Les pharmaciens s'indignent contre la loi qui réglemente les classements des médicaments et qui date de 1922. Ils se soulèvent également contre l'appellation donné aux médicaments des maladies psychiatriques, surnommé par la plupart « Karkoubi » et mettent les points sur les « i » quant aux ordonnances. Le syndicat des pharmaciens de Casablanca a organisé une rencontre, avec des professeurs en neurologie et des experts des maladies psychiatriques, pour discuter des différents médicaments prescrits aux patients ayant des troubles mentaux ou psychiatriques, dépression, angoisse…, qui ne sont pas « Karkoubi », comme les surnomme la plupart, mais un traitement prescrit par un médecin à un patient. Dans ce sens, les pharmaciens réclament une réforme de la loi portant règlementation sur l'importation, le commerce, la détention et l'usage des substances vénéneuses, qui date de 1922, et qui laisse le pharmacien « entre le marteau et l'enclume » comme affirmé par Dr Oualid Amri, Président du syndicat des pharmaciens de Casablanca, dans une déclaration à Hespress Fr. « Tout d'abord, l'appellation de ces médicaments est: les médicaments pour les maladies psychiatriques. C'est une maladie de société aujourd'hui ? Pourquoi quand on parle de l'asthme ou de diabète, maladie cardiovasculaire, on dit que c'est une maladie chronique. Pourquoi, parce ce que ça touche l'autre partie de l'organisme qui n'est pas la base, la tête. Aujourd'hui tout ce qui est pris quand il est anxieux et angoissé et qui passe par une période difficile qui perd quelqu'un dans sa famille, il est obligé de prendre des calmants, des antidépresseurs. Cela ne veut pas dire qu'il est drogué ou qu'il prend du « karkoubi », a expliqué Dr Amri à Hespress Fr. Ce que les pharmaciens souhaitent transmettre aujourd'hui comme message à l'opinion publique sur ces médicaments-là, poursuit notre interlocuteur, est qu' »il y a des patients qui aujourd'hui à force d'entendre parler de karkoubi de drogue, ils ont peur et le pharmacien aussi, puisqu'on a une loi qui date de 1922, depuis le protectorat, qui ne les protège pas du tout« , souligne-t-il. Entre le marteau et l'enclume Et d'ajouter, qu'aujourd'hui le pharmacien et « entre le marteau et l'enclume« . » Si moi je ne donne pas au patient le médicament pour son enfant atteint d'épilepsie, parce qu'il n'a pas eu le temps de renouveler l'ordonnance, ou que s'est tombé avec le week-end, son enfant risque une crise d'épilepsie. Est-ce qu'on lui donne la boite ou pas ? En tout cas on est passible d'aller en prison si on lui donne la boite. Il y a aucune loi qui nous défend » précise-t-il. Toutefois, Dr Amri est revenu sur un point important. Dans la plupart du temps, les médicaments sont donnés sans ordonnance, comme par exemple pour la maladie d'asthme, de diabète et autres, ce qui est « normalement » illégal. « Pour le patient diabétique, s'il oublie de renouveler son ordonnance, on lui donne son insuline. Le malade qui est cardiaque, la même chose. Aujourd'hui, les psychotropes «karkoubi» sont des produits qui viennent d'Algérie et il ya des mafieux qui en profitent pour les vendre. C'est un problème sociétal qui n'a rien avoir avec les médicaments destinés aux maladies psychiatriques, et ça n'a rien avoir avec les pharmacies« , affirme Dr Amri. Interrogé, sur la solution que proposent aujourd'hui les pharmaciens aux autorités, société civile, pour organiser le secteur, Dr Amri souligne tout d'abord que le ministère de la Santé est absent de ce débat « malheureusement« , et laisse les associations et la société civile agir dans ce sens, sans « se soucier des problématiques sociétales quotidiennes, comme le cas de ses médicaments de maladies psychiatriques, qui sont devenus une phobie pour les pharmaciens, qui ne veulent plus vendre ses produits, parce qu'il se retrouve après devant la justice« . Mais qu'ils n'ont malheureusement pas le choix puisqu'il y a des malades qui en ont besoin. Pour une ordonnance sécurisée « On veut qu'il y ait une ordonnance sécurisée. C'est a dire: si on prend les stupéfiants, morfine etc, à travers une ordonnance remise par le ministère de la santé avec numérotation, qui reste chez le grossiste et chez le médecin etc. Eh bien qu'il fasse la même chose. Est-ce qu'on peut se permettre après le traitement, en attendant que le patient parte chez le médecin, est ce qu'on rajoute une boite en attendant qu'il n'arrête pas sa boite et son traitement. Parce que, dans des cas extrêmes, il y a des patients qui sont capables de faire du mal aux gens, à leurs proches s'ils ne prennent pas leurs médicaments« , explique Dr Amri. Pour conclure, Dr Amri a mis l'accent sur l'importance de faire la différence entre les psychotropes « Karkoubi », et les médicaments pour les maladies psychiatriques. « On ne nie pas qu'il y a des psychotropes, qu'on appelle Karkoubi, qui viennent de l'Algérie, qui n'ont absolument rien avoir avec les médicaments prescrits par les médecins. Aujourd'hui on parle du patient qui va à la pharmacie à l'hôpital, chez son médecin. Toutefois, il faut voir les ordonnances qui nous viennent des hôpitaux publics, c'est une catastrophe? Il n'y a ni numéro de téléphone, ni portable, ni rien. Et le pharmacien est à la merci d'une loi qui date de 1922, et on est la merci d'une décision qui date d'un juge. Des fois on est convoqué au commissariat où ils ne font pas la différence entre ces médicaments pour les maladies psychiatriques et le karkoubi ». Déterminé à faire face à cette problématique « sociétale », le syndicat des pharmaciens de Casablanca propose de lancer un débat national auquel toutes les parties prenantes y participent, à savoir, les autorités, la société civile, les médias, les médecins, laboratoires et d'autres parties dans le but d'éclairer l'opinion publique sur ses médicaments-là. « Ce qu'on demande aujourd'hui, c'est une collaboration avec les parties concernées, pour trouver une solution pour les patient atteints de ces maladies, puisqu'ils sont nombreux au Maroc, qui ont besoin de traitement« , conclut Dr Amri.