Le refus de l'Espagne de s'aligner sur les nouveaux objectifs budgétaires de l'OTAN continue de faire réagir aux États-Unis. Dans les cercles proches de Trump, l'idée d'un transfert des bases américaines vers le Maroc est désormais publiquement évoquée. La posture exprimée par le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, lors du sommet de l'OTAN à La Haye, en refusant d'adhérer à l'objectif collectif de porter les dépenses militaires à 5 % du PIB d'ici 2035, a provoqué une onde de choc dans certaines capitales alliées, notamment à Washington. Tandis que les États membres ont validé cette trajectoire, avec 3,5 % destinés à la défense classique et 1,5 % à la résilience, Madrid campe sur une position plus modeste, plafonnant son effort à 2,1 %. Ce refus suscite des critiques grandissantes au sein des sphères américaines, et tout particulièrement dans les cercles proches de Donald Trump. Le président américain a ainsi qualifié la position espagnole de « très mauvaise » et a accusé le pays de ne pas faire sa part dans la répartition des charges au sein de l'Alliance. Lors d'une conférence de presse tenue après le sommet, il a menacé Madrid de représailles commerciales, affirmant que l'Espagne « acceptera, c'est garanti ». Dans la foulée, un ancien haut gradé de l'armée américaine a suggéré une option radicale : déplacer les bases stratégiques américaines situées en Andalousie vers le Maroc. Une pression militaire et symbolique Selon le journal ABC, le général à la retraite Robert Greenway a réagi publiquement en partageant les propos de Trump, et en ajoutant : « il est temps de transférer les bases de Rota et Moron... au Maroc ». Cette déclaration, bien qu'émise à titre personnel, émane d'un acteur influent : Greenway dirige aujourd'hui le Allison Center for National Security au sein de la Heritage Foundation, un think tank conservateur écouté dans les milieux républicains. Les bases de Rota (Cadix) et Moron (Séville) représentent des atouts majeurs pour les États-Unis dans la zone euro-méditerranéenne. Elles accueillent notamment des éléments clés du bouclier antimissile, des escadres aériennes et des forces de projection rapide. Leur localisation permet d'assurer des opérations en Afrique du Nord, au Levant, mais aussi dans le golfe de Guinée. Le simple fait que leur transfert puisse être évoqué publiquement traduit un changement dans le ton et dans la hiérarchie des priorités stratégiques américaines. Toujours selon ABC, cette sortie traduit aussi l'intérêt croissant que suscite le Maroc dans les cercles militaires américains. Rabat est perçu comme un partenaire fiable, disposant d'une stabilité politique, d'un environnement sécurisé et d'une coopération militaire active avec les États-Unis, notamment à travers les exercices African Lion. En cas de tensions persistantes avec Madrid, Washington pourrait être tenté de renforcer sa présence au sud du détroit de Gibraltar.