Le Conseil de la Concurrence a dressé un diagnostic sans équivoque de la situation du marché du médicament au Maroc, qui représente l'un des marchés les plus désordonnés du pays. Lors de sa 7e session ordinaire de sa formation plénière tenue le jeudi 25 juin par visioconférence, le conseil de la concurrence a recommandé de nouveaux leviers pour améliorer la concurrence dans le marché du médicament au Maroc, qu'il estime « fortement impactée , par une politique pharmaceutique nationale fragmentée et incohérente, et une gouvernance inefficace largement dominée par une tutelle administrative, réglementaire, technique et médicale» qui selon lui, « laisse peu de place au développement des mécanismes de marché et d'une concurrence saine et loyale ». Joint par Hespress Fr à ce sujet, Dr. Hamza Guedira, président du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), a, dans un premier temps, applaudi l'effort extrêmement louable et important du conseil de la concurrence qui, selon lui, a beaucoup travaillé sur le dossier avec les différents partenaires du secteur. « On a été auditionnés à deux ou trois reprises au moins par le conseil de la concurrence à ce sujet. Pour le secteur pharmaceutique, oui, il a besoin d'une nouvelle vision. Je l'ai toujours dit et le CC l'a confirmé aujourd'hui. Nous avons besoin d'une nouvelle vision et de révolutionner un peu le secteur qui reste sur des choses très statiques, qui sont anciennes en termes notamment de gouvernance », dit-il. Dr Guédira revient aussi sur la création de l'agence nationale de médicament, « qui est aujourd'hui plus qu'une nécessité surtout que le Maroc a ratifié la création de l'agence africaine du médicament. Et il ne fait pas oublier que nous avons des directives et une politique du Roi Mohammed VI, en faveur de la coopération sud-sud ». Le président du CNOP rappelle en ce sens que le CC a souligné « l'urgence de la mise en place de l'Agence Nationale du Médicament, dont il faut repenser le pilotage institutionnel, les missions et le cadre juridique, à la lumière des nouvelles données que connaît la problématique du médicament aujourd'hui ». A cet égard, le CC a indiqué que cette agence doit se doter d'un Observatoire national des médicaments pour permettre au Maroc de disposer d'un système approprié d'information sur toutes les dimensions stratégiques de l'ensemble du secteur. Le président de l'Ordre des pharmaciens, qui a toujours appelé justement à la création de l'Agence Nationale du Médicament, est du même avis que le CC. Il se désole qu'un secteur aussi stratégique que celui du médicament soit « géré par une administration avec des procédés caduc ». Selon Dr. Guedira « il faut passer à autre chose de plus efficace ». S'agissant de la concurrence dans le secteur, Dr, Guedira souligne que « la concurrence justement ne nous attend pas », assurant que « d'autres pays sont en train de galoper en Afrique, alors qu'à notre niveau, on cherche encore comment s'y prendre ». Pour rappel, le Conseil dirigé par Driss Guerraoui a mis en avant que « le marché du médicament es un marché dont la concurrence est fortement impactée, par une politique pharmaceutique nationale fragmentée et incohérente, et une gouvernance inefficace largement dominée par une tutelle administrative, réglementaire, technique et médicale qui laisse peu de place au développement des mécanismes de marché et d'une concurrence saine et loyale« . Tout en louant le « travail formidable réalisé par le CC » dans ce dernier diagnostic, Dr. Guedira estime qu'il comporte beaucoup de sens stratégique et de renouveau pour le secteur du médicament, et qu'il va certainement « faire bouger les choses ». Le président du CNOP conclut donc en lançant un « appel ferme au gouvernement, afin qu'il prenne en considération les recommandations du conseil de la concurrence ».