Face à la multiplication des prises de parole sur les réseaux sociaux, le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, a défendu un durcissement des règles encadrant les accusations de fraude électorale. Une démarche qu'il présente comme un rempart contre la désinformation et les ingérences étrangères, tout en affirmant que la liberté d'expression demeure garantie. Lors de l'examen détaillé des projets de lois électorales à la Chambre des représentants, Laftit a rappelé que la circulation d'accusations de fraude sur les plateformes numériques ne peut plus relever de la simple opinion. « Ceux qui avancent de telles allégations doivent être en mesure de les prouver », a-t-il insisté devant la Commission de l'Intérieur et des Collectivités territoriales. Pour le gouvernement, l'enjeu dépasse le cadre d'un débat conjoncturel, il s'agit, selon le ministre, d'un impératif de protection. Protection des candidats, d'abord, face aux campagnes de dénigrement menées en ligne. Protection des électeurs, ensuite, afin qu'ils puissent exercer leur choix à l'abri de la manipulation. Protection, enfin, de l'institution législative elle-même, régulièrement ciblée par des contenus mettant en doute la transparence du scrutin. Le ministre rejette toutefois toute accusation de dérive liberticide. « Il ne s'agit en aucun cas de bâillonner quiconque », assure-t-il. Ceux qui souhaitent publier des analyses, critiquer ou interroger le déroulement du processus électoral en ont pleinement le droit, poursuit-il. Mais dès lors qu'une accusation précise de fraude précise de fraude est formulée contre un candidat, le débat quitte le terrain de l'opinion pour entrer dans celui de la justice. « La preuve incombe à celui qui accuse », rappelle-t-il, reprenant l'un des principes fondamentaux du droit. Laftit a également pointé un risque devenu, selon lui, central dans toutes les démocraties, à savoir les tentatives d'ingérence étrangère. A l'heure où les outils d'intelligence artificielle permettent la création de faux contenus d'une crédibilité troublante, le ministre estime indispensable de verrouiller davantage le cadre légal, afin d'empêcher la propagation de fausses informations susceptibles d'affecter le déroulement d'un scrutin. Le responsable dit rester ouvert à un renforcement encore plus strict du dispositif si le Parlement juge les mesures proposées insuffisantes. « Nous pensons avoir trouvé l'équilibre le plus juste, mais si les députés estiment qu'il faut aller plus loin, nous sommes prêts », a-t-il déclaré. Il estime urgent de doter le pays d'outils juridiques capables de préserver la confiance dans les institutions. Un défi que le Maroc partage avec la plupart des démocraties confrontées à l'ère des fake news et des campagnes de désinformation orchestrées.