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Accords de coopération : En attendant l’UEMOA, qu’en est-il entre le Maroc et le Sénégal ?
Publié dans Finances news le 10 - 07 - 2008

* Le Maroc a paraphé le projet d’Accord commercial et d’investissement avec l’UEMOA, ce qui rend caduc l’accord commercial le liant au Sénégal, en provoquant un vide juridique.
* Les autres accords couvrant d’autres domaines sont toujours en vigueur.
Le Maroc est lié au Sénégal par une soixantaine d’accords bilatéraux couvrant plusieurs domaines de coopération. Le Sénégal est d’ailleurs l’un des premiers pays avec lesquels le Maroc a signé des accords au lendemain de son indépendance.
Mais depuis 2007, le Maroc s’est inscrit dans une approche plus globale qui tend vers un rapprochement économique avec l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), qui englobe le Sénégal. D’ailleurs, en janvier 2007, un forum économique s’était tenu à Dakar, parrainé par Me Abdoulaye Wade, Président de la République du Sénégal.
Ce forum a été l’occasion d’échanger directement, d’explorer ensemble les moyens de mise en commun entre les opérateurs économiques des deux bords. Les opportunités de développement des échanges entre ces deux parties sont certaines et ont donné suite à des négociations pour un rapprochement entre les opérateurs économiques des pays membres de l’UEMOA et le Maroc. Ces négociations ont débouché sur le paraphe d’un projet d’Accord commercial et d’investissement qui doit être signé incessamment. A la lumière de cette nouvelle donne, la question qui se pose est : qu’adviendra-t-il des différents accords bilatéraux liant le Maroc et le Sénégal, sachant que ce dernier, faisant partie de l’UEMOA, a délégué ses pouvoirs de signature de pareils accords à la Commission de l’UEMOA ?
«Les Accords bilatéraux entre le Maroc et le Sénégal resteront en vigueur jusqu’à la signature de l’Accord commercial et d’investissement entre le Maroc et l’UEMOA», explique Jawad Kerdoudi, Président de l’Institut Marocain des Relations Internationales. C’est d’ailleurs le cas encore de l’Accord de coopération touristique conclu entre le Maroc et le Sénégal à Rabat le 23 mai 1968. Cet accord, bien que vieux est toujours en vigueur, et son exécution est très positive, souligne-t-on auprès du ministère marocain du Tourisme.
Cet accord, qui porte sur l’encouragement des mouvements touristiques entre les deux pays, les aménagements touristiques, les investissements, la promotion et la formation professionnelle, cadre la coopération touristique entre les deux pays. Bien qu’ancien (il a été signé en 68), cet accord affiche un bilan plutôt positif. Ainsi, plusieurs missions marocaines d’assistance technique et d’évaluation des potentialités touristiques ont été organisées au Sénégal à la demande de ce pays frère. De même que plusieurs cadres du ministère du Tourisme du Sénégal ont effectué des stages de formation et des missions dans les différentes structures de ce département dont la dernière mission remonte au mois de janvier 2008. Elle a été effectuée par une délégation de la société d’aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal (SAPCO). De même que des étudiants sénégalais ont été formés dans les différents établissements de formation relevant de ce département d’autres poursuivent actuellement leur formation. Il est à signaler aussi qu’en marge de la 2ème édition de la semaine du Sénégal au Maroc organisée du 26 au 28 juin 2008 à Casablanca, la ministre du Tourisme de ce pays a eu des rencontres avec des professionnels marocains du tourisme pour des perspectives de partenariat.
Cela dit, l’accord bilatéral commercial signé entre le Maroc et le Sénégal est dépassé. «L’accord qui va être signé entre le Maroc et l’UEMOA, portant sur le commerce et l’investissement, fait que l’accord commercial liant le Maroc et le Sénégal est devenu caduc. Mais, concernant les autres aspects de coopérations non concernés par l’Accord avec l’UEMOA, ils ne subiront aucun changement. Ainsi, les autres accords bilatéraux sont toujours en vigueur», souligne S.E Ibou Ndiaye, ambassadeur du Sénégal au Maroc.
«Mais, il faut tout de même signer cet accord avec l’UEMOA, pour ne pas laisser de vide juridique dans le cadre de la coopération commerciale entre les deux pays», estime-t-il.
Une fois l’Accord signé entre le Maroc et l’UEMOA, les parties pourront soit annuler les Accords bilatéraux, soit les réactualiser. «Ceci est une question importante car le Maroc a signé l’Accord d’Agadir avec la Tunisie, l’Egypte et la Jordanie, et en même temps il a des accords bilatéraux avec chacun de ces pays. Cette situation pose beaucoup de problèmes aux opérateurs du commerce extérieur, car ils ne savent pas toujours quel accord sera appliqué par le pays destinataire de la marchandise. Il serait utile que le Maroc mette à plat tous les accords commerciaux qu’il a signés, et qu’il procède avec les pays signataires à une clarification définitive des relations commerciales», analyse Jawad Kerdoudi.
En attendant, les relations entre le Maroc et le Sénégal restent régies par les différents accords bilatéraux, à l’exception de l’accord commercial mis en veille en attendant la signature de l’Accord commercial et d’investissement avec l’UEMOA. p
Imane Bouhrara
* UEMOA : En plus du Sénégal, l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine compte sept autres pays : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger et le Togo.


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