Des walis et gouverneurs ont entamé l'examen de l'application de l'article 64 de la loi organique relative aux collectivités territoriales, ouvrant la voie à la révocation de plusieurs présidents de conseils communaux soupçonnés de collusion avec de puissants promoteurs immobiliers, selon des sources bien informées citées par Hespress. Des fuites émanant de certaines communes révèlent en effet l'influence grandissante de ces promoteurs, qui parviennent à orienter les décisions entre majorité et opposition dans les conseils élus. Leur emprise sur les services municipaux leur aurait permis de faire pression pour l'adoption de mesures favorables à leurs intérêts privés. Alertée par des rapports des départements des affaires générales de l'administration territoriale, la tutelle a adressé des directives urgentes pour protéger les institutions locales de l'influence croissante des « lobbies » de l'immobilier. Ces documents font état de tractations suspectes entre les élus et certains opérateurs, notamment dans les procédures d'expropriation liées aux plans d'aménagement. Ces pratiques seraient utilisées pour récupérer des terrains non exploités depuis plus de dix ans et négocier leur rachat à bas prix. Les rapports pointent également l'implication de certains élus, particulièrement dans la périphérie de Casablanca, dans le détournement de projets publics d'infrastructure — routes, éclairage, raccordements — vers des zones où ils détiennent des terrains, valorisés à la faveur de modifications suspectes des plans d'urbanisme. Plus grave encore, certains présidents de communes auraient contraint des lotisseurs à leur céder des terrains dans des zones stratégiques, avant de les faire construire par des entreprises appartenant à des membres de leur entourage. Ces biens seraient ensuite vendus dans le cadre du programme national d'aide directe au logement. Des cas de spéculation sur les désistements de réservations de lots ont également été relevés, avec des commissions allant de 100 000 à 200 000 dirhams par parcelle.