L'Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l'homme, basé à Genève, a appelé à la libération immédiate et sans conditions des prisonniers d'opinion en grève de la faim, pointant des mesures d'intimidation et de représailles « arbitraires et illégales » des autorités algériennes. « Les autorités algériennes ont pratiqué des mesures arbitraires contre des dizaines de prisonniers d'opinion en grève, protestant contre la prolongation de leur détention sans justifications légales et les intentions de les juger pour des charges liées au terrorisme et autres », a dénoncé l'Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l'Homme dans une déclaration rendue publique, tout en exprimant «sa profonde préoccupation». « Alors que certains d'entre eux sont détenus depuis des années ou des mois pour avoir exprimé leur opinion et s'être réunis pacifiquement, plus de 40 détenus du Hirak dans la prison d'El Harrash ont annoncé une grève de la faim ouverte le 28 janvier », rappelle l'Observatoire. L'organisation dit craindre une détérioration de la santé des détenus en grève si les autorités algériennes continuent de refuser de négocier avec eux. Des proches des détenus ont déclaré à Euro-Med Monitor que certains grévistes ont été battus, que des signes évidents de fatigue sont apparus sur eux, et qu'ils ont subi une perte de poids importante. Un membre du Comité de Défense des Détenus, l'avocat Abdelghani Badi, a déclaré, pour sa part, à Euro-Med Monitor que « l'administration pénitentiaire a commencé à répartir les grévistes de la faim dans des centres de détention à l'intérieur et à l'extérieur de la capitale, Alger». Les grévistes restants à la prison d'El Harrach ont été placés dans des cellules d'isolement comme une mesure punitive et pour doubler la pression psychologique et physique sur eux pour arrêter la grève, a ajouté Badi, qui fait noter que des dizaines d'autres détenus ont rejoint la grève de la faim, mais le nombre exact est inconnu en raison de la difficulté de communiquer avec eux à l'intérieur des prisons. Le système judiciaire algérien assume une part de responsabilité dans la prolongation de la détention des prisonniers pendant des mois et des années sans procès, souligne l'Observatoire, notant que, puisque les centres de détention sont sous contrôle judiciaire, le pouvoir judiciaire est responsable des conditions de détention dégradantes des détenus, qui violent le Code algérien d'organisation pénitentiaire. L'Observatoire demande, à ce propos, au gouvernement algérien « de libérer immédiatement et sans condition tous les détenus d'opinion et de mettre fin à sa politique de détention arbitraire visant à réduire au silence et à intimider les militants de l'opposition ». Le nombre de détenus a augmenté en l'espace d'une année en Algérie. Dans sa politique de censure et de tolérance zéro face à la critique, le système algérien a également visé des médias nationaux et internationaux, ainsi que des partis d'opposition qui ont été dissouts pour ne laisser place qu'au parti dirigeant, le Front de libération nationale (FLN) et son allié historique, le Rassemblement national démocratique (RND). Les autorités algériennes se livrent à des arrestations et des perquisitions aux domiciles des militants, qui ont pourtant répondu à chaque fois aux convocations de la police. Les personnes visées sont placées en détentions sous surveillance pendant plusieurs jours pour fouiller leurs téléphones à la recherche de « preuves » pouvant faire l'objet d'accusations. Les autorités utilisent systématiquement la détention provisoire contre les militants alors qu'il s'agit légalement d'une loi d'exception, et cette détention dure pendant plusieurs mois avant qu'ils n'aient droit à un procès.