Le président de l'Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC), Mohamed Benalilou, a affirmé que toute réflexion sur la corruption dans le secteur du tourisme revient à reconnaître son impact direct sur la durabilité de la contribution de ce secteur au développement. Il a souligné que la corruption affaiblit l'attractivité touristique et entrave considérablement les efforts de développement. Dans son intervention lors du Forum international pour le renforcement de la probité 2025, tenu aux Maldives les 6 et 7 mai, sur le thème « Renforcer la probité et lutter contre la corruption dans le secteur du tourisme », Benalilou a rappelé que plusieurs études internationales classent le tourisme parmi les secteurs particulièrement exposés aux risques de corruption, y compris en termes de perception publique. Cette vulnérabilité est notamment due à la convergence, parfois fragile, de multiples structures institutionnelles, complexifiée par la composition même du secteur et la diversité de ses données. Il a insisté sur le fait que la lutte contre la corruption dans le secteur du tourisme représente un enjeu stratégique majeur, capable d'influencer significativement le succès des politiques de lutte contre la corruption à l'échelle mondiale. Le président de l'Instance a également souligné que la structure du secteur touristique, par nature complexe, implique une pluralité d'acteurs — aussi bien nationaux qu'internationaux. De plus, les décisions d'investissement y sont étroitement liées à l'intervention de parties issues de domaines variés tels que l'immobilier, l'urbanisme, les services, le transport ou encore l'environnement, secteurs eux-mêmes fortement exposés aux indicateurs de corruption. Face à cette réalité, Benalilou a appelé les participants au forum à dépasser les formes traditionnelles de corruption connues dans le domaine du tourisme, pour parvenir à une compréhension plus approfondie des failles structurelles qui en permettent la propagation. Il a ainsi encouragé l'élaboration d'une analyse commune des points de vulnérabilité afin de mieux identifier les leviers d'action pour contenir les effets de la corruption. Dans ce sens, le président de l'Instance nationale a plaidé en faveur d'une approche globale et intégrée dans le traitement de la question de la probité et de la lutte contre la corruption dans le secteur du tourisme, affirmant qu'il « impératif d'adopter une approche englobante, intégrant pleinement le secteur touristique dans les stratégies de lutte contre la corruption, selon une vision claire capable de protéger l'écosystème touristique, de renforcer la confiance des investisseurs et des touristes dans l'offre touristique, et de faire de ce secteur un contributeur durable à l'objectif du développement ». Il a également mis en garde contre la complexité des procédures administratives et le large pouvoir discrétionnaire des autorités en matière de décisions d'investissement dans le domaine touristique, rappelant que ce secteur constitue une véritable locomotive pour les économies de nombreux pays, un moteur de croissance intégré à de nombreux plans de développement, ainsi qu'un espace d'échange des valeurs culturelles à dimension humaine. Benalilou a estimé que la mise en débat de cette thématique lors du forum constitue une avancée qualitative, permettant de compléter les normes internationales existantes par une lecture tenant compte des spécificités sectorielles. Il a qualifié cette initiative de fondement pour un changement de paradigme dans la lutte contre la corruption et le renforcement de la redevabilité au sein des pays membres de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), à travers l'élaboration de principes de haut niveau destinés à renforcer les efforts de prévention, de lutte contre la corruption et de promotion de la transparence et de la probité dans le secteur touristique. Il a également attiré l'attention sur l'importance de diffuser une prise de conscience collective quant à la gravité de la corruption dans le secteur touristique et à son effet délétère sur les opportunités d'investissement, le développement de l'industrie touristique et l'attractivité des destinations. Cette prise de conscience constitue, selon lui, une porte d'entrée stratégique pour garantir une gestion transparente des ressources et des biens publics, tout en protégeant le secteur contre les décisions d'investissement non justifiées ou relevant de conflits d'intérêts. En marge du forum, Mohamed Benalilou et la délégation l'accompagnant ont tenu plusieurs rencontres bilatérales, notamment avec le président de la Commission de contrôle et de lutte contre la corruption du Royaume d'Arabie saoudite, afin d'évaluer la mise en œuvre du plan d'action conjoint entre les deux institutions et de renforcer les liens de coopération et de coordination. Il a également échangé avec le président de la Commission maldivienne de lutte contre la corruption, dans l'objectif de poser les bases d'un partenariat tant bilatéral que multilatéral. Par ailleurs, il a participé à des séances de travail avec plusieurs responsables du Conseil consultatif de l'Union africaine contre la corruption et de l'Office du tourisme d'Irak. Il convient de noter que le forum s'est conclu par l'adoption d'un ensemble de recommandations destinées à garantir un développement éthique et durable du secteur touristique. Les quelque 190 participants, issus de 50 pays et organisations internationales, ont recommandé que la prochaine édition du forum se tienne au Royaume du Maroc.