Agir pour sensibiliser aux maladies mentales au Maroc est le principal objectif de la deuxième édition de «Ciné-Psy Maroc», organisée ce mardi 25 septembre à la faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca. L'association éponyme s'est alliée au Centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd de Casablanca, à l'Organisation des Nations Unies pour la Santé, le ciné psy de Vinatiers Lyon, et de Lorquin, pour mettre en place cet événement ouvert au professionnels de la santé et aux familles intéressées par le sujet. «Ciné-Psy Maroc» s'est intéressé, deux jours durant, à trois pathologies de la psychiatrie. Le 24 septembre a été dédié aux troubles du comportement alimentaire et à l'état limite. Le lendemain au trouble bipolaire. La rencontre a été l'occasion de projeter des films documentaires pour permettre aux participants marocains et étrangers d'échanger sur les pathologies mentales et mieux les comprendre et les faire comprendre. La mission de cet événement est également de dénoncer et lutter contre la stigmatisation des personnes atteintes de maladies mentales. Les films projetés permettent de sensibiliser davantage sur la question et de briser les tabous qui s'y rapportent. Premier Ciné-Psy en Afrique et dans le monde arabe La fondatrice du premier «Ciné-Psy Maroc», art-thérapeute et psychologue au Centre hospitalier universitaire Ibn Rochd, Boushra Benyezza est fière de présenter son concept en déclarant à Hespress FR que c'est le premier du genre «en Afrique et dans les pays du monde arabe». «C'est un événement qui lie le film documentaire avec la pathologie mentale. Le but du Ciné-Psy c'est de montrer une autre vision de la maladie mentale, par le biais des patients et des familles. On montre des témoignages de gens en souffrance, des patients et des familles et toujours dans le même but : destigmatiser la maladie mentale, toucher les gens pour qu'on arrête de « coller une étiquette » aux malades mentaux surtout au Maroc. Cette dernière est terrible», affirme l'art-thérapeute. Ainsi, cette deuxième édition est l'occasion de «redonner une certaine parole à ces gens et en même temps permettre de comprendre ce que sont les pathologies par le biais des patients», poursuit notre interlocutrice. Parmi les intervenants présents à cet événement, de nombreux professionnels viennent de l'étranger pour partager leur expertise et pour discuter et débattre des pathologies mentales. C'est le cas du professeur Vincent Estrellon, responsable du master psychologie clinique et psychothérapeute à Montpellier. «Je suis venu en tant que professionnel, en tant qu'enseignant aussi parce que les films ça peut aussi m'intéresser pour les faire visionner à mes étudiants. Souvent les films avec des patients qui parlent de leur maladie ça donne quand même une approche pédagogique pour enseigner la psychologie», confie le spécialiste à Hespress FR. L'interaction entre les professionnels, les spécialistes et les spectateurs qui regardent les films projetés, dont font partie des familles et parfois des patients fait que «cette formule de Ciné-Psy Maroc est formidable», précise le psychothérapeute qui considère que c'est un dispositif «original». Sensibiliser les jeunes aux maladies mentales Dans la salle, deux jeunes femmes semblent captivées par les documentaires projetés. Yasmine Chraïbi arrive de Paris et est designer publicitaire. Elle s'est portée bénévole pour communiquer autour de l'événement. «La sensibilisation et la destigmatisation des maladies mentales est très importante au Maroc. On sait que les maladies mentales sont très mal vues. Le fait d'en parler et d'ouvrir une discussion au public permet à l'audience de donner son avis, de partager, de se rassurer, de se délivrer et ainsi de mieux faire passer le message, et de mieux parler des maladies mentales, comme étant une maladie curable et non quelque chose d'extraordinaire, de fou, etc», déclare-t-elle à Hespress FR. A ces côtés, une étudiante en 3ème année de psychologie à l'université Lyon 2, Fatima-Zohra Daoud qui s'est également chargée de la communication de l'événement. «J'ai aidé à communiquer l'événement du Ciné-Psy, à expliquer aux personnes à quoi ça servait, et quel serait l'apport du Ciné-Psy dans la société marocaine. Je sais que Rome ne s'est pas construite en un jour. Il faudra du temps. On commence par des petites choses, et j'essaie d'apporter ma pierre à l'édifice», conclut la jeune femme.