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SDF : Cette vie pas comme les autres !
Publié dans Finances news le 13 - 12 - 2007

* Doctorat en philosophie pour l’un, père de famille chassé par sa propre progéniture pour l’autre, les récits des SDF témoignent de l’insolite de cette vie.
* Redoutant plus les agressions qu’autre chose, la plupart craignent davantage leur prochain que le froid.
* Récit d’une tournée nocturne.
La nuit, les rues de Casablanca deviennent une jungle dangereuse et pourtant, c’est une jungle peuplée, notamment des «sans domicile fixe». Il est minuit à Hay Al Amal, un des quartiers les plus animés le jour. Il est plutôt austère et peu accueillant en cette nuit de décembre. Les stores des boutiques sont baissés et pourtant quelques mouvements sont perceptibles à proximité de la mosquée du quartier. Des formes humaines emballées dans d’énormes sacs en plastique. Ils sont une dizaine tassés dans un petit espace.
Mon collègue et moi avons presque honte de troubler leur quiétude. L’un d’eux nous prie de quitter les lieux gentiment pour ne pas créer de zizanie qui amènerait les gens du quartier à les chasser. Il assure néanmoins que, dans ce quartier, les gens sont généreux et les tolèrent bien.
Le froid est bien le cadet de leur souci face à l’animosité dont peuvent faire preuve certains passants ou leurs semblables. Le froid est dans ce cas un moindre souci. Il n’existe aucun chiffre sur le nombre des SDF à Casablanca, mais l’on a appris que le pôle social de la Wilaya du Grand Casablanca a lancé un recensement qui est en cours actuellement.
Minuit et demi, sur le Boulevard Hassan II, une silhouette, ou plutôt une ombre déambule du côté du parc Yasmina. Il y a de quoi, ce SDF ne peut pas encore s’installer à cause des rondes de policiers en civil à moto qui ratissent le parc de long en large. Il a néanmoins hâte de retrouver son banc. La surprise est c’est quand ce SDF frappe à la vitre pour demander l’aumône dans un français impeccable. Mi-saint d’esprit mi-fou, il explique que c’est sa femme qui l’a rendu fou par des sortilèges qu’elle lui aurait jetés. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé à la rue, laissant derrière lui une situation sociale et matérielle confortable. Un de ses trois enfants travaille dans une banque et le deuxième poursuit ses études en France. Du moins, à l’époque où il avait quitté le domicile conjugal. Difficile d’obtenir un discours cohérent de ce SDF qui perd le fil de ses pensées et sombre dans ses souvenirs. Il assure qu’il a un Doctorat en Philo. Sa manière de parler et ses connaissances laissent croire que cet homme, aux habits crades et aux ongles en deuil, la cinquantaine, est un homme très instruit. Il préfère la vie dans la rue à la compagnie des siens. «Au moins les policiers compatissent, ce qui n’est pas le cas ni de ma femme ni de mes enfants. Je leur ai tout offert et ils demandaient toujours plus. En ce lieu, je suis tranquille. Je n’ai rien et je ne veux rien, juste la paix. Comme le disait Thomas Hobbes : l’homme est un loup pour son frère, l’homme». À l’automne de sa vie, il ne regrette rien de sa vie passée et n’attend rien de ses jours futurs.
Il nous plante là et s’en va récitant un texte de Nietzsche. La vie est vraiment insolite !
Changement de décor. À proximité d’une grande enseigne de restauration rapide sur la corniche de Casablanca, une bande de quatre adolescentes viennent mendier les restes des clients, une boisson, une cigarette ou un dirham… Tout est bon à prendre pour ces jeunes à la rue depuis bien des années. L’un d’eux, Mohamed surnommé « Chmikira » à force de sniffer la colle, surpasse sa méfiance et confie «J’ai seize ans et cela fait quatre que je vis dans la rue». Son calvaire commence quand son père se remarie en décidant d’avoir la garde de ses trois enfants. À l’époque, Mohamed à 12 ans et souffre de la violente séparation de ses parents. Il est de surcroît confronté à une marâtre jeune et n’ayant aucune envie d’élever les enfants de son époux. Et elle s’acharne sur le plus jeune, Mohamed qui fugue une première fois avant d’être coopté par l’association Bayti. Son père vient le chercher et ils rentrent ensemble à la maison. Mais le mauvais traitement dissuade Mohamed de rester dans le foyer parental. Depuis, cet enfant de bonne famille, sillonne les rues de Casablanca. La nuit, avec ses amis de fortune, ils se planquent dans l’une des ruelles de la corniche après que les pubs ont fermé leurs portes. Une cicatrice sur sa joue témoigne que les nuits «à la belle étoile» ne sont pas toujours paisibles. «Avant de s’installer à la Corniche, je squattais avec d’autres un immeuble à la Médina où éclataient souvent des bagarres la nuit et cette cicatrice émane d’un coup de couteau que m’a asséné un vieux après que j’étais endormi sur sa place». C’est alors que ces quatre ados ont décidé de se soutenir mutuellement, car, un pote à lui a été violé par plus âgés que lui. Un monde de la nuit cruel dont ils n’émergent qu’aux premières lueurs du jour. Mais l’attroupement de ces quatre ados leur vaut quelques soucis et ils sont souvent pourchassés par la police. Actuellement, ils sont devenus familiers avec les agents de police; cela dit, les passants s’en méfient, les confondant avec des pickpockets. Mohamed reconnaît avoir commis quelques forfaits, mais il a été poussé à le faire puisque personne ne témoignait de charité à son égard. Il affirme néanmoins ne plus avoir volé depuis l’époque. «Ana ould ennass, malgré tout !». Il rêve de mener une vie normale et de poursuivre ses études… De trouver un travail et fonder une famille. Mais, il ne semble pas prendre conscience que ce n’est qu’un mirage par la colle forte qu’il sniffe. Le voir s’éloigner, rejoindre un autre monde parallèle au nôtre est une sensation bizarre. Cette impuissance de le retenir et cette frustration de ne pouvoir rien faire pour le sortir de là. Disons que nous vivons dans une société qui n’a prévu aucune alternative pour ces gens.
Il ne faut pas croire que seuls ces jeunes sont touchés par ce phénomène. Même au crépuscule de sa vie, on n’est pas à l’abri. C’est le cas d’un septuagénaire qui vit dans une célèbre rue de Mers Sultan. Après plusieurs années de bons et loyaux services à la société et après avoir trimé pour élever ses enfants, ces derniers le mettent à la porte, âgé et malade sans aucun scrupule, raconte un gardien de voiture qui s’était pris de sympathie pour lui. «Je surveille les voitures mais lui aussi. Je veille à ce que «les Oulad Lhram» ne lui volent ses affaires». Le vieil homme a tellement été choqué de l’acte de ses enfants qu’il en reste à quia. Il vit essentiellement de la charité des gens et du proprio du bar qui lui a donné l’accord pour installer son bric à brac juste à côté. Il est d’autant plus toléré dans le quartier. Ne touchant pas à une goutte d’alcool, il a plutôt bonne presse chez ses voisins de «palier». Après cette longue balade nocturne, j’ai presque honte de prendre un bain chaud et retrouver un lit douillet, en pensant que d’autres croupissent dans le froid et courent tous les dangers à l’extérieur. Une réalité qui n’empêche pas trente-cinq millions de Marocains de dormir la nuit et pourtant, chacun pouvait bien se retrouver à la place de l’un de ces SDF et aurait certainement trouvé une personne pour lui tendre la main.


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