À l'issue d'une évaluation conduite à l'automne 2025, le Fonds monétaire international dresse un diagnostic global de l'administration fiscale marocaine. Le rapport confirme une mutation structurelle engagée depuis plusieurs années, portée par la digitalisation et la gestion des risques, tout en mettant en évidence des fragilités persistantes qui limitent encore l'efficacité et l'équité du système. Dans un contexte macroéconomique marqué par un ralentissement de la croissance en 2024, établie à 3,2 % sous l'effet du repli de la production agricole, la Direction générale des impôts (DGI) a néanmoins consolidé sa capacité de mobilisation des recettes. Les encaissements fiscaux ont atteint près de 344 milliards de dirhams, représentant plus de 21 % du PIB, un niveau que le FMI associe directement aux réformes structurelles mises en œuvre depuis 2018. Cette performance a contribué à contenir le déficit budgétaire autour de 4 % du PIB et à préserver la soutenabilité de la dette publique, légèrement supérieure à 70 % du PIB, avec une trajectoire de repli progressive à moyen terme. Le rapport souligne que cette évolution repose avant tout sur une transformation en profondeur des méthodes de travail de l'administration fiscale. La généralisation des téléprocédures a profondément modifié la relation entre l'État et les contribuables, avec une très large majorité des déclarations et paiements désormais effectués par voie électronique. Cette digitalisation massive s'est accompagnée d'un repositionnement stratégique vers une logique de service, visant à encourager le civisme fiscal volontaire et à réduire les coûts de conformité. Le FMI relève également les efforts déployés pour améliorer l'accès à l'information fiscale et l'assistance aux contribuables, à travers une panoplie d'outils numériques et de canaux de communication. Sur le plan opérationnel, l'élargissement de l'assiette fiscale constitue un autre axe central des réformes. L'administration a mis en place une démarche structurée de collecte et de recoupement de données, mobilisant des sources multiples pour identifier les contribuables non enregistrés et renforcer la conformité. Cette stratégie est étroitement liée à la modernisation de la gestion des risques, désormais centralisée et fondée sur l'analyse avancée des données. Le Système de recoupement et d'analyse des données permet de hiérarchiser les risques de non-conformité et de cibler les contrôles fiscaux sur les dossiers à fort enjeu, conformément aux bonnes pratiques internationales évaluées à travers l'outil TADAT. Le FMI salue par ailleurs la capacité de la DGI à contribuer de manière régulière et structurée aux prévisions de recettes de l'État. Le suivi mensuel des encaissements, l'anticipation des remboursements de TVA et l'utilisation de systèmes comptables automatisés renforcent la crédibilité de la programmation budgétaire et la transparence des finances publiques. Malgré ces avancées, l'évaluation met en évidence plusieurs faiblesses persistantes. Les taux de déclaration dans les délais restent inférieurs aux standards internationaux pour une large partie des contribuables, en dehors du segment des grandes entreprises. Le stock d'arriérés fiscaux demeure élevé, en grande partie constitué de créances anciennes et difficiles à recouvrer, ce qui pèse sur l'efficacité globale du système. Le processus de remboursement de la TVA continue également de souffrir de délais prolongés, liés à des obligations de vérification systématique. Enfin, le rapport souligne les limites du dispositif de règlement des litiges fiscaux, marqué par un recours marginal aux procédures contentieuses formelles et par des délais de traitement jugés excessifs, appelant à des réformes ciblées pour renforcer la sécurité juridique et la crédibilité du système fiscal.