Le porte‐parole de l'exécutif, Mustapha Baitas, a esquissé, ce jeudi, à l'issue du Conseil de gouvernement, les contours d'une réforme qui fera date dans l'histoire judiciaire du Royaume. Devant la presse, le ministre a affirmé que l'entrée en vigueur de la loi 43‐22 relative aux peines alternatives marquera « un grand tournant dans la politique pénale nationale ». Une annonce lourde de sens qui traduit la volonté du Maroc de passer d'un modèle exclusivement répressif à une justice rénovée, humaniste et adaptée aux standards internationaux. « Le sujet des peines alternatives, comme vous le savez, est l'un des thèmes les plus importants », a insisté Baitas. Selon lui, il ne s'agit pas d'un simple dispositif juridique mais d'« une transformation majeure » qui s'inscrit dans le cadre des orientations royales visant à moderniser en profondeur le système judiciaire. Depuis plusieurs années, le Souverain appelle dans ses discours à repenser la politique pénale pour la rendre plus efficace et conforme aux droits fondamentaux. Cette loi s'inscrit pleinement dans cet esprit. Pour le porte‐parole du gouvernement, « les peines alternatives constituent une consécration claire des droits de l'Homme » et traduisent un choix politique assumé : faire de la politique criminelle un instrument au service du traitement des problématiques structurelles du système pénitentiaire, au premier rang desquelles la surpopulation carcérale. Le calendrier est désormais fixé : d'ici la fin du mois d'août, les dispositions de la loi 43‐22 seront exécutoires. Concrètement, nombre de justiciables et de condamnés pourront bénéficier de sanctions différentes de l'emprisonnement, qu'il s'agisse de travaux d'intérêt général, d'amendes ajustées, de restrictions encadrées ou de mesures de réhabilitation. Une innovation qui devrait alléger la pression sur les établissements pénitentiaires et offrir des solutions plus adaptées aux profils des condamnés. Adoptée après un vaste chantier législatif, la loi 43‐22 est également le fruit d'une harmonisation du cadre juridique marocain avec les conventions et recommandations internationales. « Ce texte est né de la nécessité d'adapter notre législation aux normes universelles en matière de droits de l'Homme et de lutte contre la criminalité », a rappelé Baitas, citant notamment les standards édictés par les Nations unies et les diverses instances spécialisées. Au‐delà de son volet technique, cette réforme porte un message politique clair : celui d'un Maroc qui refuse de s'enfermer dans une logique punitive obsolète et qui choisit de construire une politique pénale moderne, plus humaine et plus efficace. Elle consacre également l'idée que la sanction peut être un levier de réinsertion et non un simple outil de répression. Pour l'exécutif, il s'agit d'un « grand pas en avant » et d'une réforme appelée à inspirer d'autres chantiers de mise à niveau de l'arsenal juridique.