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«Le mode de planification urbaine révèle plusieurs dysfonctionnements»
Publié dans Finances news le 27 - 05 - 2016

L'Agence urbaine de Berrechid est née il y a tout juste trois ans. Dans cet entretien, son directeur, Omar El hassouni, dresse l'état des lieux et les défis qui pèsent sur le développement urbain des deux provinces de Berrechid et de Benslimane. L'homme n'a pas la langue dans la poche. Fin connaisseur des rouages de l'urbanisme, il nous livre également sa feuille de route à la tête de l'Agence pour les années à venir.
Finances News Hebdo : Quelles sont les spécificités propres au territoire d'interven­tion de l'Agence urbaine de Berrechid ?
Omar El Hassouni : Le territoire couvert par l'Agence urbaine de Berrechid est l'un des plus dynamiques de la région Casablanca–Settat, voire même à l'échelle nationale, accueillant de plus en plus de nombreux projets immobiliers, industriels, plates-formes logistiques, etc.
Suite à la création de l'Agence urbaine, la ville de Berrechid a connu un grand essor au détriment de la ville de Settat. Près de 60% des dossiers (études, autorisations) qui étaient examinés par l'Agence urbaine de Settat concernaient Berrechid et Benslimane. Ces deux villes constituent désor­mais une deuxième couronne autour de Casablanca, après celle de Bouskoura.
F.N.H. : L'Agence couvre des terrains à forte vocation agricole. Quelles sont les contraintes qui pèsent sur la planification urbaine dans le monde rural ?
O. E. H. : La population de la zone rurale d'inter­vention de l'Agence représente près de 40% à Berrechid et atteint 50% à Benslimane. Considéré comme étant le grenier du Maroc, ce territoire abrite l'une des plus grandes nappes souterraines du pays et des terrains les plus fertiles du Maroc (Chaouia est associée au niveau le plus élevé du rendement à l'hectare des terrains bours au niveau national).
Toute urbanisation se fait donc au détriment de l'agriculture. L'enjeu est de trouver un équilibre entre la partie agricole et celle ouverte à l'urbani­sation.
L'une des difficultés de la construction dans le monde rural est liée à la nature du régime foncier (copropriété). Dans une situation d'indivision, il est certes facile d'exploiter le terrain, mais cela reste difficile de prouver sa propriété pour pouvoir construire. Se pose aussi la contrainte liée à l'exi­gence d'un minimum parcellaire (un hectare) pour la construction.
F.N.H. : Pourquoi n'arrive-t-on toujours pas à respecter les engagements fixés par les documents d'urbanisme, notamment en matière d'équipements (écoles, hôpitaux, etc) ?
O. E. H. : Le mode de planification urbaine révèle un certain nombre de dysfonctionnements. Une fois intégrés dans un plan d'aménagement urbain, les terrains ruraux verront leur valeur flamber du jour au lendemain. Ce sont les propriétaires et les spéculateurs qui en bénéficient, et non pas la collec­tivité qui, paradoxalement, a la charge de financer les équipements nécessaires. Nous devons nous inspirer de certaines expériences internationales imposant aux propriétaires de terrains de contribuer au financement des équipements en restituant une part de la plus-value issue de la revalorisation des terrains à la collectivité.
Les terrains réservés aux équipements dans les documents ne peuvent en aucun cas être hypo­théqués au-delà de dix ans, soit la durée de vie de l'utilité publique d'un document d'urbanisme (PA, etc.). Si ces équipements ne sont pas réalisés à temps, nous ne pouvons pas les reconduire dans le prochain plan d'aménagement.
F.N.H. : Justement, quand on voit l'exemple récent de Deroua, l'on se rend compte qu'elle n'a de ville que le nom !?
O. E. H. : C'est une question de moyens. L'urbanisme est générateur d'une richesse qui n'est malheureu­sement pas bien répartie.
La collectivité n'en bénéficie pas. Le projet du nou­veau code de l'urbanisme (ndlr, qui n'a toujours pas abouti) avait intégré cette notion, donnant à l'Etat le droit de préemption qui lui permet de mettre la main sur les zones ouvertes à l'urbanisation. Il faut avoir les moyens de sa politique. A Deroua comme ailleurs, même à Casablanca, le taux de réalisation des équipements projetés dans les documents d'urbanisme ne dépasse pas les 20%. Cela ne veut pas dire que nous surestimons les équipements dans nos documents d'urbanisme, mais les moyens font défaut. On aura beau planifier des écoles, mais tant que ces écoles ne figurent pas sur la carte scolaire du ministère de l'Education nationale, tout devra attendre.
F.N.H. : Quelles sont les principales actions menées durant les trois premières années d'existence de l'Agence urbaine de Berrechid ?
O. E. H. : La couverture en matière de documents d'urbanisme requiert une certaine hiérarchisation de documents : partant d'un Schéma national, puis un Schéma régional, ensuite un Schéma directeur
et enfin un Plan d'aménagement pour les com­munes urbaines ou bien un Plan de développement d'agglomération pour les centres et groupements ruraux. Malheureusement, la Province de Berrechid n'a jamais été dotée d'un Schéma directeur. Il y a des Plans d'aménagement pour Deroua, Had Soualem et Ouled Abbou, mais sans qu'il n'y ait une vision d'ensemble. C'est la raison pour laquelle le ministère et l'Agence urbaine ont lancé l'année der­nière les études pour la mise en place du Schéma directeur des villes de Berrechid et de Benslimane. Dans l'objectif de combler le vide et de tracer la planification urbaine sur une période de 25 ans.
F.N.H. : Comment ce document pourra-t-il changer la donne urbanistique de ces deux villes ?
O. E. H. : Au niveau de la commission chargée de l'étude et de l'octroi des dérogations et dont le secrétariat est assuré par l'Agence urbaine (ndlr, parmi les 130 dossiers examinés en 2015, 47 ont été admis sur près de 700 hectares), nous ne dis­posons pas de référentiel sur lequel nous pouvons nous appuyer. Toute la province était considérée comme une zone industrielle à ciel ouvert. Souvent motivées par des opportunités foncières, en dehors des zones projetées dans les documents d'urba­nisme, plusieurs zones industrielles ont d'ailleurs du mal à décoller.
F.N.H. : La zone industrielle de la Chambre française de commerce et d'industrie du Maroc (CFCIM) est pourtant souvent citée comme un exemple de réussite !
O. E. H. : A la différence des autres zones industrielles, celle de la CFCIM à Berrechid est la première à caractère locatif. Les investisseurs viennent louer le terrain et prendre en charge les frais de construction de leurs unités. Dans le même ordre d'idées, il est à souligner que les provinces de Berrechid et de Benslimane ont été retenues récemment dans le cadre du deuxième programme de coopération (Compact II) du Millenium Challenge Account, dans sa composante axée sur le «foncier industriel». Il s'agira de monter deux projets, l'un à Had Soualem (redynamisation et requalification de la zone industrielle existante avec extension sur 50 ha). L'autre concerne la zone industrielle de Bouznika, avec une extension sur 25 ha au niveau de la commune de Cherrate (Entre l'autoroute et le chemin de fer).
Il faut donner à ces projets toutes les chances de succès possibles. Ce n'est pas parce qu'il y a des opportunités foncières qu'on doit tolérer aux investisseurs d'implanter leurs projets comme bon leur semble. Nous ne pouvons pas créer des zones industrielles dans toutes les communes. Il doit y avoir une complémentarité intercommunale. Je sai­sis cette occasion pour remercier le Wali de la région et les gouverneurs des deux provinces pour avoir demandé à ce que les quatre Agences urbaines de Casablanca, Berrechid, Settat et El Jadida soient présentes pour accompagner le Schéma directeur de Berrechid et Benslimane et les autres SDAU en cours dans la région Casablanca-Settat.
F.N.H. : On voit bien qu'au niveau des zones relevant du ressort territorial de votre agence, tout ou presque reste encore à faire. Quelles sont vos priorités ?
O. E. H. : Sachant que le taux de couverture du territoire des deux provinces en documents d'urba­nisme homologués ou en cours d'étude frôle les 100%, nous avons lancé trois études non contrai­gnantes (n'ayant pas la force de loi) pour la mise en place d'une charte architecturale et urbanistique des villes de Berrechid, Benslimane et Bouznika (spécificités architecturales du bati, nature du mobi­lier urbain, nature des revêtements, plantations, etc.). Cette première génération d'études devrait ensuite couvrir les autres communes du territoire. La deuxième génération est, elle aussi, déjà enta­mée avec deux études portant sur la mise à niveau et la requalification urbaine, et dont l'objectif est d'aboutir à une banque de projets auxquels les décideurs peuvent se référer dans la conception de leurs programmes à moyen terme. Enfin, la troisième génération d'études est dédiée à la valori­sation des espaces verts. Nous avons démarré cette démarche au niveau de la ville de Bouznika avec une série d'actions et d'initiatives qui vont pousser les habitants à s'approprier les espaces verts de leur territoire communal.
«La fusion des ERAC avec Al Omrane était une erreur»
Ancien directeur de la SNEC, El Hassouni a chapeauté le processus de fusion de cette entre­prise publique avec l'ANHI et Attacharouk, puis avec les ERAC par la suite. Huit ans après, voici ce qu'il en pense : «Le contexte dans lequel la fusion a eu lieu était certes particulier. Le gouvernement avait la volonté de réduire le nombre d'intervenants publics dans le secteur, sachant que la situation financière commen­çait à donner des signes d'essoufflement. Nous découvrons aujourd'hui que la fusion était une erreur. Cela aurait été mieux de préserver la concurrence entre l'ensemble de ces entités. D'autant plus que chacune d'entre-elles a été spécialisée dans un créneau particulier. L'ANHI dans le recasement et le relogement; la SNEC dans les grands projets d'aménagement, pour ne citer que l'exemple réussi des zones industrielles de Mohammedia et de Bensouda (Fès) ainsi que les zones d'urbanisation nouvelle (ZUN) de Hay Mohammadi à Agadir et de Selouane à Nador».
Al Hoceima renaît de ses cendres !
F.N.H. : Vous avez dirigé l'Agence urbaine d'Al Hoceima en pleine période de reconstruction de l'après-séisme de 2004. Pouvez-vous nous en parler ?
O. E. H. : Le tragique séisme qui a frappé la province d' Al Hoceima en 2004 a affecté une bonne partie de l'infrastructure, surtout en matière d'habitat. La ville n'était pas dotée de grandes infrastructures mais, comme le dit un vieux dicton, à quelque chose malheur est bon. Une forte mobilisation s'est opérée pour reconstruire la ville. Sa Majesté le Roi avait donné ses directives pour doter Al Hoceima d'un outil de prévention des risques (sismiques, inondations, glissement de terrains). J'ai suivi de près ce grand chantier, le premier du genre à l'échelle du continent africain. La ville est aujourd'hui dotée d'une carte qui définit la nature des risques à chaque point du territoire et qui fixe les moyens à mettre en place pour les éviter. Plus de quarante experts internationaux ont contribué à cette étude. Avec l'appui de nos partenaires, nous avons lancé également le Schéma directeur d'aménagement ainsi que d'autres études de mise à niveau urbaine touchant les principales communes (Al Hoceima, Imzouren, Ajdir, Targuist, Bni Bouayach).
Bio-Express
Pur produit des grandes écoles belges d'architecture, Omar El Hassouni a démarré sa carrière dans le secteur privé en tant qu'associé à des collègues belges. Fin 1992, il rejoint la direction de l'Urbanisme à Rabat au sein de laquelle il va gravir tous les échelons, devenant tour à tour cadre supérieur, chef de service, puis chargé d'études auprès du Secrétaire général du ministère (Mohamed Ameur) suite à l'avènement du gouvernement Youssoufi. Fin 1999, il sera nommé directeur de l'Agence urbaine de Fès, puis coopté au sein du cabinet du ministre Taoufiq Hjira. Il sera ensuite propulsé Directeur général de la Société nationale d'équipement et de construction (SNEC). C'est lui d'ailleurs qui va chapeauter et entériner la fameuse fusion des Ex-OST (ANHI, Attacharouk, ERAC), donnant naissance au groupe Al Omrane. En tant que directeur adjoint de la Direction générale de l'Urbanisme (2005-2009), Omar El Hassouni sera au coeur du grand chantier de généralisation des Agences urbaines, au-delà des grandes villes du Royaume. On lui confiera par la suite la direction de l'Agence urbaine de la ville d'Al Hoceima en pleine phase de reconstruction après le séisme de 2004. Juin 2013, il sera dépêché à Berrechid pour lancer et diriger la nouvelle Agence urbaine de cette province considérée comme un prolongement urbain naturel du Grand Casablanca.


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