Pour la première fois, l'Organisation des Nations Unies célèbre officiellement la Journée internationale des femmes et des filles d'ascendance africaine. Dans une déclaration commune, plusieurs experts onusiens tirent la sonnette d'alarme : les femmes afrodescendantes continuent d'être invisibilisées et exposées à des formes multiples de discrimination. «Elles ont construit, protégé, soigné, transmis, souvent dans l'ombre», écrivent les signataires. De génération en génération, malgré l'esclavage, le colonialisme, le racisme, elles ont tenu debout leurs communautés. Elles ont maintenu vivantes les traditions, les langues, les mémoires de leurs peuples. «Leurs contributions ont [pourtant] été largement méconnues, négligées, tues et ignorées», insiste la déclaration. Le texte rappelle aussi les violences spécifiques qui pèsent sur elles : agressions racistes, misogynoir, harcèlement politique, violences sexuelles contre les migrantes, séparations familiales, discriminations dans l'accès à la santé ou à l'éducation. Les chiffres liés à la mortalité maternelle, aux grossesses précoces ou au décrochage scolaire restent également alarmants. «Leurs luttes ont été à l'avant-garde des mouvements pour la justice raciale», insistent les experts, mais les avancées ne doivent pas masquer les inégalités profondes qui persistent. Dans plusieurs domaines - emploi, logement, justice, climat, numérique - les femmes afrodescendantes sont encore tenues à l'écart. Leurs besoins sont peu pris en compte et leurs voix rarement entendues. Les auteurs demandent ainsi aux Etats de s'engager de manière réelle : politiques publiques ciblées, collecte de données précises, accès à des droits fondamentaux, reconnaissance des blessures du passé. Ils appellent aussi à placer les voix et le leadership de ces femmes au cœur des décisions. La déclaration est portée par des figures importantes de l'ONU : Michał Balcerzak (Comité pour l'élimination de la discrimination raciale), Joel M. Modiri (Groupe d'experts sur Durban), Martin Kimani (Instance permanente pour les personnes d'ascendance africaine), ainsi que Tracie L. Keesee, Víctor Rodríguez Rescia, Ashwini K.P. et Bina D'Costa.