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Le métier à tisser africain en panne : LE SECTEUR DE LA CONFECTION AFRICAINE PEUT-IL SURVIVRE À LA CONCURRENCE ASIATIQUE ?
Publié dans La Gazette du Maroc le 23 - 07 - 2007

Àl'usine de Shinning Century à Maseru, capitale du Lesotho, ce minuscule royaume africain montagneux, une armée de 1.500 ouvriers, dont la plupart sont des femmes, s'activent sur des machines à coudre de travail et de grandes piles de tissus. Elles fabriquent des T-shirts et les tricots en laines, destinés à être vendus dans les magasins américains de Gap et Old Navy. Le Lesotho, totalement enclavé dans l'Afrique du Sud, produit également des jeans pour des marques telles que Levis Strauss.
Le textile est l'unique secteur qui marche dans ce pays pauvre de 1,8 millions d'habitants. Il emploie plus de 45.000 personnes. Le Lesotho vivait jadis du travail de sa main-d'œuvre des mines sud-africaines. A présent, c'est le plus grand exportateur africain de vêtements vers les Etats-Unis. Il a acheminé l'année dernière vers les E-U, quelque 385 millions de dollars de textile-habillement. Comme les îles Maurice, le Madagascar, le Kenya et d'autres pays africains, le Lesotho voit dans l'habillement, un moyen de se développer, se diversifier et créer des emplois. Mais la question se pose de savoir, si le commerce du textile de l'Afrique sub-saharienne peut survivre à la concurrence asiatique ?
L'industrie du textile moderne du Lesotho a débuté vers la fin des années 1980 par les investisseurs étrangers qui voulaient contourner les sanctions imposées à l'Afrique du Sud, tout en profitant de ses bonnes infrastructures routières et portuaires, pour exporter leurs produits. Aujourd'hui la majeure partie de la quarantaine d'usines de confection du Lesotho sont taiwanaises. Jennifer Chen, propriétaire taiwanaise de la Shinning Century, s'est installée dans le pays en 1989. A présent, elle parle Sotho et est devenue une citoyenne du pays.
En dehors de l'Afrique du Sud, où elle a une base solide, le secteur africain de la confection se fonde fortement sur l'accès préférentiel du marché. Elle a vraiment décollé, uniquement après que les Etats-Unis ait adopté l'African Growth and Opportunity Act (AGOA) ou Loi pour la croissance et les opportunités africaines en 2000. Ce texte offre des exonérations douanières et des quotas illimités aux exportations de certains pays africains vers les Etats-Unis. Cela a été une bouée de sauvetage pour le textile fabriqué en Afrique, dont 1,3 milliard a été vendu aux Etats-Unis en 2006. Les ministres africains et américains se sont réunis cette semaine au Ghana pour le forum annuel de l'AGOA. Le secteur a souffert de l'expiration en fin 2006, des accords multifibres, qui ont limité les exportations de textile chinois, vers les pays riches. En ce moment, il y avait également des doutes sur le temps que l'Afrique serait capable de maintenir le libre accès sous le régime de l'AGOA pour les habits fabriqués à partir de tissu en provenance de l'extérieur de la région. Au Lesotho la surévaluation de la devise locale, ancrée au rang sud africain, a fait empirer les choses. Plusieurs usines ont fermé et quelques 10.000 emplois ont été perdus. Les affaires reprennent de nouveau, avec les nouvelles restrictions des importations chinoises, les exonérations fiscales du gouvernement et des incitations pour attirer les investissements directs étrangers. Les nouveaux investisseurs venus d'Afrique du Sud et de la Chine continentale se sont établis au Lesotho, augmentant l'offre de textile disponible.
Mais le futur est incertain. Les quotes-parts américaines, européennes et sud-africaines sur les exportations chinoises sont susceptibles d'être supprimées dans les prochaines années. L'organisation mondiale du commerce a également décidé que les pays riches devraient étendre l'accès préférentiel à tous les pays pauvres d'ici 2008 et pas seulement aux africains. Et le Lesotho se base fortement sur les Etats-Unis, qui achète environ 85% de sa production, parce que l'Europe exige que les pays produisent les tissus localement afin de les qualifier pour l'accès préférentiel. D'ici 2012, l'AGOA exigera la même chose. Le Lesotho a seulement une unité de tissage, qui fabrique du denim. Ainsi il importe beaucoup de tissu, principalement de Chine. Que peut faire l'Afrique pour sauvegarder son industrie textile ? Mme Chen explique qu'en établissant plus d'unité de tissage au Lesotho aiderait considérablement à réduire les délais de fabrication et les frais de transport. Le Madagascar et les îles Maurice ont déjà intégré leur chaîne d'approvisionnement et produisent maintenant une partie de leur propres fibres et tissus.
Améliorer la productivité
Une meilleure coopération entre les pays africains pourrait également renforcer l'approvisionnement en textile dans la région, sans que chaque pays ne soit obligé de construire des unités de filature et tissage. La Andrew Salm de la ComMark Trust, une unité financée par l'Agence gouvernementale britannique pour l'aide au développement qui travaille avec l'industrie textile du Lesotho, croit également que l'Afrique pourrait favoriser le coton bio, un produit de meilleure qualité qui exige des prix plus élevés. Le Swaziland, un autre pays minuscule enclavé dans l'Afrique du Sud, étudie la possibilité de produire du coton bio organique pour soutenir son propre secteur textile. Les producteurs africains doivent également améliorer la productivité. Attirés par la main d'oeuvre bon marché, les investisseurs de l'Ile Maurice se sont délocalisés au Madagascar, et les compagnies sud-africaines d'habillement ont investi au Lesotho. Pourtant à environ 100 dollars par mois, les salaires de base du Lesotho sont au moins cinq fois plus élevés que ceux du Bangladesh, et deux à trois fois plus élevés que ceux de la Chine. Si la productivité peut être améliorée, les salaires plus élevés peuvent ne plus être nécessairement un handicap. Le Lesotho veut se vendre comme destination «éthique» chez les distributeurs américains et européens qui veulent éviter les accusations d'être des magasins qui exploitent de pauvres travailleurs. Le pays a adopté des normes de l'Organisation internationale du travail ; ses lois et pratiques sont relativement décentes ; les syndicats y sont autorisés. Les conflits sociaux sont moins fréquents qu'ils étaient il y a une décennie.
Aidé par les donateurs étrangers, le secteur a également lancé un programme pour combattre le VIH/SIDA, qui selon ComMark affecte au moins un tiers des ouvriers les plus qualifiés, alors que le taux d'infection national est de 23%. L'initiative, qui offre la prévention et le traitement gratuit, a été lancée en 2006 avec Bono, une star de rock irlandaise et est sponsorisée par les acheteurs américains. Pour survivre, explique Thabo Mohaleroe de l'association des exportateurs de textile du Lesotho, les usines de textile devront également investir le haut de gamme, abandonnant petit à petit la production en série à faible marge. Ceci signifiera qu'il faut offrir des finitions plus affinées sur les produits existants tels que les T-shirts et les jeans, et produire des vêtements plus compliqués. En attendant, le textile du Lesotho et du reste du continent devra être soutenu par le traitement préférentiel.
Traduction : Mar Bassine Ndiaye
Cet article paraît à la même date dans la Gazette du Maroc et The Economist
The Economist Newspaper Limited,
London, 2007.


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