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Le MUR tient son congrès : La rupture avec le PJD instituée
Publié dans La Gazette du Maroc le 07 - 11 - 2006

Longtemps, le PJD a été pour Le Mouvement Unicité et Réforme, ce qu'est le parti travailliste est pour le syndicat : la base et le prolongement. Depuis que le parti islamiste convoite les Marocains, les temps semblent changer. Paradoxalement, il n'en faut pas moins chercher dans les «convulsions du MUR, la destinée du PJD». Le congrès tenu le week-end dernier est riche en enseignements. Parcours.
Dix ans déjà ! Voilà, effectivement une décennie que le mouvement Unicité et Réforme, (Attawhid walislah) a vu le jour. Né de la fusion de la Ligue du Futur islamique, animée pas Ahmed Raissouni et harakat alislah, tendance issue des anciens de la chabiba islamya de Mouttii, le MUR s'est revendiqué de «l'Internationale islamiste», les frères musulmans, avec au début une jalousie religieuse pour la spécificité marocaine.
Beaucoup d'eau, et d'encre aussi a coulé depuis ces temps-là. La mutation, aussi latente qu'inévitable est vécue différemment, selon qu'on la voit sous l'angle politique ou de prédication.
Arrêt sur image : le week-end dernier tout le gotha, et figures en vue du PJD étaient présents, et voire congressistes. On se croyait aux cinquièmes assises du parti de Saadeddine Othmani, pourtant bien des fossés partagent désormais les deux bords de l'islamisme légaliste marocain. On est loin des ferveurs et des imbrications des années 90 lorsque le MUR a choisi la fusion avec la coquille vide du mouvement du Dr Alkhatib. Politiquement payante et réussie, la tactique a cependant imposé des clarifications pas toujours dans la douceur. Il y a eu, d'abord le 16 mai : devenues bêtes noires de la politique marocaine, les islamistes ont dû affronter la houle et l'animosité publique et des élites. Il fallait faire preuve de beaucoup de tact, de patience et de souplesse. Là, il faut en convenir, les barbus de la couronne ont su se plier jusqu'à ce que la tempête passe! Ensuite, il y a eu le mal de tête d'Ahmed Raissouni.
Père fondateur, et grand polémiqueur devant le Seigneur, l'ancien chef du mouvement a dû essuyer un tir croisé et une désapprobation émanant de son propre camps. Pour cause : il a jeté un pavé dans la marre en mettant en doute la capacité de SM le Roi Mohammed VI en matière de Fetwa. Il n'en a pas fallu plus pour que le mouvement le renvoie jouer la cheville ouvrière de la DAAWA en …… Arabie Saoudite. Etêté, le mouvement se démarque de la passion politique et laisse les coudées franches à ses membres politiciens.
Ingénierie
Le choix du nouveau président, Mohamed Hamdaoui est révélateur. Moins académique, plutôt clean et pratique, il saura marquer le nouveau parcours du MUR : moins de polémique et surtout beaucoup de pragmatisme. Ingénieur agronome, Hamdaoui est choisi pour son sens d'organisation certes ; mais aussi pour opérer une rupture qu'il qualifie lui-même de distinction des parcours. Elle est triple. Et elle a besoin d'un architecte d'abord, car le premier niveau est celui de l'appareil. Déjà au congrès dernier, les têtes politiques ont été priées de quitter la hiérarchie du Mouvement, et seule la casquette daawie est tolérée, d'autant plus que toutes les critiques dont le PJD fait objet lui viennent de l'osmose théoligico-organisationnelle à prix fort. Rappel : les chioukhs de la Salafiya, Mohamed Fizazi, et Mustapha Haddouchi et autre hassan Kettani trouvaient asile chez les plus zélés du mouvement et ont été, ouvertement défendus par ses ténors. Or aucun des avocats en vue, politiquement s'entend dont même le tonitruant Ramid, n'est venu à leur rescousse après l'arrestation et le procès. La politique a ses raisons que la Daawa ne connaît pas toujours. On en arrive donc à une autre rupture que l'ingénieur appelle de ses voeux : elle est politique. Dans une interview accordée à son organe Attajdid, le président du MUR n'y va pas par quatre chemins : la mystique finit certes par devenir politique, mais il est grand temps, estime-t-il de faire la part des choses. Un objectif un peu difficile, il faut en convenir, car dans la sphère islamiste la politique se respire dans la prédication ! Un exemple de taille : le mémorandum publié par le MUR suite aux déclarations de Nadia Yassine. A l'époque, même les plus sceptiques ont été surpris par la célérité et la véhémence avec lesquelles le Mouvement Unicité et réforme a répliqué à la fille du cheikh Yassine. Dans un communiqué rendu public, les amis de Hamdaoui «ont réitéré leur attachement à la monarchie, basée sur la Commanderie des croyants». Une petite phrase, qui vaut son pesant en histoire et qui, dans la relation entre les islamistes du PJD et ceux d'Al Adl Wal Ihsane, a tracé une ligne de démarcation. Pour la petite histoire, Raissouni, pourtant réputé tendre avec les « frères », avait tracé le chemin. Au moment où il était président, le MUR avait réagi, non sans fermeté, au fameux mémorandum d'Abdeslam Yassine adressé à «qui de droit». L'universitaire qui avait d'abord attiré l'attention par sa causerie religieuse devant S.M le Roi un certain Ramadan, avait également trouvé, dans une interview accordée à MHI, le «mémorandum très dur à l'adresse de S.M Mohammed VI». le style par certains côtés peut être choquant et attentatoire à la personnalité du Roi défunt et plus gênant pour S.M le Roi», explique-t-il. Et d'ajouter : «le mode d'interpellation est discourtois». Ou encore : «il est difficile d'envoyer un mémorandum au Souverain dans le même style de la lettre de Yassine à Feu Hassan II en 1974».
Cette démarcation en dit long sur les visions et la stratégie du MUR qui, faut il le rappeler, rejette tout bras de fer avec le pouvoir.
La troisième distinction, est celle du contenu de la Dauoa, en d'autres termes, préférer le travail pédagogique et social à l'activisme politique laissé pour les autres. A ce niveau-là, l'enchevêtrement est total entre politique, culture et projet de société rituelle. Le PJD a failli vivre une veillée d'armes, au moment ou son Secrétaire général avait déclaré que son parti n'est pas un parti religieux ! Que nenni avait rétorqué Raissounni : «le modèle turc n'est pas transposable» avait-il asséné ! Tout un programme. Depuis, les politiciens ont, semble-t-il, su imposer leur logique, et c'est dans la même ligne si l'actuel congrès sort du sentier de Raissouni et officialise la rupture. D'ailleurs, les muristes auront à tuer le père même si Freud, l'inventeur du patricide thérapeutique est mal vu par les barbus.


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