Sahara : l'architecture d'un règlement définitif se dessine    Services de renseignements marocains ou le crime d'exceller    Dakhla-Oued Eddahab : Une délégation du Sénat kényan en mission pour renforcer la coopération avec le Maroc    Publicité en ligne : L'UE inflige une amende de 2,95 milliards d'euros à Google    Accord Mercosur-UE : le Brésil presse l'Europe d'avancer malgré la fronde française    Semi-conducteurs : Trump menace de tarifs douaniers les compagnies qui ne délocalisent pas aux Etats-Unis    Coupe du Monde 2026 : Le Maroc, un Grand parmi l'élite du football international    La Lune de sang s'invite au Maroc : un rendez-vous céleste à ne pas manquer le 7 septembre 2025    Batteries électriques : Zhongwei et COBCO (Al Mada) sécurisent un prêt syndiqué international pour leur projet au Maroc    Trump signe un décret renommant le département de la Défense en "ministère de la Guerre"    Le nouveau Chef des armées françaises l'Inspecteur général des FAR    Qualifs CDM 26 : Le Maroc premier pays qualifié en Afrique    Un nouveau prétendant en Liga courtise Hakim Ziyech    Ligues UEFA : le Maroc en force avec 46 joueurs engagés    Neil El Aynaoui, une première prometteuse sous le maillot du Maroc    L'Humeur : Le disque, ce cher microsillon...    Arrestation de six individus impliqués dans un braquage en France    Parlement 2025 : Une législature décisive pour les sans colliers [INTEGRAL]    La Mauritanie trace ses lignes rouges face aux dérives du polisario    Coordination avec Interpol et la police marocaine : l'Indonésie expulse un Marocain recherché pour crimes violents et enlèvement d'enfants    La presse argentine parle d'une "nuit magique" après le match Maroc-Niger    Maroc-Niger : la fête gâchée par des débordements    Permis d'habiter : le ministère de l'Intérieur enquête sur des fraudes dans plusieurs communes    Bourse de Casablanca: Le volume des échanges atteint 2,1 milliards de dirhams    Aéroport Al Hoceima: Hausse de 7% de passagers à fin août    Violence choquante à Saint-Denis en France : un policier français gifle un jeune d'origine arabe et lui crache au visage, provoquant une vague d'indignation    Laâyoune: Une conférence aborde la santé et l'innovation en Afrique    CAN 2025 : un pari sur la rentabilité et l'image du Maroc    Waly Dia : "Une Heure à Tuer", un spectacle coup de poing entre humour et conscience    Washington réaffirme que l'autonomie sous souveraineté marocaine est l'unique issue pour le Sahara    Sahara : Trump advisor reaffirms US position to De Mistura    El Rey Mohammed VI ordena al Consejo Superior de Ulemas emitir una fatwa sobre el Zakat    Maroc: Une délégation du Sénat kényan explore les opportunités de coopération à Dakhla-Oued Eddahab    Un rapport américain révèle comment certaines figures de la gauche occidentale se sont retrouvées impliquées dans l'agenda déstabilisateur de l'Iran via le Polisario    Tanger : Lancement de la Stratégie nationale pour la conservation des rapaces    Zakat. S.M. le Roi ordonne au Conseil Supérieur des Oulémas d'émettre une fatwa exhaustive    Maroc et Sahara : Townhall dévoile l'alliance inquiétante entre le Polisario et l'Iran    Xi Jinping et Kim Jong Un réaffirment la solidité de l'alliance stratégique entre la Chine et la Corée du Nord    Le dirham se déprécie légèrement face au dollar et à l'euro    Le Maroc enregistre la plus forte expansion du marché du tabac manufacturé en MENA avec +15,5 % par an et 80 % de la production    David Beckham fête ses 50 ans à Marrakech    USA : Trump va renommer le département de la Défense en "ministère de la Guerre"    Rétro - Verso : Bab Maâlka, suspendue aux confins de l'Atlantique et de l'exil    Gad Elmaleh revient à Casablanca avec son spectacle « Lui-même »    The Jazz au Chellah festival relocates and becomes Jazz à Rabat    La montée et la chute de la Maurétanie, un royaume amazigh oublié    Le Maroc et l'Azerbaïdjan approfondissent leurs relations culturelles lors d'un entretien à Rabat en vue du 11e Salon international du livre de Bakou    Buraïda, capitale saoudienne des dattes, célèbre le patrimoine et la créativité lors d'un carnaval mondial    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Algérie: Comment le Hirak va-t-il accueillir la mort de Gaid Salah?
Publié dans Hespress le 27 - 12 - 2019

Ce vendredi, marquant la 45ème semaine de mobilisation, aura valeur de test pour le Hirak qui est attendu pour montrer sa réaction face au décès de Gaid Salah, l'ancien chef de l'armée, visage du haut commandement militaire, qui a aidé, malgré lui, à mettre l'Algérie sur les rails du changement en empêchant la mascarade du 5ème mandat d'Abdelaziz Bouteflika.
Mais, il ne faut pas se tromper sur le profil de Gaid Salah. Le général n'était pas l'ami du peuple, et a surtout été celui qui a mis des bâtons dans les roues du Hirak durant tous les derniers mois. C'est en effet lui qui a lancé cette campagne d'arrestations contre les manifestants arborant le drapeau Amazigh.
Sa chasse aux sorcières déclarée contre le clan Bouteflika et les corrompus n'a pas été motivée par une soudaine envie de justice après avoir servi dans les rangs d'Abdelaziz Bouteflika pendant près d'une vingtaine d'années.
Pour Gaid Salah, qui a aidé à « renverser » le président (qui a démissionné en avril), il s'agissait surtout d'un instinct de survie. Il fallait se maintenir au pouvoir à tout prix, et barrer la route à Said Bouteflika, le frère du président qui tentait de le limoger.
La demande de changement formulée par le peuple et le rejet du projet de 5ème mandat a été une aubaine pour ce général qui en a profité pour tirer son épingle du jeu.
Contactés par Hespress FR, trois spécialistes de la question algérienne reviennent sur les implications qu'aura la mort de Gaid Salah sur le Hirak, et comment, selon eux la rue va accueillir la nouvelle.
« Devant la mort, on se prosterne »
« Gaid Salah était partie prenante dans le Hirak depuis le début (...) Même s'il n'était pas pour le changement, et qu'il s'est mis du côté du peuple au début pour se venger de la mafia et du clan Boutef, il a contribué à ce changement », nous dit Chahreddine Berrah, journaliste algérien, proche du mouvement.
« Toutes les semaines, il donnait un discours en s'adressant au gens du Hirak. Maintenant qu'il est décédé, je pense que les ardeurs seront tempérées, mais le Hirak ne s'arrêtera pas, ça c'est sûr. Par ce que ce qui est en cause aujourd'hui c'est l'actuel président de la République», estime-t-il.
Pour lui, «une partie du puzzle est tombée, on sait qui l'a remplacé, il est de la même veine, mais Gaid c'était un personnage important ». Et d'ajouter que le général était un ennemi du Hirak mais qu'il a été un grand partenaire du peuple pour ce changement que souhaite le Hirak, sans qu'il ne le veuille lui-même. « Il est tombé du ciel pour contribuer au départ de Boutef et de la grande mafia. Donc on lui doit un peu ça », reconnait l'activiste.
Selon notre interlocuteur, le Hirak sera obligé de se montrer conciliant avec la nouvelle. « Il faut observer un peu le choc, même chez les gens du Hirak, parce que devant la mort, on se prosterne », dit-il, affirmant qu'il n'est pas envisageable de voir des scènes de liesse après sa mort lors des manifestations. «On ne peut pas même si on ne l'aime pas. S'il avait été emprisonné on aurait pu voir les gens sortir pour fêter ça, mais jubiler après la mort de quelqu'un ça ne se fait pas chez un musulman », avance Chahreddine.
Et le journaliste de souligner que de manière générale, l'Algérien «est pris par l'affect»: « Hier, on insultait Gaid, aujourd'hui on se tait par respect, ou on dit Dieu ait son âme sans trop de commentaires ».
Alors qu'on entendait à chaque vendredi suivant une sortie médiatique critiquée par la rue, des slogans et des manifestants scandant « Gaid Dégage », maintenant, avance notre interlocuteur, « il est parti éternellement, il est dégagé d'une manière divine. On souhaitait son départ, mais pas de cette manière ».
Affirmant que le Hirak devrait être plus calme, le journaliste a ajouté que la série de libérations des détenus d'opinions de cette semaine, aidera à tempérer les ardeurs des manifestants. Il reste toutefois persuadé que le Hirak va continuer après la mort de Gaid Salah, « parce que son départ n'était pas la principale revendication du mouvement ».
Une opinion partagée par les politologues marocains, Khalid Chegraoui et Tajeddine El Husseini.
Quel impact sur la politique de l'armée algérienne ?
« Déjà, il y a un fait sociologique, la mort d'un homme, c'est sûr et certain que ça va quand même laisser un vide et puis l'impact de l'homme politique. Mais le Hirak ne va pas s'arrêter pour autant », estime Khalid Chegraoui, chercheur à l'Institut des études africaines et spécialiste de l'Algérie.
Selon lui, « les objectifs (du Hirak) dépassent quand même les raisons sociologiques. La question qui va se poser c'est est-ce que la nouvelle commanderie va gérer les choses de la même manière ou est-ce qu'il y aura un changement » après la mort de Gaid Salah.
Le politologue soutient par ailleurs que l'une des questions à poser, c'est de savoir si la mort de Gaid Salah va opérer ou elle est arrivée afin d'opérer un changement dans la gestion du Hirak. « Du moment que l'homme a géré très très bien ce passage, cette transition voulue par le système, c'est-à-dire, l'arrivée d'un homme civil plus ou moins de consensus, à l'intérieur des arcanes du pouvoir à la présidence, la question qui va se poser aujourd'hui c'est comment cela va être géré », souligne-t-il.
Même son de cloche chez Tajeddine El Husseini, professeur universitaire et fin connaisseur des relations internationales. « Je pense que tant que les réclamations de la rue continuent, les miliaires vont être amenés à faire des concessions partielles en attendant de clarifier la situation avec le nouveau gouvernement. Le Hirak n'est pas prêt de lâcher l'affaire», met-il en avant.
« Aujourd'hui on ne peut pas attendre une révélation d'un nouveau système grâce au Hirak qui va continuer de toutes les façons, et je pense que l'institution militaire va continuer à maîtriser la vie politique », ajoute-t-il, en référence à un possible changement de cap après la mort de Gaid Salah.
Selon l'universitaire, «le grand problème de la rue aujourd'hui, c'est qu'elle n'est pas bien organisée, on n'a pas jusqu'à présent des porte-paroles bien désignés par le Hirak pour suivre les négociations avec le régime. Et ça c'est un défaut que le Hirak risque de payer très cher, surtout quand on commence à constater aujourd'hui une presque scission dans ses rangs puisqu'il y a une première partie qui continue à manifester pour contester la présence des militaires et la présence de ce gouvernement. Et puis il y a l'autre partie qui demande au contraire, de passer à des négociations ouvertes, pour installer les réclamations du Hirak. Cette division n'est pas bonne pour le Hirak ».
Pour Tajeddine El Husseini, le nouveau président algérien « Abdelmadjid Tebboune, aura la possibilité de créer un équilibre entre les demandes du Hirak qui continuent, et les besoins de l'institution militaire qui continue toujours à maintenir le pouvoir ».
Chahreddine Berriah rebondit sur ce fait en affirmant qu'il est hors de question de composer avec le nouveau chef d'Etat pour le Hirak. «L'une des revendications a été atteinte, grâce à Dieu, donc il est parti Gaid, mais le président lui-même est contesté, le régime est toujours là », clame-t-il avec force.
«Même s'il nous fait montrer sur la Lune (en référence à Tebboune), on ne la fermera pas, on ne cédera pas, parce que lui, c'est un gars du régime et ce qu'on revendique c'est le départ de ce régime en entier, sans concessions, sans conditions », martèle-t-il.
Avançant des chiffres pour étayer ses propos, le journaliste déclare, «Tebboune a été élu avec 4,9 millions de votant sur 9 millions, tous ceux qui sortent les mardis, mercredi et vendredi, ça dépasse de loin le score avec lequel il a été président. Donc il n'est pas majoritaire. Le peuple qui est contre Tebboune lui, est majoritaire ».
Seulement, le Hirak qui boucle son 11ème mois de contestation en ce dernier mois de l'année 2019, est menacé par son entêtement à ne pas vouloir discuter. Son aile dure, ne veut rien écouter, ne veut pas négocier, et encore moins être représentée par un groupe de personnes.
Enfin, cette division est rejetée par le journaliste qui estime que ceux qui ont manifesté la volonté de coopérer avec Abdelmadjid Tebboune sont de la même trempe que ceux qui ont accepté le projet de 5ème mandat de Bouteflika et de ce fait, ne peuvent pas se réclamer du Hirak.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.