Dans son «Atlas sectoriel 2025», Allianz Trade cartographie les risques qui pèsent sur 18 secteurs à travers 70 pays. Le Maroc s'y distingue par un profil résilient et équilibré, malgré les turbulences mondiales provoquées par les droits de douane américains, les tensions géopolitiques et les chocs climatiques. Les guerres commerciales et les politiques protectionnistes continuent de remodeler l'économie mondiale. Les droits de douane américains, en particulier, bouleversent les chaînes d'approvisionnement, entraînant des représailles et exacerbant l'incertitude. Dans ce contexte, Allianz Trade a publié son rapport annuel « Sector Atlas 2025 », qui révèle que la majorité des secteurs à l'échelle mondiale restent fragilisés : 45 % sont classés en risque moyen et 43 % en risque sensible, tandis que seuls 9 % bénéficient d'une notation faible. L'Asie demeure la région la plus sûre, alors que l'Amérique latine concentre les plus fortes vulnérabilités. Le Maroc, un profil résilient Selon Allianz Trade, le Maroc figure parmi les pays de la région Afrique/Moyen-Orient qui affichent une résilience notable. Aucun secteur n'y est classé en risque élevé. Quatre secteurs se distinguent par un faible risque : la pharmacie, l'agroalimentaire, les services informatiques et les télécommunications. Des filières qui confirment leur solidité grâce à une demande soutenue et à une transformation numérique accélérée. En revanche, dix secteurs sont classés à risque moyen, parmi lesquels l'automobile – première filière exportatrice du pays – mais aussi la chimie, l'énergie, le commerce de détail, les machines et équipements, l'électronique et les équipements de transport. Ces industries, stratégiques pour les exportations marocaines, sont confrontées à la hausse des coûts de production, à la dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs et à la concurrence internationale. Enfin, quatre secteurs sont jugés sensibles : la construction, le transport, le textile et les métaux. Le bâtiment reste fragilisé par le poids du financement et la cyclicité de la demande, tandis que le transport est directement exposé aux tensions géopolitiques et à la volatilité logistique. Quant au textile, il doit composer avec la réorganisation mondiale des chaînes d'approvisionnement et l'exigence croissante de durabilité de la part des donneurs d'ordre européens. Comparaison régionale avantageuse La position du Maroc apparaît d'autant plus robuste lorsqu'on la compare à celle de ses voisins et partenaires régionaux. L'Algérie compte neuf secteurs classés sensibles, tandis que l'Afrique du Sud affiche quatre secteurs à haut risque et sept sensibles. Dans ce panorama, le Royaume se démarque par une plus grande stabilité, même si des vulnérabilités demeurent. Tendances globales : entre opportunités et pressions À l'échelle internationale, Allianz Trade souligne que plusieurs secteurs stratégiques ont vu leur notation se dégrader au deuxième trimestre 2025. L'automobile, frappée par la montée des tarifs, la faiblesse de la demande et la concurrence des nouveaux entrants, en est le symbole. L'agroalimentaire, l'électronique, les machines, les métaux et même la pharmacie ont également subi des rétrogradations. D'autres filières continuent de bénéficier de tendances structurelles favorables, mais restent exposées aux aléas politiques et commerciaux : l'agroalimentaire porté par la demande mais vulnérable aux chocs climatiques, l'électronique dopée par l'IA mais fragilisée par la rivalité sino-américaine, ou encore l'énergie, en pleine transition entre renouvelables et hydrocarbures. Une économie mondiale à deux vitesses Enfin, le rapport pointe un écart marqué entre les deux rives de l'Atlantique. Aux États-Unis, les bénéfices du S&P 500 ont bondi de 12 % au deuxième trimestre 2025, tirés par la technologie et la finance, alors qu'en Europe, la progression plafonne à 4,3 %, freinée par un euro fort et l'impact des droits de douane. «Avec l'entrée en vigueur des droits de douane, les prochains trimestres révéleront si la dynamique américaine peut perdurer, compte tenu du choc imminent de la demande et de la contraction des marges. Ils révéleront également si l'Europe peut se renforcer à l'approche de meilleures perspectives en 2026», conclut Allianz Trade.