008, les crédits s'octroyaient à tous ceux qui présentaient un projet immobilier qui tient la route. La bulle immobilière a éclaté et nous sommes revenus à des choses plus réelles, plus terre à terre. Ce qui était inévitable et tout à fait normal. Ce n'est pas une chose négative, c'est tout simplement le marché qui a repris le dessus pour retrouver un rythme de croisière stable en adéquation avec la réalité. En ce qui concerne les banques, elles sont aujourd'hui plus réticentes à accorder des crédits et étudient de très près les demandes avant d'octroyer le financement pour un projet de promotion immobilière. Dans le cas de Omnidior nous avons toujours fonctionné en majeure partie avec nos fonds propres et une démarche prudente. Ce qui nous a permis de ne pas nous retrouver en difficulté lorsque la bulle immobilière a éclaté et que les prix de vente ont été réajustés. F. N. H. : On parle beaucoup de crise. L'immobilier marocain est-il aussi concerné ? Si oui pourquoi et sur quels segments ? L. B. : Il est vrai que le marché marocain vit également une période de difficulté au vu de la crise économique mondiale. Et ce, quel que soit le secteur d'activité. C'est une réalité à laquelle l'ensemble des entreprises marocaines est confronté. Toutefois, le Maroc s'en sort particulièrement bien par rapport à d'autres pays voisins où les gens se retrouvent sans logement et sans moyens de subvenir aux besoins les plus rudimentaires. Au niveau du secteur immobilier nous ressentons plus de difficultés qu'auparavant à commercialiser les produits. Mais cela se limite à certaines villes et à certains types de produits. Pour le logement social, par exemple, dans la majorité des villes du pays, le déficit à résorber est tellement important que les appartements de cette catégorie se vendent sans effort commercial. Certaines villes ont plus souffert que d'autres, comme Marrakech par exemple ou Tanger. Mais cette année, nous avons noté un redémarrage de l'activité, ce qui a poussé certains opérateurs à se relancer sur ces régions considérées pendant quelques années comme sinistrées. Globalement le marché marocain se porte relativement bien et reste une valeur sûre dans ce contexte de crise mondiale et d'instabilité des marchés.