L'eurodéputée belge, Marie Arena, a alerté sur la situation de santé du détenu algérien, Abdallah Benaoum, en grève de la faim depuis plusieurs mois à cause de sa détention arbitraire par les autorités algériennes. Comme lui, pas moins de 310 personnes sont emprisonnées en Algérie depuis la prise du pouvoir par le président Abdelmadjid Tebboune. L'ancien militaire algérien, Mohamed Abdellah, livré par l'Espagne à l'Algérie, le militant Abdallah Benaoum, et plus de 310 détenus d'opinion sont toujours incarcérés dans les geôles algériennes à cause de simples publications sur Facebook, pour avoir fait leur travail de journaliste ou par leur participation aux manifestations anti-système du Hirak qui ébranle le pouvoir algérien depuis 2019. Si les autorités algériennes ont donné un nouveau tour de vis aux militants du Hirak pour réduire le mouvement au silence, en interdisant les manifestations du vendredi, et en multipliant les arrestations arbitraires, le nombre de militants incarcérés témoigne de l'ampleur du phénomène de répression des libertés en Algérie. Plusieurs d'entre eux sont en grève de la faim depuis plusieurs mois, pour alerter de leurs conditions d'incarcération et de leur détention arbitraire, cela dans un silence criant des médias à la solde du pouvoir qui s'autocensurent pour éviter le blocage systématique du pouvoir. « Très inquiète sur l'état de santé de Abdallah Benaoum qui a entamé une grève de la faim début septembre pour protester contre sa détention arbitraire en Algérie », a déclaré Marie Arena, présidente de la Commission 'Droits de l'homme au Parlement européen, dans un tweet repris par la sous-commission des droits de l'homme du Parlement européen. Incarcéré à la prison de Relizane, à l'ouest de la capitale algérienne, pour » diverses accusations dont « publications pouvant porter atteinte à l'unité nationale », « outrage à corps constitué », « incitation à attroupement non armé », « atteinte au moral des troupes de l'armée », le militant Abdallah Benaoum est désormais en grève de la faim depuis plus de 100 jours et compte sur les associations de défense des droits de l'Homme et de ses nombreux soutiens pour continuer d'alerter sur son cas. Déjà en 2019, l'ONG Amnesty International avait publié un communiqué pour alerter sur sa santé fragile. « La vie de Abdallah Benaoum est en danger, il a besoin de toute urgence d'une opération du cœur. En raison de sa santé fragile, il n'est pas physiquement capable de rencontrer ses avocats ou sa famille », avait écrit Amnesty International appelant à sa libération. Le militant quinquagénaire a subi une intervention chirurgicale du cœur en novembre et devait être relâché le 10 décembre après la fin de sa peine, « mais la Cour suprême a rejeté le pourvoi en cassation dans une autre affaire dans laquelle il a bénéficié de la mise en liberté provisoire en 2019 en raison de son état de santé », a indiqué le site Algerian Detainees, citant son avocat. Depuis l'accession au pouvoir d'Abdelmadjid Tebboune en 2019, sur fonds de contestation populaire générale face à un 5ème mandat de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika, le pouvoir incarné par les militaires a pris un virage autoritaire. « Un grand nombre de nos frères emprisonnés sont en grève de la faim », a tweeté un militant algérien en ajoutant « les détenus d'opinion en Algérie sont en danger », et le hashtag « plus de 300 détenus sont incarcérés dans les prisons de la Issaba (la bande). Les détenus d'opinion en Algérie ont tous un lien avec les manifestations du Hirak, pour avoir exprimé une position anti-régime militaire ou contre le président algérien, élu malgré une abstention historique due à un boycott des anciennes figure du pouvoir et des accusations de fraudes électorales. La communauté internationale appelle souvent les autorités du pays à relâcher les détenus d'opinion, en vain. Elle se heurte à des accusations d'ingérences dans les affaires internes de l'Algérie et à la colère du pouvoir algérien. Plusieurs journalistes ont également fait les frais du système autoritaire en Algérie, et ont été détenus, condamnés pour diverses raisons, et ont même été accusés de ne pas être de vrais journalistes ou d'être des espions, par le président. L'impopulaire Abdelmadjid Tebboune, n'a eu de cesse de criminaliser les voix dissidentes dans le pays, notamment en muselant l'opposition, où de nombreux partis ont été empêchés de tenir leurs réunions et ont été dissous de force, des associations ont été criminalisées et dissoutes, et des mouvements basés à l'étranger ont été classés comme terroristes et sont aujourd'hui utilisés pour emprisonner plus de personnes. Une grande majorité des prisonniers du Hirak et détenus d'opinion sont incarcérés en préventif sans qu'ils n'aient droit à un procès équitable. Nombreux sont toujours dans l'attente d'un procès alors que la justice ne cesse d'ajourner les séances. Mêmes des enfants sont menacés de prison et tombent sous le coup de lourdes accusations, comme la jeune Sirine Zerfa, 14 ans, accusée d' »attroupement susceptible d'attenter à l'ordre public », tandis que d'autres ont subi des abus sexuels lors de leur incarcération dans les commissariats de police en marge des manifestations du Hirak, à l'instar du jeune Said Chetouane, 15 ans.