À l'issue du septième congrès national, tenu le week-end dernier et marqué par l'élection de sa nouvelle direction, la Confédération démocratique du travail (CDT) a pris position sur la situation économique, sociale et politique dans notre pays. Dans un communiqué final, l'organisation syndicale a affirmé que les mouvements de protestation sociale et territoriale récents dans plusieurs provinces reflètent « une colère sociétale contre la gestion gouvernementale des politiques publiques », soulignant la nécessité d'un dialogue national sur les grandes orientations de l'État et du gouvernement. Dans un communiqué parvenu à Hespress FR, la CDT a insisté sur le fait que toute réforme politique globale doit passer par une révision constitutionnelle profonde, fondée sur un consensus national concernant la nature de l'État et la société souhaitée. Elle a, par ailleurs, critiqué le gouvernement pour avoir vidé le dialogue social de son contenu négociatif, limitant ainsi sa portée réelle. Pour le syndicat, « la construction d'institutions solides, dotées d'une représentation réelle reflétant la volonté populaire, capable d'exprimer librement les attentes de la société, est la clé du développement des richesses nationales et de leur répartition équitable ». Selon lui, ces institutions sont également essentielles pour renforcer la position du Maroc sur le plan régional et international. En outre, le syndicat souligne que l'instauration d'un climat politique apaisé passe par des mesures concrètes, telles que la libération des prisonniers politiques, des blogueurs et des journalistes activistes, afin de restaurer la liberté d'expression et de faire de la réforme démocratique un processus inclusif, à l'écoute de la société et ouvert à une participation citoyenne élargie. La CDT dénonce également ce qu'elle considère comme des restrictions aux libertés syndicales, telles que le licenciement ou le transfert de travailleurs à la création de bureaux syndicaux, le refus de reconnaître ces bureaux ou de délivrer les récépissés de dépôt. Le syndicat s'oppose en outre aux limitations du droit de grève qui entravent sa mise en œuvre, contraires aux conventions internationales. Sur l'égalité entre hommes et femmes dans le monde professionnel, la CDT appelle à « l'application effective de l'égalité dans tous les domaines du travail, y compris l'emploi, les salaires et la promotion », et demande la révision des lois discriminatoires ainsi que la réforme du système des relations professionnelles. Elle insiste sur la prise en compte des spécificités sanitaires et sociales des femmes et sur la mise en œuvre de politiques garantissant la protection de leurs droits économiques et sociaux, conformément aux conventions nationales et internationales, y compris la ratification de la Convention internationale 190 sur l'élimination de la violence et du harcèlement au travail. Dans le domaine social, le syndicat estime que la réhabilitation de l'école publique doit passer par la promotion du savoir comme garant d'une répartition équitable de l'apprentissage et d'une éducation ancrée dans les valeurs humaines. Elle souligne aussi que l'école doit jouer un rôle central dans la préservation de l'identité culturelle, historique et nationale, renforcer l'unité nationale, y compris la composante amazighe, et devenir un espace démocratique favorisant le libre choix et écartant les conflits idéologiques. Concernant le programme de protection sociale, la CDT souligne que, dans sa forme actuelle, il n'a pas atteint ses objectifs et reste en deçà des promesses et des standards internationaux. La faiblesse des infrastructures sanitaires, la détérioration des services, la hausse des coûts des soins et des médicaments, ainsi que la marchandisation du droit à la santé, révèlent les limites d'une approche gouvernementale jugée sélective et excluante. Le syndicat rappelle que le droit à la protection sociale n'est pas une aide ponctuelle, mais un droit humain fondamental et un pilier de la justice sociale. Il appelle à une réforme complète du système de santé publique, à la préservation de sa gratuité, à la mise en place d'un régime unique couvrant tous les risques définis par les conventions internationales, basé sur la solidarité, la justice et la durabilité, et à faire du dialogue social un cadre obligatoire pour définir les politiques de protection sociale. La CDT dénonce également « la gestion unilatérale et arbitraire du gouvernement, qui perpétue l'exploitation et soumet l'économie marocaine à des intérêts privés contraires au développement national et à la justice sociale ». Le syndicat souligne que l'institutionnalisation d'un dialogue social tripartite n'est pas une simple formalité, mais « une pierre angulaire pour un contrat social durable, garantissant l'équilibre des relations professionnelles et le respect du rôle des syndicats dans l'élaboration des politiques publiques ». Selon la CDT, le dialogue social doit s'appuyer sur des institutions permanentes, avec des périodicités régulières et des mécanismes clairs de suivi et d'exécution, afin que la négociation devienne un cadre contraignant et que les syndicats participent pleinement à l'élaboration de toutes les politiques publiques ayant un impact social, ainsi qu'aux questions liées au travail, au revenu, à la protection sociale et à la transition équitable.