Les autorités marocaines ont interdit samedi, dans plusieurs villes, la première manifestation d'un collectif de jeunes baptisé "Génération Z 212", mobilisé pour réclamer une réforme du système éducatif et une amélioration des services de santé publique. L'intervention des forces de l'ordre a conduit à l'arrestation de dizaines de manifestants, relâchés progressivement par la suite. Des organisations politiques et de défense des droits humains ont dénoncé ces interpellations, estimant qu'elles portaient atteinte aux libertés fondamentales. La section jeunesse de la Fédération de la gauche démocratique a notamment fait état de l'arrestation de quatre de ses militants. Dans un communiqué, l'Association marocaine des droits humains (AMDH) a exigé une enquête "impartiale et urgente" sur les interventions policières, dénonçant un "usage excessif de la force". L'ONG a rappelé que la liberté d'expression et de manifestation pacifique constitue un pilier essentiel de l'État de droit. Sur le plan politique, Jamal El Aassri, secrétaire général du Parti socialiste unifié, a évoqué la possibilité d'un boycott des prochaines élections législatives. Selon lui, les événements de samedi traduisent une régression inquiétante en matière de libertés publiques : "Ces arrestations n'étaient pas justifiées et envoient un message clair de mise à l'écart de la jeunesse du champ politique". De son côté, l'ancien président de la Ligue marocaine pour la défense des droits humains, Mohamed Zhari, a dénoncé "un recul dangereux", pointant notamment l'arrestation de manifestants au moment où ils s'exprimaient devant la presse. Il estime que de tels agissements "ternissent l'image du Maroc à l'international". Le Parti de la justice et du développement (PJD) a également réagi en appelant l'exécutif à assumer ses responsabilités face à la détérioration de la situation sociale et à garantir l'accès aux droits fondamentaux, dont l'éducation, la santé, le logement et l'emploi. Le parti a exhorté les autorités à adopter une "approche sage" dans leur gestion des protestations et à libérer tous les jeunes arrêtés.