L'Istiqlal est un parti conservateur marqué par les valeurs de l'Islam, ce qui expliquerait en partie son relatif succès. Pour ce qui est de l'USFP et le PPS, on insiste sur le mot socialiste. Vu de loin, la deuxième force politique élue du pays, le PJD serait exclu, l'opposition étant considérée comme sa vocation. la veille de la formation d'un nouveau gouvernement qui sera théoriquement issu de la majorité parlementaire, les spéculations vont bon train. Pourtant, les prévisions vont dans le même sens. Ce sera une formation autour de la Koutla qui est composée de l'Istiqlal, l'USFP, le PPS, l'OADP ayant fait d'autres options. Il n'y a aucune référence qui permette d'envisager que l'équipe sera formée avant ou après la réunion du Parlement. Il n'est pas inutile de rappeler ce qu'est et ce que représente la Koutla. C'est ni plus ni moins le mouvement national qui a combattu victorieusement le protectorat et qui avait éclaté en 1959, le PPS étant un parti à part sous une autre appellation. Ce rappel historique a son importance parce qu'un mouvement doit se constituer en parti pour gouverner. Ce sont les contradictions au sein de ce parti, les conservateurs et les progressistes qui ont abouti à l'éclatement. Mais peu avant, il était réclamé avec véhémence la constitution d'un «gouvernement homogène», c'est-à-dire avec le seul parti issu du mouvement national. Le temps a passé, et il semble que chacun pense qu'il faut faire avec ce qu'on a –cela devient comme les jeux olympiques, l'essentiel est de participer. On constate cependant que les contradictions d'antan sont aggravées par la présence du PPS. Il est évident que la Koutla n'est pas un parti, mais une alliance –contre qui ?- ou une coalition, pour faire quoi ? Ces trois partis viennent d'horizons différents. L'Istiqlal est un parti conservateur marqué par les valeurs de l'Islam, ce qui expliquerait en partie son relatif succès. Pour ce qui est de l'USFP et le PPS, on insiste sur le mot socialiste. Les historiens étudieront ce que le socialisme a apporté au Maroc depuis «l'alternance». Tous ces partis, en tout cas, ont adopté l'économie de marché. Ce n'est plus scandaleux depuis que la Chine de Mao a inventé le communisme libéral. Il est loin le temps où Louis Aragon chantait «La Chine s'est mise en commune». En tout état de cause, ces partis ne disposent pas à eux seuls d'une majorité parlementaire. Il leur faudra donc nécessairement une alliance supplémentaire, celle qui va de soi, l'alliance avec le Mouvement populaire, et peut-être aussi de quoi faire l'appoint. Vu de loin, on ne comprend pas. La deuxième force politique élue du pays, le PJD serait exclu, l'opposition étant considérée comme sa vocation. Ce serait injuste et mal-habile. Il est évident que le Parlement est constitué de telle sorte que plusieurs gouvernementales sont possibles tant il est évident que plusieurs majorités sont possibles. Peut-être qu'à la parution de ces lignes, les contours du gouvernement se dessineront après la nomination par le Souverain de Abbas El Fassi à la tête du gouvernement. Comme on ne voit pas très bien ce qui sépare l'Istiqlal du PJD, étant tous deux attachés aux aspects religieux et à l'économie de marché, on ne voit pas pourquoi ils ne siègeraient pas côte à côte, étant entendu que les autres partis de la Koutla se sont ralliés depuis longtemps au libéralisme. Par ailleurs, aucun parti n'a un projet de société. Il s'agit de gérer ce qui a été décidé et qui est en cours de réalisation. L'orientation économique est connue, de même que la politique étrangère. On dit, que le PJD s'inspire de l'expérience turque. C'est ignorer la situation particulière de la Turquie. Dans ce pays, la laïcité est garantie par l'armée. En outre, il est membre de l'OTAN et ses soldats peuvent se trouver dans des pays musulmans. Puis, ce qui frappe davantage, c'est que l'armée turque manœuvre régulièrement avec les troupes israéliennes. Autant d'éléments fondamentaux qui séparent les deux PJD. On ne voit donc pas pourquoi des dirigeants du PJD n'auraient accès à tous les attributs que donne l'Etat à un ministre, une villa de fonction avec du personnel de maison, une voiture de fonction avec chauffeur, un chaouch pour emmener les enfants à l'école, etc… L'exclusion alimente la frustration qui ne fera qu'engendrer des durcissements. Ce serait intéressant, si cela arrivait, de savoir comment expliquerait un ministre PJD la hausse des prix et le gel des salaires. Il répondrait sans doute que c'est un héritage. Et un héritage c'est sacré.