Le ministère de l'Intérieur s'apprête à procéder à plusieurs révocations concernant des dizaines de présidents de communes, à la suite d'audits ayant révélé de graves dysfonctionnements financiers et administratifs. Les enquêtes mettent en lumière des pratiques de corruption, de détournement de fonds publics et de monopole de marchés au détriment des citoyens. Plusieurs audits menés par l'Inspection générale de l'administration territoriale et la Cour des comptes ont révélé des anomalies graves dans plusieurs communes des régions Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Béni Mellal-Khénifra. Les investigations mettent en cause des présidents de communes, jusqu'alors protégés par des réseaux influents, dans des affaires de détournements de fonds, de manipulation de marchés publics et d'irrégularités fiscales. Selon des sources bien informées de Hespress, les inspecteurs ont relevé des soupçons de perception de commissions occultes par certains élus, la mainmise d'anciens responsables sur des marchés communaux, ainsi que des détournements impliquant des budgets liés aux carburants et aux salaires d'agents temporaires. Des cas de gaspillage de financements publics et de mauvaise gestion de projets d'investissements ont également été signalés, certains dossiers ayant déjà été transmis à la justice. Les enquêtes ont identifié le monopole de certaines entreprises sur les marchés communaux, souvent favorisées via des bons de commande utilisés comme outils de manipulation financière. Cette pratique a contribué à gonfler les coûts des services et à camoufler des détournements, révélant un réseau sophistiqué de corruption au sein de plusieurs conseils élus. Les audits ont porté sur des pratiques variées, notamment la délivrance de permis de construire irréguliers, la gestion contestable des terres communales, les atteintes aux biens des citoyens, ainsi que les pertes financières pour le Trésor public. En parallèle, les présidents de conseils concernés ont reçu des notifications de l'administration centrale pour répondre aux conclusions des rapports parallèles des chambres régionales des comptes, dans l'objectif de compléter les dossiers avant transmission au ministre de l'Intérieur et, le cas échéant, au parquet administratif. L'application de l'article 64 de la loi organique n° 14/113 confère désormais aux tribunaux administratifs la compétence de statuer sur les demandes de révocation, mettant fin à la seule tutelle de l'administration centrale. Il est à noter que cette réforme législative accélère les procédures et garantit que les élus soupçonnés de malversations soient suspendus en attendant la décision judiciaire.