C'est une petite guéguerre qui s'amplifie et prend de l'ampleur entre les médecins du public de Tiznit et le délégué régional du ministère de la santé. Le syndicat indépendant des médecins du public (SIMPM) avait déjà annoncé la suspension de Dr. Farid Qasidi, médecin gynécologue au sein de l'hôpital provincial Hassan I de Tiznit, suite à un rapport « fabriqué de toutes pièces » rédigé par le délégué régional du ministère. Contacté par Hespress Fr, le délégué du ministère, Dr Khalid Moutaki, avait confirmé « qu'il y a bien un rapport, qui a été rédigé par la hiérarchie de Dr Farid Qasidi, également secrétaire général du SIMP à Tiznit, notamment le directeur de l'hôpital provincial Hassan I, et qui a été remonté à la direction régionale puis au ministère de la santé à Rabat, suite à quoi, le médecin en question a été suspendu ». Parmi les raisons invoquées dans ce rapport « fabriqué de toutes pièces » selon le syndicat, le fait que le gynécologue en question ait quitté son poste pendant ses heures de travail en laissant 4 patientes en attente et sans donner de consignes à son équipe, qu'il ait refusé d'assister une femme enceinte pendant sa garde avant de la renvoyer vers l'hôpital régional d'Agadir, outre l'absentéisme excessif et non justifié. Des accusations que le syndicat rejette catégoriquement et affirme « détenir des preuves qui démentent sces accusations à l'encontre de Dr Qasidi qui a rejoint l'hôpital de Tiznit depuis 18 mois déjà ». Par ailleurs, le syndicat souligne qu'il s'agit d'un « règlement de compte », puisque Dr Qasidi a commencé « à poser des questions qui n'ont pas été au goût du délégué« . Parmi ses questions, il y a une affaire de « favoritisme » à l'égard d'un médecin spécialiste en radiologie qui « n'assure pas ses gardes à l'instar des autres médecins qui n'en peuvent plus des gardes (astreinte) abusives« , nous explique Dr Abdelali Lwahid, secrétaire régional du SIMSP de la région de Souss Massa. Selon le syndicat, le secteur de la santé à Tiznit pâtit d'une « anarchie endémique« , en raison de « la mauvaise gestion du délégué du ministère de la santé« . Notre interlocuteur, nous explique pareillement que Dr Qasidi avait présenté un dossier médical au délégué du ministère qui atteste de son état de santé « dégradante à cause justement des gardes abusives et de son incapacité, avec toute cette pression, d'exercer son métier correctement, voire même qu'il peut constituer un danger pour les patients« . Dans ce bras de fer qui oppose le délégué du ministère de la Santé de Tiznit au syndicat indépendant des médecins du public, le verdit sera bientôt rendu par le conseil de discipline et le tribunal administratif qui tranchera dans cette énième affaire qui secoue le secteur de la santé. Et de deux à Tiznit Cette affaire n'est pas la première qui oppose les médecins du public à Tiznit à leur hiérarchie et à la délégation régionale. Quasiment à la même époque l'année passée (2018), un autre bras de fer opposait Dr Mehdi Chafai, ce chirurgien pédiatrique qu'on surnommait « médecin des pauvres », qui a fini devant les tribunaux, qui ont en fin de compte, condamné Dr Chafai à 20.000 dh de dédommagement au profit du plaignant, Abdellah Hmaïti, médecin chef de l'hôpital provincial de Tiznit et à une amende de 10.000 dh. Abdellah Hmaïti avait déposé plainte pour « injures et diffamations » et réclamait des dommages de 80.000 dh. Dans une vidéo publiée après le jugement, Mehdi Chafai avait affirmé qu'il s'attendait à « un montant plus important » et que cette condamnation est plutôt « le prix qu'il paye parce qu'il défend le droit des citoyens à accéder à un service de santé de qualité (...) ». Il a, également, assuré que « sa lutte contre la corruption à l'hôpital n'est pas finie car c'est une question de principe ». « Le ministère de la santé ne pourra pas étouffer ma voie après avoir fermé l'œil sur la gangrène qui ronge les hôpitaux du royaume », avait-il ajouté.